Les Fils de Quel'Thalas
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-26%
Le deal à ne pas rater :
Bosch BBS8214 Aspirateur Balai Multifonction sans fil Unlimited ...
249.99 € 339.99 €
Voir le deal

[Background] Découvertes

Aller en bas

[Background] Découvertes Empty [Background] Découvertes

Message  Calion Mer 14 Fév 2007 - 22:42

Calion entra dans la volière armé d’un seau rempli de morceaux de viande. Les rapaces l’entendirent. Tous découvrirent leur tête qu’ils avaient cachée sous leurs ailes, la levèrent pour regarder leur bienfaiteur. Certains s’agitèrent, ils étiraient leurs membres, s’ébrouaient, lissaient leur plumage. Les plus jeunes criaient, pressés de satisfaire les besoins de leur estomac. Les autres se taisaient. Bien qu’ils fussent aussi impatients, ils savaient parfaitement qu’ils allaient avoir leur part de repas. Ils connaissaient même l’ordre dans lequel on procédait : d’abord la Matriarche et son compagnon, les plus jeunes qui n’avaient pas fini de perdre leur duvet quand il y en avait puis on revenait aux plus âgés pour faire par ordre d’ancienneté. Il n’y avait pas de raison particulière, cela n’avantageait personne. On aurait même pu penser qu’il était stupide de ne pas aller au plus simple. C’était un rituel, une habitude qui remontait aux origines, quand des gardes de la frontière de Quel’Thalas pensèrent à mettre au service du royaume l’art de la fauconnerie. Certainement une manière de remercier les oiseaux de leur loyauté. En un sens, elle permettait autant à l’elfe qu’aux animaux de se discipliner et de se lier d’amitié. Aucun geste n’était machinal, chaque matin était différent du précédent et de celui qui allait suivre. Il ne suffisait pas de respecter l’ordre et veiller à ce que tout le monde ait sa part. Ce qui importait, c’était la communication.

« Si un jour tu ne nourris plus ces chasseurs pour les remercier de l’aide qu’ils t’offrent mais par pure nécessité, si tu ne leur offres que des lambeaux de chair morte sans les nourrir de ton cœur, alors cesse. C’est qu’ils ne sont plus pour toi que de simples outils. »

Et à chaque fois le fils se souvenait des paroles de sa mère. Ainsi il se posta devant l’aigle vénérable. Plus grande et plus rusée que tous les autres, elle n’avait pas son pareil pour repérer la moindre anomalie et surtout elle excellait à la chasse, clouant en deux temps trois mouvements les petites proies et s’attaquant vaillamment quand elle était accompagnée à de plus grosses, loups ou cervidés. Autant sur le terrain elle acceptait de partager sa tâche, autant dans son aire artificielle elle montrait clairement sa préférence pour la solitude. Il avait fallu des mois et des mois pour qu’elle finisse par choisir un mâle à son goût. Elle n’était pas la seule dans cette situation. En captivité, moins libres dans leurs mouvements et dans leurs choix, les oiseaux de proie pensaient moins à avoir une descendance qu’à gagner les faveurs de leurs maîtres par le travail qu’ils accomplissaient. Mais venait le jour où ils étaient relâchés pour retrouver leur liberté initiale et perpétuer l’espèce.

En attendant le Quel’Dorei tendit son gant pour que le majestueux rapace vienne s’y poser. Il sentit sous le cuir épais ses puissantes se rétracter, faisant de la prise un étau. Il ne put réprimer un frisson, signe qu’il avait conscience de sa force. Il regarda la femelle, elle tourna la tête de face pour le fixer le temps de quelques secondes. Il lui caressa le cou, elle frotta son bec contre son avant-bras ganté. Il lui offrit la nourriture, elle l’accepta. Et il attendit qu’elle finisse pour la reposer, admirant son port de reine, son corps paré d’un plumage impeccablement lissé. Le lendemain il devait partir à l’autre bout de Quel’Thalas avec sa mère, Eressea. Ils devaient se rendre à Silvermoon. Ce jour-là était son dernier jour de chasse, il prendrait la Matriarche afin de partager une dernière fois avec elle l’ivresse du vol, ressentir à nouveau l’angoisse de savoir qui du traqueur ou de la proie était victorieux. Calion acheva sa tâche puis partit préparer son sac et sa monture.

Dehors un vent frais parcourait les bois. L’herbe lourde de rosée pliait l’échine à son passage. Dans le ciel, le soleil n’était pas bien haut, voilé par la grisaille. Un temps à l’image de son humeur morne. Malgré tout les histoires qu’il avait pu entendre sur la capitale, sa splendeur, son immensité, le luxe ostentatoire de ses bâtiments comme de ses habitants, qu’on lui ait dit que, selon les critères de la cité, il faisait partie des pauvres le rendait méfiant. Il s’attendait à ce qu’on le regarde de haut ou qu’on l’ignore dans le meilleur des cas. Il voulait rester quoi que l’on en dise. Là-bas la volière aurait été faite de pierre immaculée et de métal précieux. Il aimait le bois et la pierre grise, il aimait la compagnie des rangers et des autres fauconniers. Il ne s’imaginait pas fréquenter d’autres genres de personne issues d’un autre univers. Il ne comprenait pas pourquoi en ville nombreux étaient ceux qui tentaient de persuader sa mère de cesser de vivre cette vie de réclusion pour revenir à la vie citadine, qui lui demandaient la raison d’un tel exil. A chaque fois elle offrait pour seule réponse un sourire désarmant agrémenté de quelques mots sans incidence aucune. Ils se sentaient bien ici. Et au sentiment d’incompréhension du jeune Quel’Dorei venait s’ajouter la curiosité brûlante de savoir qu’était cette histoire d’exil dont ils parlaient tous. Il n’avait jamais rien appris venant d’Eressea bien qu’il l’ait tourmentée par des flots de question finissant par se tarir sous le regard inquisiteur. Quand elle le voulait, elle restait imperturbable et aussi muette qu’une tombe. Elle préférait ne rien dire à mentir, qui savait ? A peine lui avait-elle dit qu’il avait de la famille à Silvermoon, sans rien spécifier d’autre bien sûr. Enfin il les verrait, ces parents dont il ne cessait d’esquisser des portraits au gré de son imagination. Au moins une motivation pour le voyage, la seule vraiment importante. Une grande énigme sa famille, pour l’instant.

Tout à ses pensées, il se hâta vers l’écurie, profitant du peu de temps qu’il lui restait. Un jour ce n’était rien. Surtout lorsqu’on sentait qu’on allait tourner le dos à une existence qu’on connaissait depuis sa naissance. Calion avait le sentiment qu’il ne reviendrait pas de sitôt. Il essayait vainement de ne pas y penser.[right]
Calion
Calion
Epeiste
Epeiste

Nombre de messages : 22
Date d'inscription : 10/01/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum