Andaraelion le déchu

Liste des chapitres (régulièrement mis à jour)

Prologue :
Chapitre 1 : Le retour d'Andaraelion
Chapitre 2 : la chute d'un peuple
Chapitre 3 : Vers Grom'gol
Chapitre 4 : Objectif Goldshire
Chapitre 5 : L'intervention de Kronor
Chapitre 6 : L'assemblée des magiciens.
Chapitre 7 : La mort de Lucien
Chapitre 8 : La tour d'Azora
Chapitre 9 : Le plan d'Andhoral.
Chapitre 10 : Malkorn le Clairvoyant
Chapitre 11 : La bataille d'Hearthglen
Chapitre 12 : Le lien d'âme
Chapitre 13 : La trahison du Prince
Chapitre 14 : Le rituel d'invocation
Chapitre 15 : Le fragment de sang
Chapitre 16 : Kronor contre Andaraelion
Chapitre 17 : Le chute d'un orc
Chapitre 18 : La ranger de SilverMoon.
Chapitre 19 : Retour en arrière
Chapitre 20 : Le Roi-Liche l'emporte toujours
(l'histoire ne sera pas finie mais je n'ai pas encore déterminé la suite donc à venir)










Le soleil levant illuminait déjà le balcon d'argent, ses traits de lumières perçants les longs et soyeux rideaux bleus pâles. Dans l'atrium régnait une atmoshpère de fin de bataille, chaotique mais enivrant, la fête de la veille avait laissé quelques ravages. Les outres vides et les choppes brisées s'étendaient au sol au milieu des plats et des aliments dispersés en pagaille. Une table même était renversée et un dormait les mains sur le ventre et émanait de lui une puissante odeur de bourbon.

Dans ce décor de désolation, un autre elfe entra dans la salle et donna un violent coup de pied dans une choppe qui alla voler jusqu'au balcon pour s'écraser dans un bruit sourd de bois brisé.
Cet elfe était grand, mince, les cheveux blonds et longs pendant naturellement dans le dos. Ses yeux brillaient d'un bleu éclatant. Il regardait la salle avec mépris.

-Comment peut-on rendre une pièce dans un état aussi déplorable ?! C'est la décadence de la famille Signesol...

Il s'avança plus loin dans la pièce suivi d'une femme ravissante, aux yeux tout aussi bleus et étincellants, aux cheveux roux et retombant délicatement sur ces épaules. Elle regardait avec amusement, elle, le désastre provoqué par la fête qui eut lieu la veille.

-Vois-tu ?! Jaline ma chérie ? Ces bougres ne se sont pas génés pour dévaster tous nos biens !!
-Je le sais bien...
-En ceci dans notre propre demeure ! Nous nous plaindrons ça je peux te l'assurer ! Notre prestige ne sera pas souillé !

Andaraelion était le chef de famille et Jaline sa douce femme. La famille Starfury était sans nul doute l'une des familles nobles les plus respectées de la haute aristocratie. Elle avait prêté une de ses salles annexes à une autre famille, amicale, pour qu'elle puisse fêter le mariage de leur enfant aîné. Le résultat sous les yeux d'Andaraelion s'étendait tel un misérable chaos de serviettes, de choppes, d'assiettes et même de déjections buccales...

-Mais que s'est-il passé ici ? Demanda un serviteur de la famille Starfury arrivant sur les lieux en petite chemisette froissée et un court pantalon de lin.
-Ca ! C'est ton boulot pour aujourd'hui Raelis ! Railla Andaraelion.
-Grm... Vos souhaits sont des ordres...

Et le couple sortit laissant leur serviteur, puis les autres venus lui prêter main forte à leur lourde tâche. Ils allèrent marcher dans la rue, comme tout bon matin avant d'aller à l'académie. Andaraelion était un magistère renommé, un arcaniste de talent qui étudiait parmi une centaine d'autres arcanistes les secrets de la magie et du Puit Solaire. Nous étions à Lune d'Argent. Ce jour-là, un jour comme les autres allait pourtant très vite devenir enfer.

***

-Est-ce que la salle est rangée ? Demanda Andaraelion d'un ton brusque à Raelis.
-Pas complètement... il ne reste qu'à lessiver le sol et...

Il fut interrompu par une détonation provenant de l'extérieur.

-Ce n'est rien, rassura Andaraelion, surement une expérience au Sanctum qui a mal tourné...

A cet instant, une jeune fille d'à peine la dizaine d'années entra dans la pièce en souriant démesurément à Raelis.

-B'jour Monsieur Raelis !
-Bonjour Dame Andüin ! Répondit Raelis... Votre fille est adorable Seigneur Andaraelion, toujours un peu plus chaque jour...
-Oui merci Raelis, répondit-il en tendant sa main vers sa fille pour la faire venir près de lui, le portrait craché de sa mère hein ?
-Ca fait longtemps qu'on ne vous a point vu Monsieur Raelis, dit Andüin.
-J'ai beaucoup de travail.
-Raelis... va nous quitter Andüin...

Celle-ci se tourna brusquement vers son père, l'air choquée.

-Il entame une formation de forgeron auprès des maîtres-lames de Lune d'Argent... j'ai accepté après totues ses années à notre service...
-Oooohhhhh... on vous reverra quand même hein ?
-Nul doute Dame Andüin, nul doute ! Je vous verrai quand vous serez la plus puissante magicienne de la ville.

Tous sourirent.

-C'est demain c'est cela ? Demanda Raelis...
-Oui... demain je l'emmène à l'académie où elle entamera sa formation de magistrice... Elle possède déjà certains talents...

Une nouvelle explosion et une vive lumière illumina la pièce de la grande bâtisse des Starfury. Tous sursautèrent sauf Andüin.

-C'est peut-être en rapport avec l'orage... dit-elle d'un ton neutre.
-L'orage ?
-Vous savez père hier ? J'en ai parlé, ces gros nuages noirs au sud...
-Celà ne peut-être quelque chose de terrible hein ? Demanda Raeli moins rassuré alors qu'ils se précipitaient sur le balcon sud.

A leurs yeux s'étendit une vision d'horreur. Au-delà des fortifications de Lune d'Argent, qui se trouvaient relativement proches de la demeure Starfury, s'élevait une colossale forteresse volante d'où s'échappait des nuées d'horreurs infernales. Les cris et les explosions se multipliaient tandis que les bruits des premiers combats parvinrent à leurs oreilles. Andaraelion eut même le temps de voir des goules et des squelettes rampants envahir les rues par centaines.

-Raelis ! Raelis rejoint la caserne ! Janine ! Janine !

La femme rousse arriva à son tour terrifiée.

-Janine ! Prends Andüin avec toi et caches-là ! Cachez-vous toutes les deux !

Andaraelion avait déjà saisit son bâton lumineux de magicien pour bondir dehors. A peine après avoir franchit les portes de sa demeure qu'il se retrouva nez à nez avec une goule purulente qui le dévisagea malgré le manque d'expression de la terrible créature.

Andaraelion incanta en une fraction de seconde pour envoyer un trait de glace en travers le crâne de la goule qui s'effondra. Des centaines et des centaines, voire des milliers de morts-vivants s'engouffraient dans la ville et massacraient les innocents dans la rue qui fuyaient l'affreuse engeance. Il incanta à nouveau, rassemblant son sang-froid avant de lancer plusieurs boules de feu qui fauchèrent plusieurs squelettes en même temps. A la grosse surprise du magicien trois d'entre eux se relevèrent malgré les dégâts subis. C'était le chaos, c'était trop rapide. Les troupes hauts-elfes semblaient désorganisées dans cette partie de la ville. Il était seul.

Le combat ne dura pas. Alors qu'il frappait à nouveau une dizaine de morts-vivants à coup de projectiles arcaniques, une banshee s'éleva face à lui. A peine eut-il le temps de lancer sa main qui brûlait déjà de lancer le prochain sort qu'il fut frappé à la tête. Dérouté et effondré, il sentit une force le relever. Il se retrouva face à la terrifiante banshee. Il crut la reconnaître. Elle ressemblait à la générale des rangers... mais ça ne pouvait pas être elle.

-Pi... pitié...

Une douleur lancinante lui brisa le torse. Une énergie ténébreuse s'engouffrant dans toutes ses veines, une souffrance indicible et une implacable douleur le terrassa pendant de nombreux instants. Hurlant toute ses voix, toutes ses larmes, toute sa puissance... la magie le brûlait jusqu'à l'interieur de son âme, en fait, le temps n'existait plus. Seule restait la souffrance. Puis, enfin, son tourment prit fin. Il put voir une dernière fois le visage de la banshee avant de fermer les yeux et se laisser aller dans les ténèbres.

Je suis votre maître désormais... relevez-vous soldat du Fléau et servez à présent votre Seigneur Noir !

Le retour d'Andaraelion

Le silence régnait dans ce paysage tourmenté. La nuit écrasait de sa sinistre présence les quelques mouvements de vies perceptibles ici et pourtant quatre êtres se mouvaient avec l'agilité du tigre et la rapidité du guépard à travers les branches d'arbres et les buissons, les arcs levés et tournoyants sur eux-mêmes, les forestiers guettaient le moindre signe de danger dans ces forêts du Ghostlands.

-Jaella... on prend à gauche au prochain arbre mort... j'ai cru voir du mouvement à l'est.
-Comprit !

Les elfes aux yeux verts éclatants et tout vêtus de cuir vert changèrent donc de direction. Il prirent la direction des terres trolles s'enfonçant toujours plus dans la forêt sinistre. Les arbres devenaient de plus en plus gros, la canopée épaisse ne laissait plus passer le moindre rayon de lumière lugubre ce qui rendait encore plus noire la plus noire des forêts. De temps à autres, perçant le silence, un cri d'agonie, ou un hurlement de loup. Pourtant, les elfes ne ralentirent pas.

-Cap au nord maintenant...

Ils changèrent à nouveau de direction en s'approchant de huttes trolles et pendant plusieures heures inspectèrent les mouvements des Amanis.

-Ils sont calmes ?
-On dirait...
-On rentre faire notre rapport à Hélios ?
-J'approuve !
-Ok on y va !

Les elfes n'avait pas fait quelques centaines de mètres que l'un des forestiers stoppa net sa course, observant l'air inquiet les alentours. Les autres l'imitèrent mais plus par inquiétude et perplexité.

-Belilion ? Qu'est ce qui te prend ?
-Chut... vous ne trouvez pas comme tout est silencieux tout d'un coup ?

N'importe quel humain n'aurait aucunement sentit un changement d'ambiance dans un silence pesant depuis le début, pourtant ces elfes là s'inquiétèrent et brandirent leurs arcs.

-Ils arrivent !



Anéantissez-les... détruisez-les maintenant !

Il voyait. - “oui je vois”- mais il ne pouvait rien faire d'autre qu'obéir. Il voyait mais ne réfléchissait même pas aux conséquences de ses actes. C'était ainsi, la damnation éternelle. Il était comme une odieuse marionette, même pas maître de son corps puisque son esprit, à l'époque si vaillant et incroyablement instruit et intelligent, ne lui appartenait plus. Et pour cause. Il voyait mais n'en était même pas conscient. Il voyait des arbres mais ne savait pas ce que c'était, ni même ne s'en posait la question d'ailleurs. Il voyait quatre elfes, il ne savait ce que c'était pourtant cette voix lui disait qu'il fallait détruire ces êtres et sans se demander pourquoi, ni même comprendre ni en appréhender la raison, sa rage explosait de manière surnaturelle. Il ne se posait nulle question. Il dormait les yeux ouverts, il dormait mais voyait devant lui, et ces gestes devenaient les gestes du Roi-Liche.

-Défendez-vous ! Défendez-vous ! Tuez-les ! Tuez-en un maximum ! Tuez-en un maximum...

Il voyait des flèches passer au ras de sa tête, il s'en fichait, savait-il seulement que c'était des flèches ? Non, il avançait parcqu'il devait avancer, il ne savait pas pourquoi, il ne se posait pas la question et, s'approchant de l'elfe ayant le dos tourné, il plongea à la nuque du malheureux ranger acec une sauvagerie inégalable. Il le transforma vite en charpie et dévorait ce qu'il en restait. Il devait continuer mais alors une flèche lui transperça le ventre. Un forestier le regardait dans les yeux, préparant une nouvelle flèche et tendant au maximum la corde de son arc, visant le visage.

-Crèves engeance du Fléau !

Puis ce fut le trou noir. Comme avant sauf qu'il ne voyait plus. Il était dans le néant spirituel, celui où on n'existe pas en tant qu'être. On ne pense plus, on ne ressent plus, on est privé de toutes sensations, le temps et l'espace n'existent plus. On n'existe plus, on n'est plus.





-Je veux des explications !

Trois elfes de sang se tenaient face à une autre, agenouillée et apparemment terrifiée bien qu'elle l'eut caché avec efficacité. Les trois elfes portaient un tabard noir et rouge, l'insigne des fameux chevaliers de sang qui tenaient d'une main oppressante la toute nouvelle cité de Lune d'Argent. Celui du milieu parlait avec autorité et regardait avec mépris la petite elfe recroquevillée.

-Comment se fait-il qu'une noble jeune elfe soit venue nous raconter l'arrestation de ce Syldur Bloodtears alors que nous n'avons pas vu l'ombre de ses cheveux mmh ? Demanda t-il d'un ton pompeux.

Le chevalier de sang sur sa gauche s'avança levant son épée. Alors que la petite elfe balbutiait des mots incompréhensibles, elle fut saisit au col par le paladin.

-Nous n'avons pas besoin de votre service chienne ! Si ça ne tenait qu'à moi tu serais décapitée sur le champ....... ou pire...

Il lança un sourire mauvais à ses deux confrères qui lui rendirent ce sombre sourire.

-C'est uniquement parcque Seigneur Rommath vous fait confiance mais moi je n'y crois pas ! Alors parles saleté !

Sur ces mots brusques il frappa la jeune Andüin de Grapeshire qui s'affaissa légèrement.

-Je... j'essaye... d'vous... le dire.... Rommath a...
-SEIGNEUR ROMMATH CHIENNE !!!!!!!! Tu te prétends avec nous et sous ses ordres tu ne témoigne même pas le respect qui lui revient de droit !
-Seigneur Rommath... sait que les ... Fils de QuelThalas sont des révolutionnaires... mais... Mais les témoignages ne suffisent pas pour eux...
-Ce n'est pas à toi d'en décider roussette ! Rétorqua l'elfe du milieu.
-C'est... ainsi...
-Comment ça ?

Andüin saignait de la bouche et un hématome bleuâtre se formait déjà au niveau de l'arcade.

-Ce que... Seigneur Rommath... souhaite... sont des informations plus précises, leurs buts, leurs actions à venir, leurs recrues...

Les trois chevaliers regardaient la petite silhouette rousse repliée sur elle-même pendant un instant. Ils parurent presque convaincus.

-Tu as donc bien procéder à l'arrestation de Syldur Bloodtears il y'a deux jours comme le témoignage que nous avons reçu le confirme ?
-Ou... Oui...
-Et tu pourras sans nul doute nous dire pourquoi il n'est jamais parvenu dans notre quartier ?
-Parcque... parcque les charges retenues contre lui... lors de l'arrestation... n'étaient pas suffisantes... Il a juste avouer en public ce que... nous savions déjà... Qu'il est un traître. Mais ce n'est pas ce que veut Seigneur Rommath...
-Relèves-toi !!!!!!! Garce !

Le chevalier qui l'avait frappé prit ses cheveux à pleine main et la releva par la force en tirant. Elle poussa un cri de douleur en se relevant, sentant son crâne craquer sous la force ascendante. Puis le chevalier posa délicatement une main derrière sa tête, lui fit un grand sourire et leva un genoux pour écraser son visage dessus. Un jet de sang jaillit du nez de la malheureuse De Grapeshire alors qu'elle se laissait retomber en arrière. La douleur lancinante de la face lui faisant tourner la tête, aveuglée et tremblante.

-Ceci n'est que le début chienne ! Tu nous a convaincu cette fois-ci ! Imagines ce qui t'arrivera quand tu nous convaincra pas la prochaine fois ! Relèves-toi et retournes espionner ces Fils de Quel'Thalas... Balances-les nous et tu recevras ta juste récompense !
-POUR LE PRINCE KAEL'THAS !
-POUR LA LUMIERE !


Andüin balbutia un léger “pour... Kael”. Avant de s'éanouir, le visage aspergé de sang.

La Chute d'un peuple

Andüin se tenait seule, affalée sur la table de l'auberge de la Place de la Bourse. Ses larmes coulaient à présent sans retenue. Son uniforme noire en cuir élaboré tâché de sang et de poussières, ses cheveux en pagaille, elle n'avait plus l'air d'une innocente jeune fille joviale et gaie. Elle n'en pouvait plus, peut-être était-elle aller trop loin. Peut-être Sir Rhomadric avait-il raison. En effet, deux jours auparavant ce dernier avait suggéré à Andüin de provoquer une bataille dans l'enceinte même de la cité pour ensuite récupérer les corps des gardes tués pour faire croire à des traitres du Prince, ainsi serait-elle enfin acceptée ? Elle ne pouvait non plus accepter celà, c'était trop risqué et invraisemblable. Trahir les Fils de Quel'Thalas, ses amis et sa famille n'était pas non plus la solution, elle s'était mise dans cette situation pour les sauver. Mais la peur s'engouffrer en elle, chaque particule de son corps tremblait, elle n'avait plus aucune chance. Elle-même avait demandé à Syldur de ne rien lui révéler des choses importantes afin qu'en cas de torture elle ne puisse pas parler.
Mais son courage et son héroïsme était arrivé à bout. Elle avait peur et réfléchissait à toute vitesse sur le moyen de s'en tirer. Si elle n'offrait pas aux chevaliers de sang quelqu'un qui puisse les satisfaire ou fournir une information capitale, elle finirait en patûre aux démons, tel était le pacte entre le Prince Kael'Thas et la Légion Ardente. Pourquoi fallait-il qu'elle aille aussi loin pour sauver des vies ?
Elle regardait autour d'elle, seul Tastevin le marchand d'alcool rangeait quelques choppes dans l'armoire, et le reste de l'auberge vide. Qui donc se souciait de sa vie à présent ? Elle attendait des bruits de pas, des voix d'elfes et à chaque fois elle se retournait brusquement de crainte de voir des paladins corrompus l'arrêter pour l'emmener dans les ténèbres. Andüin de Grapeshire. Elle se souviens alors. Elle aurait dû finir magistrice ce jour-là, devenir une puissante arcaniste, nul besoin de travailler dans l'ombre à trahir ses semblables, tout du moins le faisant croire. Elle aurait fait fierement face comme eux : Syldur, Zaphira, Kaltezar, Stylean, Anarriel, Kronor, Severnaya, Bayle, Elebrinda, Démoniaka, Uzlag...... Tous... Elle se souviens alors...



Le vacarme de l'extérieur devenait insoutenable, les cris de terreur et d'agonie laissaient peu à peu place aux caquètements inhumains et aux rires mortels des êtres purulents qui tel un raz de marée s'enfonçait dans la magnifique cité de Lune d'Argent déjà partiellement en ruine. Andüin était recroquevillée de terreur dans le placard. Elle avait cru entendre le cri de son père devant le seuil mais n'en était pas sur. Sa mère regardait avec effroi la porte qui tremblait sous les coups portés par les morts-vivants. Alors qu'elle volait en éclat, une puissante déflagration secoua toute la salle, des éclats de rocs et de vitres volèrent en tous sens et un nuage de poussière s'étendit et s'aplanit au sol. Une colossale abomination surgit alors dans les décombres face à Jaline de Starfury, hoquetant pitoyablement face à la vision cauchemardesque qui avançait maintenant en faisant claquer les chaines qui pendaient de son corps.

-Pi... Pi... Pitié ! Pas ma fille..... Pitié ! Je ne....

L'abomination gigantesque ne la laissa pas finir. Il leva un de ses quatre bras distordus et envoya une énorme chaine cloutée en travers la salle dans un mouvement rotatif parfait. Et, sous les yeux d'Andüin, Jaline fut foudroyée sur place. Son regard se tétanisa et elle s'effondra, son corps se détachant en deux morceaux ensanglantés dans la chute. Le monstre de chair et de viscères sauta comme un dément sur le cadavre de Jaline pour écraser encore plus la chair elfique et les goules se précipitant sur son corps pour la dévorer, telle une orgie de sang et chair.

Andüin restait là, pleurant et toussant à cause de la poussière, le vacarme au-dehors devenait plus intense à chaque secondes, les bruits de pas des goules, des squelettes et des nérubiens faisant même trembler le sol et tous se précipitaient vers de nouveaux massacre. Elle finit cependant par sortir en poussant timidement la porte du placard. Elle toussait de nouveau, prise à la gorge par l'atmosphère densement poussiéreuse. Le corps de sa mère ne ressemblait plus à rien d'autre qu'un tas sans aucune forme définie de chair aplatie et de sang. Le cadavre d'une autre elfe, une bonne de la famille gisait cloutée sur le mur. Andüin ne l'avait pas vu alors, sa tête à moitié décapitée pendait misérablement de son corps marqué de coups de fouets et de ses membres cloués coulaient des flots de sang. Elle éructa d'effroi puis s'affaissa en vomissant un liquide biliaire caractéristique d'une horreur vécue au-delà de la résistance mentale d'une jeune enfant.

C'est alors qu'une voix froide et sinistre se fit entendre, s'échappant des murs même et du sol ensanglanté et par-dessus les bruits de combats, elle se faisait puissante. Andüin écouta attentivement.

-Citoyens de SilverMoon ! Je vous ai laissé maintes occasion de vous rendre ! Mais vous avez refusé avec obstination. Aujourd'hui c'est toute votre race et votre héritage qui vont disparaitre... La mort elle-même vient revendiquer la Haute Demeure des elfes !

Elle ne voulait plus bouger, c'était fini elle allait mourir ici dans sa maison et foudroyée par un élan de maturité, de sagesse et de compréhension, elle posa ses mains en croix et se laissa tomber sur le dos, attendant avec patience la mort qui la frapperait bientôt.

Ce ne fut qu'après s'être endormie qu'un vacarme plus audible cette fois jaillit de la rue juste là, de l'autre côté des décombres du hall. Des fuyards hauts-elfes, certains portant des blessés, d'autres saignants de tous leurs corps mais courant quand même. Ce petit groupe disparut rapidement laissant tomber un silence pesant et effroyable. C'est alors qu'un jeune elfe, blond et particulièrement séduisant entra en bondissant sur les rocs de la demeure Starfury.

-Il y'a quelqu'un ici ? Il y'a quelqu'un ?

Andüin releva la tête de manière à ce faire voir de ce nouveau venu.

-Oh ! Mais... Que fais-tu là toi ? Ce n'est pas un endroit pour une petite fille ! Allez viens avec moi !

Mais Andüin se laissa retomber, fixant le plafond craquelé. Elle ne répondait pas aux avances de l'elfe. Il vint jusqu'à elle.

-Comment t'appelles-tu ?
-Andüin...
-Andüin comment ?
-Starfury...
-Et bien Andüin de Starfury, ça te dirai de venir avec moi ? Où sont tes parents ?

Elle ne répondit pas mais à la vue de cette expression désemparée il finit par comprendre.

-Andüin, tu es toujours en danger ici... Les morts marchants parcourent la ville et massacrent tous ceux qu'ils trouvent... Il faut vraiment s'en aller Andüin !
-Je veux pas partir...
-Nous n'avons pas le choix !
-Je veux rester ! Je veux rester !
-C'est pas le moment de faire un caprice hein ! Andüin ! Si nous ne partons pas maintenant nous serons encerclés...
-C'est ma maison ici... je veux pas partir !
-Raaaaahhh et têtue avec ça ! Très bien restes ici... Moi je m'en vais.

Et l'elfe en lançant un dernier regard suppliant à la jeune fille rousse s'en alla en courant alors que les bruits de caquètements démoniaques revenaient dans une cacophonie lugubre de mort et de désolation.



-Dame Andüin ! Dame Andüin ! Je ferme maintenant il est vraiment très tard...

Andüin releva la tête, elle s'était endormie sur la table de l'auberge. Ses yeux vitreux et son teint pâle alerta immédiatement Tastevin.

-Quelque chose ne va pas ?
-Si tout va bien Tast merci... répondit-elle en reniflant de tristesse.

Elle se laissa aller dehors, portée par ses jambes sans qu'elle leur en donne l'ordre. Elle lança un regard au ciel étoilé puis à l'auberge qu'elle venait de quitter. Elle s'approchait du mur qui faisait face à la banque de la Bourse Royale. Elle posa une main délicate pour caresser le mur et se remémorait cette image d'un mur fracassé par l'abomination qui tua sa mère juste après... Ce mur avait été reconstruit et cette auberge était ce qu'il restait de l'ancienne haute Demeure des Starfury. Elle sourit.



Les ténèbres se firent lumière, la nuit devint jour, et par-delà l'inconscience les rayons de lumière vinrent briser la déchéance d'un esprit troublé. Andaraelion fronça les sourcils. Il était allongé et regardait à présent la canopé lugubre des arbres des Ghostlands et la lumière du soleil transperçait avec force, malgré les ténèbres ambiants, le feuillage. Pour n'importe quel être elfique, c'était une nuit lugubre et féroce, pour Andaraelion réveillé, il se trouvait dans une lumière apaisante, réconfortante.
Peut-être n'était-ce pas la lumière qui l'apaisait, peut-être lui manquait-il quelque chose ? Ou avait-il retrouvé quelque chose ? Oui il était réveillé, vraiment réveillé. Il leva son bras et passa sa main décrépite devant ses yeux. Il avait fait ce mouvement construit et réfléchit de son propre chef. Il se moquait de son état physique, il testait, observait ses capacités. Il voulut fermer les yeux pour réfléchir mais craint alors de ne plus pouvoir les ouvrir, il voulait maintenant et avant tout profiter de cette vision paradisiaque, la vision précise des choses qui l'entouraient. Il se redressa.
Il n'avait plus qu'un squelette en guise de jambes, un trou béant laissé paraitre ses viscères purulentes au niveau de la hanche gauche et les os de ses bras ressortaient au niveau des épaules et ses coudes n'avaient plus de peau ni de chair pour protéger son squelette désormais à l'air libre. Sa peau avait changé de couleur, d'un rose pâle elfique, elle n'était plus que d'un vert pourri, virant selon les zones du corps d'un bleu décrépit aux pustules rougeâtres de son torse. Il était également nu. Plus de parties intimes, et plus d'oreilles pointues, à la place deux trous béant s'enfonçant dans le crâne. Ses cheveux même, avant si blonds et soyeux pendaient misérablement dans sa propre crasse, et verdâtres.

-Que... Que suis-je devenu ?

Ce questionnement le foudroya alors, sa cervelle avait-elle subie des changements également ? Il pouvait réfléchir et se poser des questions. Alors la vérité éclata dans son esprit comme à la fois un grondement de tonnerre et un cor de victoire : il n'était plus sous l'emprise du Roi Liche ! Il était Libre !

-Libre... Comment peut-on être libre ainsi ?

Il s'observait, n'y croyant guère.

-Plutôt sombrer dans le Néant que de vivre ainsi ! C'est un cauchemar je vais me réveiller...

Il se relevait observant les alentours. C'était un véritable champ de bataille. Des dizaines de cadavres décomposés gisaient autour de deux corps mutilés d'elfes. Il n'arrivait pas à se souvenir précisément ce qu'il s'était passé, quelques visions troubles et le honteux sentiment d'avoir été manipulé dans tous les sens du terme. Il revoyait le visage de cette puissante banshee qui l'avait terrassé, lui, le grand Andaraelion de Starfury. Qu'étaient devenus sa fille et sa femme ? Il était bousculé, il ne comprenait pas mais savait une chose, inconsciemment : il devait retourner à Lune d'Argent. Et le plus vite possible. Il devait retourner dans la bataille ! Détruire les forces du Fléau qui pouvait rester en ville ! Protéger les innocents qui pouvaient encore l'être !

-J'arrive ! Lune d'Argent ! Je te protégerai jusqu'à la mort....

Façon de parler.



Toute la nuit Andüin avait marché. Elle se remémorait plus ou moins ses souvenirs de petites filles, les amusements avec son père. Elle se les remémoraient car elle avait tout raconté à Anarriel sa futur grand-mère adoptive par alliance pour cause soi-disant de protocole administratif. Ses pensées se bousculaient à présent. Elle le savait, depuis qu'elle avait commencé ce travail aux côtés de Rommath pour la Horde et pour Orgrimmar. Elle savait ce qui lui restait à faire : mourir.
Elle se mit au garde à vous toute seule, au milieu de la rue.

-Qu'il en soit ainsi !

Puis, après avoir eut un visage ferme de courage, celui-ci s'affaissa dans la crainte et le désespoir.

-Non... je ne peux pas... je ne...

Elle se figea sur place face à un buisson qui la regardait. Des yeux d'un jaune éclatant la fixait au travers le feuillage à peine éclairait par la lune de l'arbuste. Plusieurs instants se passèrent avant que les yeux ne disparaissent et que le buisson ne soi secoué d'un mouvement.

-Chien d'espion !

Elle tira son couteau de lancer et l'envoya d'un geste vif en travers du buisson. Trop tard, un réprouvé jaillit du feuillage et s'élança de toute la vitesse qu'il pouvait donner dans la rue. Au lieu de le poursuivre, Andüin resta là, à contempler le fuyard mort-vivant. Elle pensait à un espion des chevaliers de Sang, ou autre chose mais certainement pas un réprouvé.

-Tu as de la chance minable.... Je dois faire ce que j'ai à faire..... Je n'en peux plus, c'est maintenant ou jamais.

[a suivre]


(Andüin à l'heure actuelle a lieu après le retour d'Andaraelion parmi les sains d'esprits... y'a donc un petit décalage dans le temps entre les différentes parties vous l'aurez comprit )

Vers Grom'Gol

Andüin avait quitté la cité au petit matin, un sac rempli du strict nécessaire et ses armes. Elle avait quitté sa chambre pour se rendre directement à Fossoyeuse, alors que le palais dormait encore. Ne tardant guère dans les ruines de l'ancienne capitale de Lordaeron, l'elfe de sang se précipitait le plus rapidement possible vers la tour d'embarquement des zeppelins.

-Un aller simple pour le poste de Grom'Gol gobelin s'il vous pl...

Elle fut interrompue.

-On voit que vous ne voyagez pas beaucoup sur nos lignes elfe ! Nous mettons nos transports au service de la Horde ! Nous avons un salaire ! Un très bon salaire si vous voulez mon avis ! Bon même si le climat n'est pas très enviable ici, comparé à mon frérot à Strangleronce, lui, il est payé comme moi sous le soleil et les cocotiers ! Non mais vous imaginez ? J'aurai préféré même être à Orgrimmar rien que pour avoir le plaisir de manger quelque chose qui n'a pas le mauvais gout de bouger plusieurs semaines après sa mort ! Enfin, tout cela pour dire que c'est gratuit ! Et en plus vous avez de la chance, le prochain départ est prévu dans à peu près dix minutes !

Andüin regarda par-dessus le gobelin et l'extrémité du ponton.

-Et il est où le zeppelin ? Demanda t-elle.
-Et bien justement il est.... Ah ? Euh... Bein il devrait être là... Toujours en retard ce bougre ! Il a dû tomber sur une tempête... Bon et bien le départ est prévu quand le zeppelin arrivera, quand il aura fait son approvisionnement, en passagers et en vivres et c'eeeessssstttt paaarttttiii !!!!!!!!
-Mmh... Je vois.

Sur ces mots, Andüin s'assit contre le mur de la tour, à une bonne vingtaine de mètres du sol sur des planches à moitié moisis et attendit. Encore et encore...

Trois heures plus tard, le soleil perçait les nuages lugubres qui planaient constamment au-dessus de Tirisfal. Les gobelins s'affairaient alors que le zeppelin était enfin arrivé. Quelques orcs et réprouvés débarquèrent, autant embarquèrent puis Andüin suivit le groupe montant et prenant place sous le gros ballon en forme d'ovale violet et rouge.
L'imposante structure était ingénieuse. Une énorme hélice tournait grâce à un mécanisme très certainement compliqué, pensait Andüin, une technologie gobeline telle qu'on aime lui faire confiance.

-Ca risque pas de s'écraser ou d'exploser quand même ? Demanda l'elfe au gobelin.

Les oreilles du petit être, aussi pointues que celles d'Andüin se rétractèrent.

6on voit bien que vous n'avez jamais... jamais utilisé de technologie gobeline ! Y'a pas plus sur au monde entier !

-Je n'en doute pas...

De nombreuses minutes plus tard, l'hélice pivota dans un raclement inquiétant puis elle se mit à tourner de plus en plus vite, effectuant des mouvements de côté pour diriger le dirigeable.

-Celui-là est tout neuf ! Dit un gobelin aux côtés de deux orcs près d'Andüin. On l'a appelé l'Hindenburg ! Pas mal non ?
-Oui... c'est rassurant.

L'elfe rousse alla s'installer à l'avant du zeppelin, assise contre une balustrade et laissa tomber sa tête contre. Un réprouvé la regardait, elle n'y fit pas attention, au contraire. Elle fermait les yeux, tout devint flou et tout s'éteint, sans même y penser de nouvelles images prenaient formes dans son esprit.




La petite elfe s'était levée et se dirigeait à présent vers la porte, bien que tout un flanc de mur eut été soufflé, elle parvint par-delà les décombres à atteindre la petite porte en bois décoré qui tenait à peine sur ses gongs, juste à côté du trou béant qui donnait sur la rue dévastée. La vision d'horreur s'amplifia. La rue était couverte de cadavres en pleine décomposition rapide, des marques d'explosions, du sang, beaucoup de sang dont un petit ruisseau coulait au milieu de l'allée pavée passant au milieu de la place de la Bourse Royale. Dans le seul arbre resté debout, des dizaines de corps pendus ou plantée à même les branches devenues informes et pointues, comme si la nature elle-même avait été souillée par l'immonde corruption ravageant le sol de Silvermoon.

Le ciel était noir et rouge, noir comme les épaisses fumées qui recouvraient tout, rouge comme les flammes ardentes ravageant la ville et se reflétant sur l'épais bouclier nuageux. Des petites étoiles rougeâtres s'élevaient dans le ciel. Ce qu'Andüin prit au début comme des étoiles n'étaient autre que les milliers étincelles naissant des incendies. Des cris. Encore et toujours des cris, l'agonie, la souffrance, l'effroi se mêlant aux rires inhumains et aux sinistres caquètements de créatures terrifiantes. Des bruits de maisons détruites et de pillages sanglants. Deux heures avant, cet endroit rayonnait de lumière et d'activité elfique. Maintenant, plus que mort et chaos envahissait cet ancien paradis.

La petite Andüin de Starfury marcha plusieurs minutes toute seul dans les ruines fumantes et la rue défoncée. Elle voulait trouver de l'aide. Elle ne savait pas où aller mais elle avançait. Elle voulait trouver de l'aider car elle croyait que ses parents étaient encore vivants. Surement un puissant magicien allait redonner vie à sa mère et retrouver son père disparu, car, après tout, tout cela n'était pas réel. Ca n'existe pas, pensait-elle.

-Il n'y a plus d'âmes qui vivent ici...

Andüin se retourna brusquement. Un haut-elfe blond habillé de manière simple, un pourpoint en cuir blanc et des jambières en cuir raffermi, il paraissait gigantesque devant la très jeune enfant.

-Et voilà que je tombe sur une enfant... Qui aurait crû qu'un trésor pareil aurait survécu à l'attaque ?
-B'jour... Je m'appelle Andüin de Starfury et maman a besoin d'aide...

L'elfe sourit.

-Et moi je suis Jer'om. Jer'om tout court.
-Vous avez bien un nom quand même ?
-Et bien ? C'est cela mon nom ! Jer'om Toucour !

Andüin fronça les sourcils et l'elfe éclata de rire. C'était bien le moment de rigoler.

-Mais non mais non voyons... Mon nom est sans importance pour moi miss de Starfury, je ne viens pas du même monde que toi...

Il s'était approché et agenouillé auprès d'elle, tenant son épaule gauche et serrant d'une étreinte amicale.

-Alors dis-moi, Andüin Lothar, -il pouffa- où est ta maman qui a besoin d'aide ?
-Elle est là-bas... Chez moi mais un monstre l'a tué alors faut aller la réveiller...

Jer'om regarda quelques instants Andüin avant de baisser la tête.

-Tu sais trésor, je ne suis pas sur que se serait très bien de la réveiller, oui elle est partie dans un autre monde mais elle n'est pas vraiment morte... En fait c'est plus compliqué que je t'explique.

Il vint se placer derrière elle tout agenouillé et regardant le ciel ardent, Andüin l'imitait.

-Ta maman est allé rejoindre ceux qu'on appelle les ancêtres...
-Les ancêtres ?
-Oui, en fait son corps est tombé mais son esprit est toujours là, elle nous observe en ce moment-même.

Jer'om avait prit une voix très douce et rêveuse, rassurant considérablement Andüin qui malgré son stoïcisme stupéfiant pour une fille de son âge n'avait pas pu cacher une certaine forme de tristesse et de peur.

-Elle nous regarde, ainsi que tous les gens qui sont morts dans cet arbre là-bas. Et ceux là - il montra un tas de cadavres brulant contre un mur renversé et des gravats – également, surveillent leurs proches. Ta maman vit toujours dans ton coeur et dans ton esprit Andüin et je suis sur qu'elle est tombée pour toi.
-Elle m'a caché dans un placard...
-Alors tu vois ? Elle t'a caché pour que tu vive et qu'elle puisse rester auprès de toi toute ta vie, ici et là – il montra la poitrine et la tête d'Andüin – et c'est pour ça qu'il faut que tu survive.
-Est-ce que je la reverrai un jour ? Demanda t-elle, une larme commençant à couler sur sa joue.
-Et bien... Oui tu la reverra, mais pas encore. Ton heure viendra et tu la rejoindra parmi les ancêtres, mais pas encore. Tu as encore plusieurs centaines d'années devant toi n'est-ce-pas ? Tu dois vivre Andüin et rendre le sacrifice de ta maman utile, qu'elle ne soit pas tombée pour rien.
-D'ac... D'accord... Qu'est ce que je dois faire ?
-Venir avec moi, fuir cet endroit car ce n'est plus le meilleur lieu pour grandir en paix en présent... Tu veux bien ?

Andüin approuva d'un signe de tête et se laissa porter par Jer'om qui se mit ensuite à courir dans une direction quelconque.

-On va trouver une cachette et attendre qu'il fasse jour d'accord ? On ne peut surement pas sortir encore, les morts-vivants pullulent dans toutes les directions... Il ne faut surtout pas sortir de la ville... Pas encore.

[en effet, le groupe de fuyards qui avait proposé plus tôt à Andüin de partir avec lui est tombé sur une embuscade à la sortie de la ville, des gargouilles et des nérubiens ont emportés et tués les malheureux survivants, qui ne le sont plus d'ailleurs, le siège n'était pas encore levé]


-Dame elfe... dame elfe !

Andüin releva la tête, une larme à l'oeil.

-Ca ne va pas ? Demanda un gobelin timide et plus petit que ses camarades techniciens.
-Sisi... C'est bon... On est où là ? Déjà arrivés ?
-Oh bien sur que non ! On doit être au large de Khaz Modan à l'heure qu'il est mais vous avez dormit longtemps et manquer un repas... Bah tenez ce sandwich, de la chair fraiche de crocilisque marin qu'on trouve à Strangleronce, il en restait du dernier voyage.
-M... Merci.

Andüin se repassait plusieurs fois la scène qu'elle venait de revivre en rêve, une scène tragique de sa vie puisqu'elle entamait la plus terrible période de sa vie. Jer'om par la suite lui avait promit de quitter Silvermoon dans les jours qui suivraient. Ils n'avaient jamais quitté les ruines pendant trois années. Trois années à attendre et à survivre jusqu'à ce que des sin-doreïs ne reviennent bâtir une nouvelle cité splendide sur les ruine de l'ancienne capitale de Quel'Thalas et porteur de l'espoir que le prince Kael-Thas les emmènerait tous dans un monde paradisiaque. De quoi éveiller l'intérêt.

