[Récit] Alsheena Dawnborn

Seule dans le Crépuscule

Dans la vile flamboyante et prospère de Lune-d'Argent vivait un bien jeune couple de Quel'dorei à l'amour inébranlable : Terakel Dawnborn et sa future femme Alsheena. Terakel descendait d'une longue lignée de grands mages, mais la maitrise des arcanes le répugnait, préférant suivre la voie des pérégrins. Cela lui valut de très nombreux conflits familiaux, jusqu'au jour où sa famille décida purement et simplement de couper les ponts avec lui. Mais à vrai dire, ça lui était bien égal ; seule sa "p'tite prêtresse d'amour" comptait.

Quelques mois après leur union naquit leur fille Tarae, le plus beau trésor que deux nouveaux et heureux parents n'auraient jamais pu espérer. Des années s'écoulèrent tandis que la famille vivait dans sa petite bulle de bonheur. Pour l'un des anniversaires de Tarae, le couple offrit à leur fille un oeuf de dragon rouge, trouvé lors d'un des voyages de Terakel. Le petit dragonnet rouge qui en éclora plus tard ne quittera jamais sa jeune "mère".

Malheureusement, tout bonheur doit connaitre un jour une fin.

Le Fléau ravageait tout sur son passage, et Lune-d'Argent n'allait pas faire exception. Toutes les forces disponibles étaient mobilisées, pour contrer cette menace. Pendant que les goules, golems et autres abominations déferlaient sur la ville, Alsheena cherchait désespérement un moyen de mettre sa fille en sureté, tandis que Terakel protégeait leurs arrières. Ils trouvèrent un vieil ami pérégrin chargé de l'évacuation, à qui ils purent confier Tarae. Malgré les pleurs incessants de leur enfant, les suppliant de ne pas la laisser seule, il ne pouvaient ignorer la proximité des zombies, menaçant de plus en plus leur chance d'assurer la sécurité de Tarae. En un échange de regards, ils surent qu'il leur fallait rester en arrière pour protéger l'évacuation ... quelqu'un soit le prix à payer.

Alors que la bataille faisait rage, Alsheena et Terakel luttaient côte à côte, repoussant de leur mieux le flot ininterrompu d'ennemis. Une lutte de plus en plus désespérée. Au point où le pire arriva : une violente explosion arcanique fit effondrer un bâtiment, séparant les deux êtres chers. Alsheena se trouva dans une situation encore plus grave qu'elle ne pouvait l'être : seule entourée par une troupe du Fléau, commandée par un chevalier de la mort. Par chance, si on peut le dire, c'était un sadique qui prenait un grand plaisir à torturer ses victimes en tête à tête. Il ordonna à sa troupe de continuer le massacre pendant qu'il jouerai avec sa proie. Sous-estimer Alsheena faut une grossière erreur. Elle se défendit avec toute la rage du désespoir, repoussant le chevalier à coup de flammes sacrées. Il ne vit pas l'éclair lumineux le paralyser. Il ne vit pas non plus Alsheena lancer son bâton infusé par toute la lumière qu'elle pouvait canaliser, un bâton qui lui transperça le torse.

"Urgh ... garce ... si je dois tomber, tu tomberas avec moi, héhé ..."

Une sombre aura apparut autour de son épée. Dans un ultime assaut, il se jeta sur elle, lame en avant. Alsheena, blessée et épuisée par son combat, ne parvint pas à esquiver totalement l'épée, qui lui entailla le flanc. Le chevalier était à terre, inanimé. Se laissant tomber, elle souffla un coup, pensant avoir gagné ... ou pas. Sa blessure la brûlait intensément, et au lieu de saigner, la peau tout autour se nécrosait petit à petit. Malgré tous ses efforts pour la guérir, elle ne parvint pas à stopper la progression de la nécrose et tomba inconsciente.

"Tu es à moi, désormais."

"Alsheena ! Alsheenaaa !"

Terakel avait enfin réussi à la rejoindre. Il trouva sa femme, étendue sur le sol.

"Réveille-toi, mon coeur, ce n'est pas le moment de dormir ... Ne nous abandonne pas."

Alsheena ouvrit les yeux. Elle semblait absente, malgré les appels de son mari.

"Prends l'épée. Tue-le. Et souffre."

Il n'eut pas le temps de comprendre. La personne qu'il aimait le plus au monde, sa raison de vivre, venait de lui ôter son dernier souffle. Perdu, il ne vit que le visage impassible de sa "p'tite prêtresse d'amour". Et succomba.

"Bien. Lève toi, on part. On a d'autres vies à prendre."

Au loin, dans les rues ravagées, les pleurs d'une jeune fille à la recherche de ses parents se perdaient dans la fureur des combats.