[Récit - Le passé est toujours présent]

08h00, Shalden arpentait les petites ruelles de Lune d'Argent sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait. L'esprit de son ex-femme cohabitait toujours avec le sien et cela commençait à durer. Fatigué nerveusement et physiquement, l'elfe marchait sans regarder où il allait. Il finit par rentrer dans quelqu'un qui ne tarda pas à le lui reprocher, mais Shalden n'écoutait rien, comme si il n'existait pas.
Soudainement, une voix intérieure se fit entendre, ce qu'il entendit beaucoup plus que la personne devant lui.

- Si tu avais regardé où tu allais, il n'y aurait pas un abruti pour te crier dessus de bon matin.
- J’t'ai demandé ton avis ? J'te rappelle que c'est d'ta faute.
- Quoi ? Je ne t'ai pas rendu aveugle que je sache.
- Non mais tu m'épuises. T'attends quoi pour partir ? Une invitation ?
- Toujours d'aussi bonne humeur quand tu es fatigué toi...
- T'es bien placé pour l'savoir... Fiche moi la paix.

Un silence fit bientôt place à la discussion, même si, quelques secondes après :

- T'y as cru, hein ?
- J'aurai espéré au moins...

Tout en parlant intérieurement, le voleur continua sa route, ignorant royalement l'homme qui lui parlait juste avant. Les mains dans les poches, il jeta un oeil aux boutiques du coin, cherchant quelques objets à offrir.

- Qu'est-ce que tu cherches ?
- Mais est-ce que j'me mêle de ta vie, moi ?!
- Je te rappelle que j'en ai plus, de vie... grâce à toi.
- Tu l'as cherché, t'plains pas... Et puis t'es toujours assez vivace pour me casser les pieds quand même.

Il soupira et alla s'asseoir sur une caisse, derrière une des boutiques, posant sa tête contre le mur derrière lui.

- Qu'est-ce que tu as ? Tu es bizarre.
- T'occupes...
- C'est à cause de la nana de l'autre jour ?
- Qu'est-ce que ça peut t'faire ? Et t'es priée d'pas écouter mes conversations privées...
- J'y peux rien, je suis dans ta tête.
- Ouais et j'm'en passerai bien d'ailleurs.
- Elle t'a fait douter, je me trompe ?
- Je vois pas en quoi ça t'regarde.

En effet, quelques jours plus tôt, Shalden avait fait une rencontre inattendue et depuis, il avait changé de comportement.

****Flashback****

Le soir se couchait et l'elfe en profitait pour vider les poches des gens qu'il croisait sur la place du marché, profitant de la pénombre et de la cohue. Une fois les mains suffisamment prises, il sortit de la ville, marcha un moment en direction de la forêt et s'arrêta pour regarder son butin fraîchement acquis. Beaucoup de pièces d'or et pierres précieuses, ainsi que quelques bijoux dont un qui attira particulièrement son attention : C'était une chevalière argentée, ornée d'un rubis taillé en carré. Il l'inspecta, se demandant dans quelle poche il avait bien pu voler ça. Cette bague était un moyen de reconnaissance dans une ancienne organisation à laquelle il avait appartenu. Il s'agissait d'un regroupement d'assassins nommé "La Main Pourpre" dont il avait été membre pendant plusieurs années, même lorsqu'il était marié avec Nalya. Mais depuis le jour de la mort de sa femme et son fils, il avait jeté sa chevalière et avait déserté l'organisation, préférant désormais être seul.

- Tu as l'air bien pensif. Des regrets ? fit une voix féminine

Shalden tourna la tête en direction de la voix. Une femme encapuchonnée se tenait juste derrière lui, ce qui le fit sursauter, ne l'ayant pas entendu arriver. Il fit un pas en arrière, une main sur une de ses dagues, sans pour autant dire quelque chose.

- Tu n'as pas perdu tes sales habitudes. Toujours à faire les poches des gens à ce que je vois. ajouta la femme tout en relevant sa capuche, dévoilant une elfe aux longs cheveux noirs.

Shalden ouvrit de grands yeux, à la fois étonné et effrayé.

- Tanysa ?!

- Ca me fait plaisir que tu ne m'ai pas oublié, mon chou. Tu m'as donné du fil à retordre, tu sais ? J'ai eu du mal à te retrouver.

Le voleur détestait qu'elle l'appelle comme ça. D'ailleurs, il la détestait tout court, il n'avait jamais pu la voir en peinture et ne supportait pas le fait qu'elle puisse tout savoir des gens juste en les regardant. Elle possédait une sorte de pouvoir psychique qui lui permettait de lire en chaque personne comme dans un livre ouvert.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda l'elfe d'un ton glacial
- Récupérer ce que tu m'as volé. Je vois que tu es toujours aussi aimable avec les gens que tu n'aimes pas.
- Tu croyais quoi ? Que j'allais t’sauter dans les bras ? Et puis d'abord, que faisait ta bague dans ta poche ? Avoue qu’tu l'as fait exprès pour que tu puisses me parler seule à seul...
- On ne peut rien te cacher, mon chou. Je voulais te parler et surtout te rappeler le bon vieux temps.

Tanysa était en fait une des responsables de "La Main Pourpre" et ce n'était forcément pas une coïncidence si ils étaient face à face maintenant. Elle fixa un moment son bras droit avant de demander :

- Tu n'as plus ton tatouage ? Je vois que tu en as "presque" compris l'utilité dans ce cas.

Il se demanda un instant pourquoi elle lui parlait de ça. Ca n'avait rien à voir avec l'organisation, de plus, elle appuyait sur le fait qu'il n'ait pas tout à fait compris l'utilité du tatouage qui avait été sur son avant-bras. A vrai dire, il s'en fichait, c'était du passé. Mais il semblait que son passé le rattrapait peu à peu aujourd'hui... Il ignora volontairement la question de l'elfette, puisque de toute façon, elle devait bien savoir la réponse. Lançant la bague dans sa direction, il continua à compter son butin sans prêter attention à elle.

- Ca ne te manque pas le passé ?
- Le passé est c'qu'il est et c'est très bien comme ça. Si c'est pour me d'mander de rev'nir avec vous, tu perds ton temps.
- Ah bon ? Pourtant il me semble que tu es sous les ordres de quelqu'un en ce moment, non ? Tu es bridé, tu dois te conformer aux directives, et tu n'es pas libre de faire ce que tu veux, quand tu le veux. Ne me dis pas que ça te plait. Tu as toujours été un solitaire, vivant au jour le jour.
- Les choses changent.
- C'est ce que tu dis, pas ce que tu penses. Tu n'as pas changé, tu aimes la liberté, tu as même tué pour ça. Ca te manque sûrement de tuer comme tu le souhaites. Tu es obligé de te retenir et de n'éliminer que les cibles que l'on te désigne. Tu ne tiendras pas longtemps comme ça. Je sais très bien que tu as besoin de tuer pour te sentir bien.
- Je déteste que tu lises mes pensées... Mêle toi de ce qui te regarde.
- Je le fais justement. Tu étais un de nos membres et je te propose de revenir parmi nous. Là bas, tu pouvais être toi même, et même pendant les missions, tu étais libre d'agir comme tu le voulais. Tu n'aimes pas ce que tu fais, là...
- C'est faux. J'ai une situation stable comme j'n'en ai pas eu depuis longtemps. J'ai des amis, une famille, un toit, de l'argent...
- Et pour tout ça, tu dois obéir à tout et n'importe quoi ? Même des ordres que tu trouves injustes et idiots ? Tu ne tiendras pas... Tôt ou tard tu refusera d'obéir ou tu désertera... Tu serai bien capable de brutaliser tes supérieurs ou même pire.

Sur ces mots, elle dégagea le voile sur ses épaules, dévoilant une cicatrice le long de son cou. C'était une blessure que lui avait infligé Shalden le jour où elle lui avait ordonné une façon de procéder dans sa mission. Celui-ci grimaça avant d'agiter la main d'une façon agacée.

- Pas la peine de me remémorer le passé. J’veux bien accepter n'importe quoi, tant que ma femme et mon enfant sont heureux et en sécurité.
- Hum, c'est vrai que tu vas bientôt devenir papa à nouveau. Méfie toi, il pourrait leur arriver malheur... Comme les précédents.
- Ca n’risque pas, cette fois.
- Que tu dis. Si Nalya a si bien pu te manipuler et tuer à ta place, c'est parce qu'au fond, tu as le meurtre dans le sang. Tu as besoin de tuer, tu agiras par pulsion, même si tu te retiens.
- Ne fais pas comme si tu savais tout mieux que moi !
- Tu te voiles la face, je ne fais que te rappeler la vérité. Tu n'aimes pas les ordres et encore moins tes supérieurs. Ca risque de mal finir... D'autant plus que tu ne peux pas tuer à ta guise.
- Quand j'aurai b'soin d'un psy, j'te ferai signe. Maintenant dégage et fout moi la paix.
- Réfléchit à ce dont je viens de te parler. Nous sommes ce dont tu as besoin. Arrête d'être quelqu'un d'autre et sois toi. Quitte ton ordre et reviens...

Elle lui lança la chevalière qu'il attrapa de justesse. Il n'eut pas le temps de la lui renvoyer qu'elle partait déjà.

- On se reverra, mon chou.

Sa capuche à nouveau sur la tête, elle ne tarda pas à disparaître, laissant Shalden seul avec lui même.


****Fin du FlashBack****

- Avoue qu'elle te fait douter, hein ? Vu ton humeur, tu dois être en pleine confusion.
- Ca te r'garde pas, et faut dire que ton omniprésence me fatigue.

Il essaya de ne plus prêter attention à ce qu'elle disait, chose assez difficile vu qu'elle était dans sa tête. Observant ce qu'il se passait autour de lui, il remarqua un jeune elfe qui faisait les poches d'un plus vieux, en extirpant une bourse, avant de s'enfuir dans la direction de Shalden. Celui-ci étant assis en hauteur dans la pénombre, on le distinguait mal. Le jeune voleur s'engagea dans la ruelle, regardant derrière lui pour vérifier que personne ne le suivait. Shalden sauta de son perchoir et se mit en travers de la route de l'elfe qui ne tarda pas à le percuter et à tomber. Le dominant de toute sa hauteur, il le fixa avant de prendre parole.

- Bah alors, on tient plus sur ses jambes ? Quand on vole, on essaie de pas s'faire voir, ça peut être dangereux, surtout à ton âge et...

Il s'interrompit, se souvenant soudain qu'il devait avoir à peu près le même âge lorsqu'il avait volé la première fois. Dans un sens, c'était grâce à ça qu'il était encore en vie aujourd'hui : son exil punitif lui avait permis d'échapper au fléau. C'était un peu idiot de reprocher ça à quelqu'un, du moins, venant de sa part. Profitant de ce moment de confusion, l'elfe se releva et continua sa route pour s'enfuir de plus belle. Instinctivement, Shalden prit un couteau à sa ceinture et le lança aussitôt vers le voleur... qui s'écroula quelques mètres plus loin. S'approchant du fuyard, il remarqua que l'arme était plantée derrière sa tête. Il resta un instant au dessus du corps inanimé avant d'hausser les épaules, puis de se baisser pour retirer le couteau d'un coup sec. Il l'essuya et le rangea avant de soulever le corps et de le mettre dans une caisse vide en prenant soin de bien la refermer. Finalement, Tanysa avait peut-être raison, il avait besoin de tuer.

Ramassant la bourse, il sortit de la ruelle et alla tapoter l'épaule de l'homme volé. Lui jetant presque la bourse, l'elfe se contenta d'une mise en garde.

- Méfiez vous la prochaine fois, y a des voleurs partout.
- Oh, merci ! Heureusement que vous êtes un honète homme, sinon je n'aurai probablement pas retrouvé ma bourse.
- Vous fiez pas aux apparences, en d'autres circonstances, je l'aurai gardé.

A peine eut-il terminé sa phrase qu'il s'éloignait déjà, allant s'asseoir sur un banc un peu plus loin. Il avait rendu la bourse uniquement parce que ce n'était pas lui qui l'avait volé, car il estimait qu'il ne méritait pas de garder ce que d'autres avaient chapardé.

- Qu'est-ce que tu vas faire au final ? demanda Nalya
- Rien du tout, rien ne change.
- Tes actes disent le contraire. La nana de l'autre jour a eu plus d'impact sur toi que tu ne veux bien le faire croire.
- Tais toi donc, madame-je-sais-tout, tu me fatigues...

Comme si un seul casse-pieds n'arrivait jamais seul, quelqu'un s'approcha de lui et vint s'asseoir à côté de lui. C'était un pot de colle qui venait souvent voir Shalden et lui parler pendant de longues minutes bien que celui-ci n'en avait rien à faire.

- Tu veux te reposer un peu ? proposa Nalya
- Depuis quand t'es gentille avec moi ? C'est louche.
- Cède moi la lace, je m'occupe du guignol. Comme ça, tout le monde est content.
- Bon, d'acc...

Le fait d'interchanger sa place avec son ex-femme lui permettait de dormir tranquillement, ce dont il avait bien besoin. Le changement se remarqua à peine, sauf lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler... mais là, c'était Nalya qui s'exprimait.

- Je te donne deux minutes pour débarrasser le plancher avant que je ne t'étrangle, face de rat. T'as compris ou je dois te donner un avant-goût ?

Même si l'interlocuteur paru étonné, il ne demanda pas son reste et partit aussitôt. Satisfaite d'elle-même, Nalya resta assise sur le banc, attendant sa prochaine victime, laissant à Shalden tout le loisir de e reposer et réfléchir à tout ça.

[HRP]

*Fan de Nalya*

C'est toujours marrant les discours entre Shaldou et elle dans la tête. Et c'est bien écrit en prime, phrases suffisament direct pour pas que le lecteur soit confu au milieu de trop de descriptions.

[HRP]

Par contre, je suis confus, ça se déroule quand ? >< Nalya était pas censée être en paix pour de bon ?

[HRP]

Ca se déroule maintenant. Nalya est toujours là hein Ils n'ont plus de lien entre eux (Elle ne peut donc pas le posséder comme elle veut comme avant. Par contre il peut décider de lui céder la place si il veut :p), mais elle est toujours présente (D'où la fatigue de Shalden). Mais vu que ça fait un moment que j'ai pas RP avec toi, normal que tu sois pas au courant

Et merci Zaph

[HRP]

Ca veut dire que tu te tapes tous ses commentaires à chaque fois que tu te fais des bébés avec Anae ? Pauvre Shalou u_u ....

Sinon, c'est marrant, mais ton style d'écriture est toujours aussi facile et accessible. Pas de temps mort ni de descriptions qui s'étendent, on suit le cours du récit tranquillement et sereinement J'aime

Le temps était passé, cela faisait plusieurs heures que Nalya occupait le corps de son ex mari. Il avait une mission bientôt et elle décida de le rapprocher de sa destination plutôt que de ne rien faire. Sur sa route elle croisa des têtes connues dont Zaphira et Anethor qui discutaient ensemble. Elle les bouscula, passant exprès entre eux deux, mais les saluant néanmoins.

- Salut l'aveugle. C'est chouette ton bout de bois... enfin ta canne, là. Si on te la lance, tu vas la chercher ? Salut guignol. Enlève cette robe, c'est franchement pas viril... Ouais enfin ça te convient. fit-elle en riant de sa propre bêtise tout en continuant sa route.

Les deux elfes ne dirent rien, savant parfaitement que ça ne servait à rien d'essayer d'argumenter. Nalya, quant à elle, continua ses réflexions dans sa tête.

* Franchement, ce qu'ils sont ennuyeux... J'aurai dû les importuner un peu plus tiens, ça leur aurait fait les pieds. De toute façon, c'est tout ce qu'ils méritent. Et encore, si je le pouvais, je leur ferai leur fête, surtout à l'autre aveugle de malheur. Si elle n'avait jamais existé, j'en serai pas là... C'est à elle que je devrai tout faire payer en fait. Enfin, la question ne se pose pas, puisque je ne peux ri...*

- Mais tu vas la fermer, bordel ?!?! cria soudainement Shalden, réveillé par le monologue intérieur de Nalya.
- Faut bien que je m'occupe pendant que tu roupilles.
- Figure toi que j'ai du mal à dormir avec toi ! Tu n'as qu'à parler, mais pas penser dans MA tête !
- Bah tiens, récupère TON corps. fit-elle en lui rendant tout à coup le contrôle de son corps.

Le changement se fit si subitement que Shalden manqua de tomber. Après un juron, il se redressa et remarqua qu'il était au point de rendez-vous avec Atia. Il n'eut pas à attendre bien longtemps, l'elfette aux longs cheveux blonds arriva peu après lui et ils partirent aussitôt en mission. Ils devaient supprimer un homme corrompu qui donnaient des informations à l'ennemi et seulement lui. Après un court trajet, ils arrivèrent à la demeure de l'homme qui ressemblait plus à une forteresse qu'autre chose. L'infiltration ne fut pas bien difficile, il y avait peu de gardes et les deux voleurs localisèrent rapidement la position de la cible. L'homme -un certain Nahel- était dans sa chambre et ne se doutait de rien. Il était assis à son bureau et écrivait une sorte de lettre. Shalden se dirigea vers lui lentement avant de s'accouder au bureau comme si de rien n'était.

- Que... ? Qui êtes-vous ?! Gardes !
- Les gardes vous entendront pas, ils piquent un roupillon.
- Qu'est-ce que vous voulez ?!
- J’serai vous, j’me retournerai. fit l'elfe sans s'affoler, désignant quelque chose derrière l'homme.
- Vous me prenez pour un imbécile ? Cette ruse ne marche pas avec moi !

A peine l'homme eut-il finit sa phrase qu'il se figea avant de s'écrouler sur son bureau, mort. Atia, qui se tenait derrière lui, nettoya son arme et la rangea.

- J'l'avais prévenu pourtant...
- Pour qu'il se retourne et avoir le plaisir de l'achever ?
- On peut rien vous cacher, miss Silverswell.

La mission accomplie, ils retournèrent à Quel’drassil faire leur rapport avant de partir chacun de leur côté, dans leur maison respective.

(Plus tard)

La nuit était tombée depuis longtemps et, tout comme Anaelyn et Shalden, beaucoup de gens dormaient à cette heure tardive. Néanmoins, le voleur avait du mal à dormir ces derniers temps et le moindre bruit le réveillait. Sans raison apparente, il ouvrit les yeux et se redressa, balayant la pièce du regard comme si il cherchait quelque chose. De la lumière dessinait le contour de la porte de leur chambre, signe qu'il y avait manifestement quelqu'un chez eux. Il se leva lentement pour ne pas réveiller sa femme et, simplement vêtu d'un pantalon, ramassa une de ses dagues qui était posée sur une chaise. Entrouvrant légèrement la porte, il chercha du regard l'indésirable mais aperçu juste une ombre qui se déplaçait. Shalden sortit discrètement de la chambre et suivit l'ombre jusqu'à voir l'intrus qui était de dos. Pas besoin de plus, il savait qui se trouvait là. Sans sommation, il lança sa dague qui alla se planter dans le mur à quelques centimètres de la tête de la personne. Celle-ci regarda l'arme un court instant avant de se retourner vers lui.

- Drôle de façon d'accueillir les gens. fit Tanysa avec un rictus
- T'es pas la bienvenue ici. Surtout en pleine nuit. Qu'est-ce qu'tu veux ?

Tanysa fit quelques pas vers lui avant de s'asseoir dans un fauteuil.

- Oh, je venais voir où tu vivais. C'est sympa ici dis donc, tu en as de la chance, ça doit te changer. dit-elle comme si elle admirait l'habitation.
- Je doute que tu sois ici uniqu'ment pour admirer le mobilier.
- Pas que pour ça. Je me renseigne. Où tu vis, qui tu vois, avec qui tu vis...
- A cette heure là ? Ma vie privée est, comme son nom l'indique, privée ! Ca t'regarde pas.
- Erreur. Plus je sais de choses sur toi, mieux je sais comment tu fonctionnes.
- Qu'est-ce que ça peut faire ? J'reviendrai pas avec vous.
- Que tu dis. Bien que, pour l'instant, tu aies raison. Ton attachement à ta femme est nocif pour ton talent.
- Mon talent ? De quoi tu parles ?
- Tu ne vois pas ? Tu ne t'en rends même pas compte toi même. Souviens toi : Quand tu as commencé à vivre avec Nalya, tu avais de moins en moins besoin de tuer. Là c'est pareil, voir pire, tu ne tues presque que les cibles que l'on te désigne. Le fait d'aimer freine complètement ton envie de meurtre, c'est quand même dommage pour quelqu'un comme toi... Tu es fait po...
- C'est faux ! coupa Shalden. Je n'suis pas fait pour ça, je n'sais faire que ça, c'est différent. dit-il en allant décrocher sa dague du mur.
- Arrête de te mentir à toi même. Quand tu es agacé ou en colère, tu es redoutable. Mais là... Ta femme agit comme un calmant sur toi, tu serai incapable de tuer devant elle. C'est... regrettable... Mais le pire, c'est lorsque tu deviendras père à nouveau. Ca annihilera ton agressivité, tu épargnera même les gens... comme avant. Ce serait vraiment, vraiment dommage.

Tanysa avait raison et elle le savait. Si elle ne faisait rien, il était clair que jamais Shalden ne reviendrait dans l'organisation. Elle appuyait donc sur le point sensible pour le faire réagir. Le mettre en colère était un bon moyen de cultiver son agressivité. Seul et anéantit, il serait beaucoup plus impitoyable et manipulable.

- C'est une menace... ? demanda l'elfe en s'approchant d'elle, arme à la main.

L'elfette ne répondit pas, ce qui énerva d'avantage le voleur.

* Elle n'a pas tort, elle l'avait déjà dit à l'époque* fit remarquer Nalya comme si elle se parlait à elle même.
*Quoi ? Tu la connais ?*

Seul le silence lui répondit, ajoutant à son énervement. Il s'était passé des choses qu'il ignorait et cela ne présageait rien de bon. Il posa brutalement son arme sur la table et se servit un verre d'alcool qu'il avala d'un trait.

- Sors d'ici, avant que je ne repeigne les murs avec ton sang. marmonna t-il, la main crispée sur le verre.
- Ce serait dommage de salir le mobilier. Et puis, je ne suis pas sûre que ça plaise à ta femme.
- Ne parle pas d'elle ! Elle n'a rien à voir avec tout ça !
- Je t'assure que si. Elle a un rôle important. Un rôle qui se voudrait tragique... pour ton bien. Profite en... pour l'instant...

De rage, Shalden serra tellement fort son verre qu'il se brisa, entaillant la paume de sa main à plusieurs endroits. Des morceaux de verre mêlés à du sang tombèrent sur le sol mais l'elfe n'y prêta pas la moindre attention.

- Touche la et je ferai de ta vie un enfer... à un tel point que tu me suppliera d'y aller vraiment... siffla t-il entre ses dents, l'air menaçant.
- Voilà, c'est comme ça que tu es au mieux de tes capacités !

Shalden fit un pas vers elle et stoppa dans son élan lorsqu'il entendit une voix qu'il connaissait bien.

- Que se passe t-il ? Un problème ? demanda Anaelyn qui venait d'entrer dans la pièce, réveillée par les voix.

Elle observa tour à tour les deux elfes avant de remarquer les bouts de verre et la main ensanglantée de son mari. Se dirigeant vers lui, elle retira avec soin les débris de verre dans la paume avant de guérir la main blessée. Avec un sourire, Shalden l'embrassa sur le front pour la remercier avant de répondre, mais l'intruse fut plus rapide.

- Rien de grave, on papote. Restez donc avec nous, plus on est de fous, plus on rit !

En fait, elle savait très bien que la présence d'Anaelyn empêcherait le voleur de vouloir la violenter de quelque façon que ce soit. La paladine dévisagea la femme, se demandant si elle disait juste.

- Et qui êtes-vous ?
- Une am... commença t-elle
- Une connaissance... qui allait partir d'ailleurs. coupa Shalden en fronçant les sourcils.

Il n'avait aucune envie de mentir à celle qui partageait sa vie et si elle le questionnait, il répondrait. Tanysa se leva, s'inclina légèrement avant de se diriger vers la sortie. Elle ouvrit la porte et sortit avant de repasser la tête dans la pièce.

- Rappelle toi, mon chou, un mal pour un bien... murmura t-elle assez fort pour qu'il entende.

Saisissant un autre verre, Shalden le lança dans la direction de son ancienne supérieure. Celle-ci ferma la porte à ce moment là et l'objet explosa en mille morceaux sur le mur d'à côté.

- Va au diable !

Sa respiration était saccadée et son corps semblait parcouru de sursauts nerveux. Anaelyn posa une main sur le bras de son compagnon et le regarda avec inquiétude.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis moi tout.

Tanysa avait une fois de plus raison. La présence de sa femme calmait considérablement Shalden : un simple regard sur elle et sa respiration redevenait déjà normale. Il la serra dans ses bras comme si il avait peur qu'elle s'envole, mais ne dit pas un mot. Il se voyait mal lui parler de tout ça, et pourtant, il le ferait. Parce qu'il l'aimait, parce qu'il avait confiance en elle, parce que cela la concernait et parce qu'il avait peur de la perdre d'une façon ou d'une autre. Elle savait se défendre, il l'en avait aucun doute, mais ceux qui la menaçaient étaient de vraies machines à tuer.
Prenant une de ses mains dans les siennes, l'elfe la regarda un moment avant de la prendre dans ses bras pour la porter.

- Retournons dormir. Je t'expliquerai demain au calme, promis.

