Les Fils de Quel'Thalas
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[Récit] La guérison

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[Récit] La guérison Empty [Récit] La guérison

Message  Aglaë Mar 16 Mar 2010 - 11:30

(voici deux textes que j'avais écris il y'a quelques temps, suite à quelques évenements importants du bg de ma mage dans WoW. Le tout a été un peu remanié et ré-adapté afin que ça rende un peu plus cohérent ou compréhensible. Pour mieux comprendre ces deux récits et l'origine de la "maladie", se reporter ici: https://quelthalas.forumactif.com/les-archives-de-la-citadelle-f16/historique-de-personnage-aglae-t1694.htm . En espérant que ça saura intéresser un peu Smile ).

(partie 1: la décision)

***************

La nuit tombait sur la ville, alors que progressivement, des étoiles apparaissaient ça et là dans le ciel remplit de nuages. L’automne touchait à sa fin, comme le montraient les arbres du quartier du parc de Stormwind, entourés de leurs propres feuilles mortes.
La jeune mage marchait seule, d’un pas décidé, vers cette petite table de pierre, près du puis de lune. Elle était vêtue d’une longue robe bleue, sobre, sa longue chevelure d’ébène flottant sur ses épaules aux grés du vent qui se levait. Là, elle aperçu ses deux amis, qui la regardèrent arriver.
L’homme, Voren, était d’un âge avancé déjà, et ses vêtements luxueux ainsi que sa barbe et ses cheveux argentés lui donnaient un air de sage. Rien n’aurait pu laisser transparaître qu’il était un adepte de la démonologie et des sciences occultes. La femme à côté de lui, Marah, en revanche, semblait bien plus jeune, mais en même temps, fatiguée, malade presque. Son visage était maigre, et ses cheveux noirs contrastaient sèchement avec sa peau dangereusement pâle. Mais son regard était acéré et bien vivant, transperçant l’âme des gens avec une aisance déconcertante.
Lentement, Aglaë s’approcha d’eux, et pris place en face du couple. Après un bref échange de courtoisie, elle pris la parole, d’un ton plus grave, sa voix autrefois chaude et enjouée étant à présent faible et tremblante.

- Voren, Marah…J’ai bien réfléchis…Je pense que je vais le faire…Je dois le faire.

Aussitôt, Marah braqua son regard dans celui d’Aglaë, et parla sèchement, d’une voix calme mais froide.

- Tu ne dois pas faire cela, et tu le sais bien, je te l’ai déjà dit !
- Attends, Marah, interrompit Voren.

Celui-ci regarda à son tour la jeune mage dans les yeux, longuement, puis repris la parole.

- Si je vous ai bien compris, et suite à nos conversations récentes…Vous avez fait votre choix ? Vous voulez tenter d’enfermer votre…entité, dans une pierre d’âme ? Malgré tous nos avertissements, malgré tous les risques que cela comporte, malgré toutes nos incertitudes quant au résultat, y compris les vôtres ?...
- Oui, répondit Aglaë, rendant son regard à Voren. C’est bien ce que je souhaite. Ma décision est prise.
- Idiote que tu es ! Interrompit alors Marah. Cette chose fait partie de toi, ce n’est pas qu’un…parasite, comme tu l’as dit ! Tu considères que vos âmes sont différentes ? Tu veux croire que vous êtes bien deux entités différentes ?! Mais tu n’en sais rien…Tu supposes, tu veux croire cela, mais tu n’as aucune certitude !
- Marah, écoutes mo…commença doucement Aglaë
- Non, il suffit maintenant ! Tu veux te voiler la vérité, tu as peur de toi, de ce que tu as en toi, de ce que tu es…Tu cours à ta perte si tu fais cela, Aglaë ! Si ta théorie est fausse, comme je le pense, alors ton âme sera déchirée, écorchée vive, pour être finalement enfermée dans une pierre sans vie…Ton corps ne sera qu’un tas d’os et de chaire, inanimé et amorphe…C’est ça que tu souhaites, Aglaë ? C’est ça que tu…
- Tu n’en sais rien non plus Marah…coupa froidement la magicienne. Elle lui rendit alors un regard dur, mais triste à la fois, ses yeux auparavant si bleus étant pâles désormais. Toi non plus, tu n’en sais rien, tu as d’autres croyances que les miennes…Tu n’endures pas ce que j’endure, tu ne ressens pas mes souffrances, quand je sais qu’il est là et qu’il vient…ça n’est pas toi qui sent un feu te brûler de l’intérieur, un feu qui te consume jusqu’aux tréfonds de ton âme ! ça n’est pas toi qui…a peur, de ce qu’il fera faire à ton corps, quand il le contrôlera sans que tu ne puisses rien faire…Non…Tu n’en sais rien, Marah…Je ne sais pas tout non plus, et je ne sais pas ce qui se passera si on m’aide à réaliser mon idée…Mais je sais que je ne peux…Je ne veux plus vivre ainsi…Je ne suis pas lui, et il n’est pas moi ! ça, j’en suis certaine !

Marah resta silencieuse un moment, regardant Aglaë en face, yeux dans les yeux. Puis, après de longues secondes, qui semblèrent compter comme des heures, elle se releva, et s’enroula de sa longue cape noire.

- Fais comme tu veux. C’est ton âme, après tout, libre à toi de jouer avec. Tu ne souhaites pas m’écouter ni entendre raison, j’aurai essayé. Tout comme j’avais essayé de t’apprendre à fermer ton esprit quand il venait…Tout cela ne me regarde plus, désormais. Aurevoir.

La jeune femme s’éloigna alors, après un bref regard triste en direction de Voren. Bientôt, elle ne fut plus qu’une ombre dans la nuit tombante.
Un silence pesant s’installa alors, Aglaë n’osant regarder Voren dans les yeux. Son regard se perdit un instant en direction du puis de lune, sa surface reflétant la lumière naissante du ciel orné d’étoiles. Puis, elle inspira un long coup, et releva la tête en direction du démoniste.

- M’aiderez vous, Voren ?
- Je vous aiderai, Aglaë, répondit alors Voren, après un instant de réflexion. Votre idée n’est pas idiote, mais comporte des risques. Beaucoup de risques. Mais je ne peux laisser une amie dans le besoin, d’autant plus que…Je suis persuadé que vous chercheriez quelqu’un d’autre pour le faire si je refusais, n’est ce pas ?

La mage se fendit alors d’un maigre sourire espiègle, confirmant les dires du démoniste.

- Et puis, si j’étais un homme sans cœur et sans scrupules, je dirais également que votre expérience attise ma curiosité d’homme de sciences, continua Voren, d’un air vaguement souriant. Bref…Je vous aiderai à combattre votre…invité…, et je scellerai l’âme dans une pierre. C’est bien cela que vous désirez ?
- C’est tout à fait ça, répondit Aglaë. Le faire venir, puis le vaincre, pour finalement, l’enfermer à jamais…C’est ce que je désire. Plus que tout, et quoiqu’il m’en coûte…
- Fort bien. Dans ce cas, il va me falloir faire des préparatifs importants, cela prendra quelques temps.
- Moi de même, Voren. Je compte partir en direction de Winterspring dans quelques heures. Je souhaite m’y exiler en attendant d’être prête. Cette région m’a toujours fait beaucoup de bien…Cela m’aidera à me préparer pour notre…expérience.
- Parfait. Contactez moi quand vous penserez être prête, nous conviendrons d’un rendez-vous. En attendant…au revoir, et…réfléchissez bien à ce que votre décision implique.

L’homme saisit alors la main droite de la jeune femme et lui fit un baise-main à l’ancienne, un geste galant qu’il avait l’habitude d’employer, et qui avait toujours eu le don de plaire à la mage, qui, pour le coup, retrouva le sourire.
Elle regarda le démoniste s’éloigner à son tour dans la nuit, puis vint s’asseoir sur le bord du puis de lune, l’air pensive, son regard se perdant dans le reflet des étoiles sur l’eau. Lentement, elle passa sa main droite dans l’eau, puis doucement, la ressorti et humecta la peau au creux de sa poitrine, là où une marque en forme d’oiseau de feu prenait naissance. Celle-ci lui faisait mal, à nouveau, la brûlant, l’étouffant, même, parfois. Elle avait l’habitude, désormais, mais elle n’en pouvait plus, elle n’en voulait plus…
Doucement, elle se releva, puis lissa rapidement sa longue robe, d’un geste machinal et assuré. Soupirant une dernière fois, elle pris la direction de l’auberge pour aller s’y reposer avant son départ. Bientôt, tout cela serait fini, elle le savait. Elle voulait y croire…


Dernière édition par Aglaë le Mar 16 Mar 2010 - 11:33, édité 2 fois
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Message  Aglaë Mar 16 Mar 2010 - 11:32

(partie 2: la séparation)

***************

Le silence…Le calme…La douce caresse du vent et de la neige sur sa peau…
Le temps était comme arrêté, en cet instant. Elle avait l’impression de ressentir chaque chose, autour d’elle. Son souffle était calme, mais régulier, inspirant et expirant l’air glacial machinalement. Son cœur battait lentement, lui aussi, cognant à faible mesure contre sa poitrine. La douleur…Elle la ressentait, elle aussi…Cette ignoble sensation d’étouffement, de brûlure, comme si son cœur était pris dans un étau chauffé à blanc. Elle ne s’y habituerait jamais…Elle ne pouvait plus continuer avec. Mais ce cauchemar touchait à sa fin. Elle avait décidé de tenter l’impossible, et de mettre sa vie, son âme en jeu. Quoi qu’il advienne, bientôt, tout cela serait terminé. Il était temps que cela cesse !

Aglaë ouvrit les yeux lentement, aveuglée l’espace d’un instant par le reflet du soleil couchant sur la neige. Le crépuscule approchait, tandis que la neige tombait, avec une lenteur presque surnaturelle. Etait-ce normal ? Ou bien était-ce sa propre perception des choses qui était altérée ?
La jeune mage était emmitouflée dans une longue cape pourpre, ça et là ornée de motifs dorés. Lentement, elle repoussa la capuche en arrière, libérant ainsi ses longs cheveux, les quelques mèches argentées se mêlant aux cheveux noirs aux grés du vent. Son visage était plus pâle qu’à l’ordinaire, et sa peau, habituellement chaude, était presque glacée.

Son regard se posa alors sur les trois personnes en face d’elle.
Au centre, se tenait Voren, qui avait revêtu pour l’occasion une tenue sombre et parsemée de motifs magiques, incompréhensibles. Son air était grave, et reflétait une intense concentration. A ses côtés se tenaient deux femmes.
La première, Igaria, était habillée avec sa tenue de prêtresse, toute blanche. Ses cheveux blonds retombaient sur son visage, alors que ses yeux gris regardaient la magicienne, l’air inquiet.
La seconde, Neyrelle, portait fièrement une armure de plate dorée, bardée de runes et de parchemins, alors que ses cheveux couleurs neige étaient soigneusement coiffés en une longue queue de cheval, flottant derrière sa tête telle une crinière d’argent. Son visage à elle aussi était grave, concentré.

L’homme pris alors la parole, après s’être éclairci la voix.

- Le moment est enfin venu, tel que vous le souhaitiez, Aglaë. Mais il n’est pas trop tard pour changer d’avis. Êtes vous absolument certaine de vous ? De votre décision ? demanda Voren, regardant la mage droit dans les yeux, longuement.
- Je le suis, Voren, répondit Aglaë, d’une voix douce et lente. Cela fait maintenant plusieurs semaines que je suis dans cette région glacée…J’ai beaucoup réfléchit, j’ai fais le vide…Je me suis préparée, mentalement, physiquement…Mon choix est fait, et aujourd’hui, enfin, j’ai espoir de me débarrasser de ce destin maudit.
- Soit, répondit Voren. Commençons, si vous le voulez bien. La nuit approche.

Aglaë fit un petit signe de tête envers ses amis. Elle les regarda longuement, tous les trois, comme si c’était la dernière fois qu’elle les voyait, les observant pendant des secondes qui comptèrent comme des heures. Puis, elle poussa un léger soupire, et ferma les yeux, laissant retomber ses bras le long de son corps.

- Allons y, alors…Finissons en, une bonne fois pour toute…

Progressivement, sa respiration se fit plus calme, plus lente encore. Elle cessa de penser, elle cessa de réfléchir…Elle devait faire le vide en elle. Des battements…Elle pouvait sentir son cœur battre, encore, chaque pulsation résonant en elle... Longtemps, elle avait lutté contre cet appel, cette douleur. Marah lui avait apprit à fermer son esprit, à résister. Aujourd’hui, elle l’appelait, elle ne tentait plus de le contenir…Elle devait s’effacer…Après tout…Pourquoi résister ?...Se laisser aller…C’était si simple…Elle avait de moins en moins mal…Elle ne sentait plus son corps gelé, ni cette prison qui écrasait son coeur…Elle sentait la chaleur, à nouveau, qui surgissait d’elle…C’était si agréable, si plaisant…Elle se sentait rassurée, elle se sentait plus forte…Non, elle le savait bien, elle ne devait pas répondre à cet appel…Mais pourquoi ? Cette chaleur…Cette sensation de pouvoir, comme une soif intarissable. C’était trop tentant…Elle ne pouvait plus se contenir, elle ne pouvait plus rester sourde à cette sensation, cet appel…

Soudain, Aglaë rouvrit les yeux, d’un coup, et se mit à hurler, de toutes ses forces. Son corps se cambra violement en arrière, alors que ses mains vinrent se coller contre ses tempes. Tout son être tremblait, vibrait, était secoué par des spasmes. La douleur était horrible, elle sentait un feu ardent la consumer de l’intérieur, comme si son âme elle-même brûlait. Elle hurlait, hurlait encore, à en perdre la voix, alors quelle se contorsionnait toujours, se serrant la tête à deux mains, même si cela ne servait à rien.
Tout autour d’elle, la neige se mit à fondre rapidement, de la vapeur d’eau se dégageant du frêle manteau blanc. L’air lui-même autour de la magicienne semblait plus lourd, plus sec, des ondes de chaleur se propageant et ondulant rapidement.
Puis, après un dernier cri de douleur, les bras d’Aglaë retombèrent à nouveau le long de son corps, à nouveau calme. Ses épaules étaient voûtées, et sa tête basculait en avant en direction du sol, les yeux fermés. Plus un mot ne sortait de sa bouche.

Voren, Igaria et Neyrelle avaient observés la scène, après s’être reculés un peu, étonnés et surpris du spectacle qui s’était offert à eux. Ils se doutaient de ce que cela signifiait, ils s’y attendaient…Après tout, ils étaient venus là pour ça. Mais toute cette violence, ces cris…Il faudrait en finir vite.
Igaria fut la première à faire un pas en avant, en direction de la mage. Elle semblait inquiète, et regardait son amie, désormais immobile.

- Ag ?...ça va ?...demanda lentement la prêtresse, d’une voix légèrement tremblante.

Un rire…Un rire commença alors à se faire entendre. Un rire sec, froid, cruel presque, jaillit alors de la bouche d’Aglaë. Sa voix était différente. Elle avait perdu toute trace de douceur. Lentement, sa tête se redressa vers ses compagnons, et ceux-ci se figèrent en apercevant le rictus mauvais qui ornait désormais le visage de leur amie. C’est alors que ses yeux s’ouvrirent…Autrefois bleus, on ne percevait même plus les pupilles. A la place, c’était comme si des flammes incandescentes en perpétuels mouvements dansaient dans les orbites vides. Mais ça n’était pas tout. Tout autour d’elle, les ondes de chaleur continuaient de l’entourer, comme un bouclier, tournant et veillant sur elle. Deux flammes en particulier, prenaient naissance dans le haut du dos de la jeune femme, et venaient s’étendre et onduler par devant elle, dans une lente et captivante danse, telles des ailes de feu.

- Hin hin hin…commença alors la chose qui parlait à travers Aglaë, en regardant les trois personnes en face d’elle. Je vois que cette sotte a enfin accepté sa condition de réceptacle, et m’a laissé reprendre le contrôle…Quelle délicieuse sensation…
- Ça n’est hélas pour vous qu’une question de minutes, j’en ai bien peur, dit alors Voren, faisant à son tour un pas en avant, tout en réajustant ses gantelets. Voyez vous…Nous tenons à récupérer notre amie, et par la même occasion, à nous débarrasser de vous. N’y voyez là rien de personnel, mais c’est ainsi.
- Pauvre fou…Vieillard inconscient…reprit alors Aglaë. Tu n’as aucune idée de l’étendue de mes pouvoirs, tu n’as aucune idée de ton infériorité ! Et je vais me faire un plaisir de te tuer, puisque tu tiens temps à écourter ta minable vie d’humain !

La jeune femme joignit alors ses deux mains en avant, vers Voren, et d’un coup, libéra un long jet de flammes rouges en direction du démoniste. L’espace d’un instant, celui-ci fut englobé entièrement, et disparut même dans cette fournaise incandescente. Déjà, la mage savourait cette victoire facile, sa première proie depuis bien longtemps. Mais alors qu’elle allait cesser son incantation, son rictus s’effaça, en voyant une forme au centre du brasier. Le vieil homme semblait encore debout, alors que son corps paraissait entouré d’un halo de lumière. Pourquoi n’était il pas encore mort ? Et d’où venait cette lumière qui le protégeait ? Alors, elle comprit… Son regard vint se poser sur les deux femmes qui étaient restées en retrait. Elles n’étaient pas restées inactives, et psalmodiaient des incantations de protection, invoquant la grâce de la Lumière sur elles même ainsi que sur Voren.
Les fourbes…pensa alors la créature de feu. Ils se mettaient à trois contre elle, pour essayer de la stopper…Mais quelle importance. Ça n’était que de vulgaires humains, de minables créatures frêles et faciles à détruire et à manipuler…Sa victime, cette pathétique magicienne, en était la preuve. Peu importe. Elle les tuerait tous les trois.
Mais alors que son jet de flammes venait mourir sur Voren, elle sentit son corps vaciller. Ses jambes se firent lourdes, tremblantes à nouveau, elle pouvait sentir ses genoux ployer sous la fatigue, le poids. Quelque chose n’était pas normale. Ses flammes n’avaient pas l’intensité qu’elles auraient du avoir. Elle n’aurait pas du ressentir cette fatigue. Non…Quelque chose n’allait pas…Ce corps…Elle n’arrivait pas à l’exploiter comme elle aurait du, elle ne parvenait pas à puiser dans ses ressources, comme s’il était vide. Elle réfléchit alors…Ce corps…Il avait été volontairement vidé de son énergie, de sa force… Il était glacé, épuisé... Cette maladie, qu’elle lui avait infligé, pour l’asservir…Tout ça se retournait contre elle désormais ! Cette mage…Elle lui avait tendu un piège !
Voren avait bien remarqué ce changement de comportement et cette faiblesse de plus en plus voyante. Son visage se fit grave, à nouveau, alors qu’il était auréolé d’un bouclier de lumière, les flammes écarlates venant le percuter avec fureur pour finalement y mourir.

- Ainsi, Aglaë s’est volontairement affaiblie durant son séjour dans cette région glaciale, en prévision de ce moment, commença Voren. Ce corps est à la limite de l’épuisement total. Il sera facile désormais de prendre ce pour quoi je suis là.

Le démoniste commença alors à remuer les lèvres pour débuter son incantation. Sa voix, faible au début, résonnait de plus en plus fort, proférant des paroles impies dans une langue obscure. Son visage se contorsionna sous l’effort, tandis que des volutes de vapeurs vertes, pourpres, rouges, émanaient des mains de l’homme.

Aglaë se remit à hurler de douleur, encore. Mais la sensation était différente cette fois. Elle sentait le monde autour d’elle de plus en plus étouffant, obscure, comme si le ciel se refermait sur elle. Elle n’arrivait plus à respirer, elle n’arrivait plus à utiliser son feu, elle était bien trop faible. Tout devenait flou, elle n’y voyait presque plus rien. Elle se sentait basculer à terre, dans la neige fondue. Elle hurlait, encore et encore, comme pour repousser cette odieuse sensation d’emprisonnement. Mais elle n’avait plus la force de lutter…Lentement, alors qu’elle s’écroula face contre terre, elle sentit ses yeux se fermer pour de bon, incapable de réagir…


Le froid…L’obscurité…Tout était noir autour d’elle. Elle ne voyait plus rien, n’entendait plus rien. Où était elle ? Que s’était il passé ? Pourquoi ne sentait elle plus son corps ? Elle réfléchit un instant…Ses souvenirs vinrent la percuter de plein fouet, avec violence et sans ménagements. Oui, elle se souvenait…Son élémentaire…Sa maladie…Sa douleur…Sa tentative d’échapper à son destin…Son séjour dans cette région de neige et de glace…Et cette dernière image, de ses trois amis, face à elle, qui attendaient. Elle devait être morte, à présent, pensa-t-elle. Elle avait du échouer en voulant piéger la créature qui résidait en elle. Que s’était il passé ? Elle ne le saurait probablement jamais…Tout ce qu’elle pouvait sentir, à présent, c’était ce froid mordant. Probablement celui de la mort.
Mais alors qu’elle s’abandonnait à ce sommeil de glace, elle sentit une étrange sensation. Une douce chaleur. Une pâle lumière, lointaine, comme une minuscule étoile dans un ciel de ténèbres. C’était agréable…Cette lumière la réchauffait, lentement, elle l’attirait à elle. Le froid disparaissait, elle ne le sentait presque plus. Cette douceur, cette sensation de chaleur…Elle pouvait les ressentir de plus en plus, elle voulait que cela continue…Encore…

Soudain, Aglaë rouvrit les yeux, d’un coup, en poussant une longue inspiration, comme si elle respirait pour la toute première fois de sa vie. Elle tremblait, tout son corps était gelé et faible, mais elle sentait à nouveau son cœur battre. Et cette douleur…Elle s’attendait presque à ce qu’elle revienne la broyer, d’un coup, sans prévenir. Mais elle ne revint pas... Sa tête retomba alors lourdement en arrière, dans la neige. Progressivement, elle recommençait à voir, des ombres se dessinant autour d’elle. A chacun de ses côtés, se tenaient Neyrelle et Igaria. Elles étaient assises dans la neige, et tenaient les mains de la mage. Cette chaleur, cet appel…Cela venait d’elles, elle le savait.

- Et bien…Tu nous as fait peur ma grande, tu sais…On a eu beaucoup de mal à te ramener parmi nous, avec Igaria…dit Neyrelle, souriant légèrement. Sois gentille…Ne recommence plus jamais ça, d’accord ?

Elle n’avait pas encore la force de parler, mais elle sourit faiblement à ses amies. Elle leur fit juste un petit signe de tête, pour leur dire qu’elle avait bien entendu.

- Et bien, il semblerait que notre expérience ait marché, ma chère, dit alors Voren, dont le visage habituellement impassible affichait un léger sourire. Curieuse mise en scène, m’enfin bon. Ce qui compte, c’est que vous soyez revenue parmi nous. Oh, à propos…Je n’ai pas pour habitude de donner cela à mes…victimes, encore moins celles qui ont tenté de me rôtir sur place, mais dans votre cas, je ferai une exception. Tenez.

Voren remis alors entre les mains de la mage une petite pierre, à la forme allongée, et de couleur écarlate. A son contact, la pierre sembla vibrer un instant, alors que des flammes se mirent à danser à l’intérieur du rubis, puis moururent presque aussitôt.

- Réaction intéressante…commenta Voren. Quoi qu’il en soit…Je vous recommande vivement de garder cette pierre en lieu sur, là où elle sera en sécurité. Si elle tombait entre de mauvaises mains, vous pourriez être victime d’un sort bien pire et pénible que la mort, ce qui, avouons le, serait regrettable.
Aglaë sera la pierre de toutes ses maigres forces, le poing contre le cœur, et referma les yeux. Elle inspira à nouveau, longuement. C’était si agréable, de ne plus avoir mal en respirant…Elle avait réussi, malgré tous les risques, à défier et défaire son destin, grâce à ses amis. Elle se sentait apaisée, désormais, comme si un fardeau qu’elle avait longtemps porté venait de lui être enlevé. Le sommeil…Le sommeil revenait, mais un doux sommeil cette fois, reposant et indolore. Se laisser aller, s’endormir…Elle pouvait se le permettre, maintenant.
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