Les Fils de Quel'Thalas
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Moment de solitude à la Fossoyeuse

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Message  Ennelia Ven 22 Fév 2008 - 19:19

Encore ici. Toujours ici. Et elle détestait ça. Son sourire pâlit pour laisser place à une moue d’angoisse lorsque l’horizon s’effaça derrière elle ; la chauve-souris entrait et voguait dans les égouts. De cris aigus, elle virevoltait entre les émanations infâmes laissées là par les « non-morts » ; son regard se tourna vers le bas et un frisson de dégoût traversa sa colonne. Sans doute fallait-il s’être relevé après la vie pour aimer cette liqueur verte et gluante qui montait des fonds, ou ces êtres ignobles et déformés qui leur servaient de gardes. Ennelia évitait de les approcher, leurs bras – et même plusieurs bras – dont la chair sortait et à l’aspect purulent, en auraient assommer au moins dix comme elle.

Dans ce fouillis et ce chaos, ses pas la conduisirent jusqu’au quartier des mages. Tabetha, flanquée dans sa maison perdue au milieu des marais d’Aprefange, lui avait demandé de passer un message qu’elle avait scellé. Sitôt que ce serait fait, elle partirait.

En conversation et en rire plus que sinistre, Ennelia trouva deux d’entre eux qui narraient quelque chose en bas-parler, derrière la forme templique ornée de crânes en statues qu’offraient les restes d’un territoire autrefois beau et serein. Ils tournèrent vers elle leur visage décadent avec ce sourire vicieux pour l’accueillir. L’un fut un homme autrefois, et portait un tissu couvrant son crane qui faisait ressortir ses yeux jaunes, des épaulettes et une robe, les trois étant de couleur rouge. Celle qui fut une femme jadis, tourna vers elle un regard aussi froid que méprisant.
- Excusez moi… Je dois porter cette note à un certain « Luther »…
Elle fouilla dans son sac, prenant la lettre. Le mort-vivant, le visage entre os et chair mêlée, plissa les yeux et d’un geste brusque, prit le message. Il ôta le scellé brandissant sa main au-dessus, qui se consuma, puis la lut, terminant par ricaner et tournant la tête vers la jeune elfe.
- Amusant. Je ne pensais pas qu’elle m’écrirait pour cela… Suivez-moi, grinça-t-il des dents.
- C’est que je n’aimerai pas m’imposer, et puis on m’attend ! sourit Ennelia, peu rassurée.
- Suivez-moi, reprit-il d’un ton sec.
Le fait qu’il porte une lame teintée de sang, et celui d’être au plus profond d’un quartier, elle hocha simplement la tête.

Luther vint près du temple et prit soin de faire quelque chose sur le mur du fond. Bientôt, la pierre se souleva, révélant un passage qui descendait en contrebas… Elle le suivit dans les escaliers, étant mal à l’aise.
Lorsqu’elle arriva en bas, ses yeux mirent du temps à s’habituer à la pénombre qui régnait là ; elle eut un soubresaut souhaitant reculer. En haut, le choc lui confirma qu’on avait refermé la planque…
La pièce était assez vaste pour faire peur, mais le plus effrayant, c’étaient les gémissements qui lui parvenaient… Dans chaque coin, traînait des cages, trop petites pour un être seul. Elle devina qu’il s’agissait là d’êtres humains et d’elfes – elle les discerna comme étant ses anciens cousins. Ils étaient battu et maintenu sous pression, ici. Au centre de la pièce, trônait une sorte de symbole tracé dans du sang.
- Voyons…
Pas à pas, le non-mort regarda dans les cages, puis s’arrêta à l’une d’elle. Il se mit à parler dans les restes d’un commun qu’Ennelia ne comprit pas, puis lui ouvrit la porte. L’être avait de la barbe, c’était un homme de la quarantaine, en maillot déchiré, et faible.

Il prit la lame que lui tendait Luther, et se jeta dans sa direction, appelant quelque chose qu’il croyait de tout son cœur. Paniquée, le seul réflexe qu’elle eu fut d’instantanément invoquer l’effet de peur. Cela ne le troubla point ; elle vit la lame se diriger vers elle. Elle roula sur le côté d’un geste qui la fit chuter au sol, évitant le coup. L’épée fendit l’air. A nouveau, l’humain la pointait vers elle. Alors, Ennelia n’eu d’autre choix que de jeter des sorts sur lui, qui provoquaient doucement son agonie. Elle se redressa à temps. La rage qui débordait du regard de l’homme en traduisait beaucoup sur les blessures qu’il avait du subir. A nouveau, elle esquiva de coté le coup d’épée qui l’aurait tranché à la verticale. Elle cria, touchée à l’épaule. Il n’y avait plus de limite dans ce jeu. C’était sa survie en premier lieu. Elle entra en transe, et ses yeux vigoureux de colère, l’animèrent alors. Une explosion d’ombre s’enfonça dans son agresseur qui fut jeté au sol.
Elle était face à lui, perdant son sang, le cœur battant vite, les mains tendues. Il tenta de se relever, et de la lumière l’entoura alors, comme une bulle… Il cherchait à se soigner. Elle le comprit dans son regard… Pris d’un dernier souffle, elle put l’entendre murmurer : Uther… Avant de s’éteindre sur le sol.

Le non-mort qui était derrière elle sourit, puis vint récupérer sa lame. Elle ne disait plus rien, incomprise et bouleversée. Au bout d’un temps, il se tourna vers elle, et d’un regard qui traduisait sa malveillance, parla :
- Vous l’avez tué. C’était vous ou lui dans ce combat. Comment l’avez-vous fait ? Avec des sorts qui ont provoqué lentement son agonie…
- Je…
Elle secoua la tête et s’assit, tenant son épaule gauche, les yeux dans le vague.
- Et bien quoi ? Il vous aurait assassiné de son épée. Je lui ai promis la délivrance s’il réussissait son coup… Mais de toute évidence, il l’a eu !
Il se mit à ricaner, le visage vers le plafond.
- Nous sommes des démonistes… Vous devez le comprendre. Dans notre cercle, seuls les plus rejetés entrent et mènent la danse. Et on vous demandera plus encore. Nous le faisons pour le bien. Nous invoquons des démons pour combattre la légion… Nous nous servons d’eux. Mais peu à peu, cela nous pervertit. Et je ne parle pas pour ma « forme » qui n’est qu’un reflet de ce que nous sommes dans le cœur…
Un sourire s’échappa de ses lèvres. Ennelia prit son visage entre les mains.
- Tu aura mal un jour, d’une façon ou d’une autre. Quelque soit tes idées, tu le percevra et petit à petit, on te demandera plus qu’à n’importe quel des autres métiers. Tabetha est une humaine certes, mais elle entretient assez de relation avec les démonistes, et nous formons un cercle privé et fermé… Lorsque tu es allée là-bas lui demander de faire l’orbe d’Orahil, elle a compris dans ta façon de te battre, que tu voulais que cela change. Mais ce ne sera jamais le cas… Peut-être avez-vous une différente façon de voir cela, vous les elfes… ?

Sanglotant, le visage caché par ses mains, Ennelia ne répondit pas. Il se tourna vers les escaliers, puis finit par dire :
- Un jour où l’autre, tu comprendra que ce n’est pas le refus de « magie » que tu dois combattre, mais qu’autre chose consumera doucement et lentement ton âme.
Il la laissa pleurer en silence…

Ennelia
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