D'un commun accord, ils retournèrent dans leur chambre finir la nuit interrompue. Shalden eut beaucoup de mal à s'endormir car il savait que les ennuis ne faisaient que commencer.

Première fois que je lis l'un de tes textes et j'aime beaucoup. L'histoire est prenante et ça donne envie de la suivre. Finalement les mises à jours imposées par Blibli sont l'occasion de me mettre au courant de ce qui se passe ^^ Bravo !


Petit coup de cœur pour Tanysa, espiègle comme je les aiment :p

Merci pour vos messages =) Ca fait plaisir ! Hésitez pas à donner conseils, remarques et avis, ça m'aide beaucoup.

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Il était encore tôt mais Shalden était déjà levé. Ne voulant pas réveiller Anaelyn en tournant en rond, il s'était habillé et était sortit faire un tour en ville. Après avoir marché un bon moment, il s'arrêta dans un des jardins de Lune d'Argent et s'allongea sur l'herbe. Les bras derrière la tête, l'elfe regardait les nuages défiler lentement devant ses yeux avant de les fermer. Il ne dormait pas, il réfléchissait au calme, écoutant les divers bruits de la ville. Un proche bruit de pas se fit entendre sur les dalles de la ville, avant de devenir feutré à cause du contact de l'herbe.

- Il y a quelqu'un qui s'approche. fit soudainement remarquer Nalya
- Merci la vigie, j'avais entendu. répondit Shalden, agacé
- Dis donc, tu pourrais être gentil avec moi.
- Et pourquoi ? J'ai été gentil... tu m'as pourri la vie.
- Roh ça va, c'est du passé.
- T'es toujours dans ma tête, c'est toujours d'actualité.
- J'ai pas le choix.
- Si, tu l'as. J'aurai dû être débarrassé de toi depuis plusieurs mois déjà.
- Essaie de comprendre...
- Oh mais je le comprends... Pour preuve, je te laisse mon corps pour faire ce que tu veux de temps en temps... même si c'est limité.
- Je suppose que je ne peux pas m'en plaindre.
- Tu supposes bien.

Pour lui, la discussion était close, d'autant plus que la personne qui s'approchait était maintenant immobile. Il ouvrit un œil et regarda au dessus de lui. Une tête blonde qu'il connaissait bien lui adressa un sourire avant de s'asseoir à côté de lui.

- Bonjour Shalden. On risque de te croiser plus souvent ou tu vas encore disparaitre ?
- B'jour miss Tarae. Hey, mais j'avais pas disparu ! J'sortais juste... beaucoup moins.
- Quelque chose te tracasse ?
- Vous en faites donc pas pour moi, miss.

Tarae le fixa avec cet air qu'elle avait l'habitude de prendre lorsqu'elle était contrariée.

- Quoi ? demanda Shalden en se demandant ce qu’il avait dit pour qu’elle fasse une tête pareille
- Tu pourrais me tutoyer...
- Désolé, l'habitude... J'ai du mal à tutoyer les gens. Même Anaelyn j'ai eu du mal.
- Une raison à ça ?
- J'sais pas trop... Disons que pendant des années, je n'ai pas pu être proche de quiqu'ce soit, du coup, j'ai perdu l'habitude de l'faire. Par contre, Nalya tutoie tout l'monde, elle. Dans un sens, c'est un peu la façon de nous différencier.
- Comme quoi, rien ne vaut la prison pour être proche des gens. fit-elle en lui lançant un regard qui en disait long

Shalden lui répondit par un sourire en coin tout en se redressant pour s'asseoir.

- T'sais... J'ai toujours cru qu'vous... euh qu'tu me méprisais, quand j'étais en prison.
- Pourquoi ?
- Une impression... Tu d'vais me prendre pour un psychopathe doublé d'un schizophrène. A vrai dire... C'était un peu ce que j'étais.
- Ah, parce que ça a changé ? répondit-elle avec un sourire malicieux
- Tssss, très drôle, miss ! répliqua t-il en ébouriffant les cheveux de Tarae comme avait pour habitude de le faire Anaelyn
- Hé ! Ne t'y mets pas toi aussi ! fit la paladine en remettant ses cheveux en place
- Héhé, ça t'apprendra à t'moquer !
- Plus sérieusement, les interventions de Nalya me faisaient franchement peur. Mais quand c'était vraiment toi en face, avec Anae à côté, je me sentais bien ... C'est un peu bizarre dit comme ça, mais ces moments en prison sont de très bons souvenirs pour moi.
- Non, c'n'est pas bizarre, je pense la même chose.
- Enfin, tu n'es plus en prison et tout est rentré dans l'ordre.
- Ou presque...
- Encore un souci ?
- Disons que Nalya n'me contrôle plus... mais elle est encore présente.
- Je ... le savais .... mais pourquoi n'est-elle pas partie ?
- Et en quoi ça te regarde, blondinette ? répondit soudainement Shalden comme la question avait été pour lui

En effet, c'était bien Nalya qui avait parlé, mais ce n'était pas toujours facile de faire la distinction. Après un silence, le voleur fit une grimace d'agacement.

- Nalya, arrête de t'exprimer par ma bouche, s'te plait. marmonna t-il entre ses dents

Tarae soupira, inquiète à cause de l'intervention de Nalya.

- Hum... Disons qu'elle s'accroche à mon esprit comme une puce à un chien... Sa peur d'disparaitre définitivement doit être plus forte que le sort qu'on a utilisé pour me libérer.
- Pourtant, il va bien falloir qu'elle s'en aille... pour de bon.
- J'aimerai bien, c'est assez fatiguant d'avoir quelqu'un qui t'parle sans arrêt dans ta propre tête.
- J'imagine... Surtout avec son caractère.
- Et encore, elle s'est calmée ! Mais au moins, je suis libre de mes mouvements maintenant. D'ailleurs... Tu crois qu'c'est mal ce que j'fais ?
- Ce que tu fais ?
- Ouais, prendre des vies, entre autre... Tuer des gens est mon métier, mais... expliqua t-il en laissant sa phrase en suspend.
- Tu sais ... je ne cautionne pas le fait de tuer les gens, j'aimerai l'éviter autant que possible et vivre paisiblement. Mais dans le monde d'aujourd'hui, pour que les choses se calment, ça me semble malheureusement nécessaire ...
- Hum... marmonna Shalden, dubitatif
- Pourquoi tu me demandes ça, subitement ?
- Parce que j'pense que je devrais stopper... J'ai beaucoup de sang sur les mains et j'suis loin d'être un exemple.
- Tu es le mieux placé pour décider. Je doute que quelqu'un t'oblige à tuer contre ton gré.

*Va falloir que je lutte contre moi-même alors...* pensa t-il pour lui même

- J'aviserai. répondit-il en haussant les épaules.
- Tu as habilement changé de sujet, mais ça ne me dit pas ce qui ne va pas.
- T'en fais donc pas, j'me débrouillerai.

Tarae fit une moue embêtée tout en se grattant la joue.

- Si ça te préoccupe autant, parle en au moins avec Anaelyn.
- Mais je n'veux pas l'embarquer dans mes problèmes.
- Tu l'aimes ou pas ?
- Bien sûr que je l'aime, quelle question !
- Elle t'aime aussi, non ? Tu ne crois pas qu'elle est prête à tout écouter ? Une vie à deux, c'est un partage, même pour les problèmes. Elle est là pour toi, tes amis aussi...
- ... Tu as raison, j'ai toujours pu tout lui dire, elle a toujours tout accepté. J'ai beaucoup d'chance de l'avoir.
- Je ne suis pas au courant de tout ce qui t'es arrivé avant que tu ne sois enfermé, mais une chose est sûre : ça a changé.
- Ouais, on peut dire que ma vie a évolué d'une façon à laquelle je n'm'attendais pas.

Shalden se tût, réfléchissant un instant avant de prendre Tarae dans ses bras.

- Merci. J'vais aller appliquer tes conseils de suite. dit-il en se levant après l'avoir lâché
- De rien, je te facturerai mes honoraires à notre prochaine rencontre. répondit-elle en plaisantant
- Tu m'diras c'que j'te dois, ce s'ra avec plaisir. A bientôt, miss Tarae.

Il n'attendit pas de réponse et reprit sa route dans le sens inverse pour rentrer chez lui. Anaelyn devait être réveillée à cette heure là, il en profiterait pour lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Tarae avait en tout cas raison : les choses avaient changé et il était temps qu'il s'y habitue.

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Texte écrit en collaboration (enfin... presque xD) avec Tarae, que je remercie

J'ai écrit 4 lignes, mais je l'ai fait avec mon coeur u_u.

Je découvre avec plaisir tes écrits et j'aime beaucoup (c'est Kitty si tu ne le sais pas ^^)