Elle repensait à Jer'om, qu'elle comprenait maintenant. Un elfe désemparé au milieu du carnage, tombant nez à nez avec une petite fille insouciante. Les seuls mots qui lui étaient venus, l'humour et une incroyable décontraction. Par instinct il la fit rire et à aucun moment ne montra une quelconque inquiétude malgré la désolation. Pourquoi ? Pour la faire rire, pour la faire sourire et qu'elle oublie la peur. Malgré le Fléau, son seul but était de rendre l'horreur rigolote, la mort amusante aux yeux d'une jeune fille insouciante qui ne méritait pas de subir l'étendue du désastre. Et elle avait rit plusieurs jours durant aux blagues acadabrantesques de ce fameux Jer'om, poète doué et jovial. Jer'om qui n'avait encore jamais reçu rien d'autre de plus merveilleux que le sourire et l'admiration d'une jolie petite elfe rousse, et qui vivait aujourd'hui toujours sous le pont à l'entrée de Silvermoon.

La nuit tombait sur la Grande Mer, les rayons lumineux variant du jaune pâle à l'orangé puis enfin au rouge de plus en plus foncé et le fameux rayon vert qui dura quelques secondes alors que le soleil passait sous la ligne d'horizon. Le ciel s'obscurcissait et les étoiles apparaissant les unes après les autres bien qu'il fut difficile d'en voir énormément à cause de la taille disproportionné du ballon. Le silence envahit le ballon, les passagers s'endormant les uns après les autres et seuls le léger vacarme de l'hélice et du moteur rompaient cette douce monotonie.

Objectif Goldshire

La pluie frappait la végétation sauvage avec éclat, parfois un grondement de tonnerre surpuissant rompait dans un vacarme indescriptible la tranquillité de la jungle. Tous les animaux étaient à l'abri, les raptors sous les troncs d'arbres, les panthères, tigres, basilics et gorilles dans leurs tanières attendant la fin de cette tempête saisonnière incroyablement violente. Seuls les crocilisques et les murlocs ne semblaient pas dérangés par le cataclysme climatique.

A Grom'gol, avant-poste de la Horde, un zeppelin avait dû rester sur place par précaution, les vents d'altitude soufflant trop violemment à ce point même que les gobelins eux-mêmes avaient ordonné l'arrêt des voyage jusqu'à nouvel ordre. Trois orcs, un réprouvé et une elfe attendaient sous une grosse tente près de la tour des zeppelins. Andüin regardait les orcs, le réprouvé étant venu avec elle à bord du dirigeable, l'intérêt grandit quand elle demanda.

-S'il vous plaît... j'aimerai avoir quelques informations...
-Throm'ka elfe ! Ce que vous voudrez... dans les limites de ma compétence.
-Y'a t-il beaucoup d'humains ici ? Demanda t-elle.
-Par les esprits non ! Les seuls qu'on peut trouver dans cette jungle sont les sbires abjectes de Kurzen, au Nord... Mais très peu connaissent leur emplacement et si vous voulez mon avis je vous déconseille d'alelr y faire un tour, ils vous attaqueraient à vu...
-Non merci, c'était juste pour information... Et... Plus au nord ?
-Ooooh !!!!! Là vous touchez un sujet intéressant dame elfe, s'enquit l'orc. Plus au Nord se trouve la vallée D'Elwynn, le royaume des humains d'Azeroth.
-Vous avez des infos sur l'emplacement de villages, ou d'avant poste de l'Alliance ?
-Vous comptez lancer une attaque ou quoi ?

Tous ceux sous la tente éclatèrent de rire, sauf Andüin qui pouffa avec effort, et le réprouvé qui observait l'elfe avec intérêt.

-Bah... On voit que vous êtes jeune, je présume que vos maisons pleines de livres à Silvermoon vous aurez suffisamment renseigné.

Andüin ne dit rien, en effet il aurait été plus discret de prendre une carte, mais elle avait dû improviser. Son plan n'avait prit une consistance concrète que tout récemment.

-Je dois... m'y rendre à la recherche de cuir et de plantes que l'on trouve en Elwynn, je veux des informations sur les humains pour...
-Les éviter c'est cela ?
-En effet.
-Bah vous n'êtes pas la première et certainement pas la dernière ! Bon, que sais-je ? La partie sud de la vallée est un endroit extrêmement dangereux. La forêt a dû subir une magie démoniaque ou quelque chose dans ce genre car les arbres sont flétris, les monstruosités pullulent et attaquent tous les villages isolés, si bien que les humains là-bas sont sur leur garde. Vous devrez faire très attention si vous traverser cette région.
-Y'a quoi comme monstre ? Demanda la sin'dorei inquiète.
-Des morts-vivants, des yorgens enragés et des loup-garous pour les plus dangereux. Evitez également Darkshire, la capitale du coin si je puis dire, elle est puissamment gardée...
-Merci merci... je ne m'attarderai pas...
-Bon, c'est dans votre propre intérêt. Ensuite, la partie nord d'Elwynn. Une forêt banale, quelques tours de gardes et bastions militaires mais rien à signaler de dangereux. Evitez d'aller trop au nord vous risqueriez de buter contre les remparts de Stormwind et inutile de vous dire que leurs archers ne vous manquerez pas en sortant de la forêt...
-D'accord, j'éviterai.
-Evitez aussi Goldshire, une ville au sud de Stormwind, au coeur de la forêt. C'est truffé d'humains et autres, c'est là que se pose la foire de Sombrelune parfois...
-Goldshire ?
-Goldshire...

Andüin sourit.

-Et bien merci pour ses informations Sir orc.
-Avec plaisir.
-J'y accours !
-Vous voulez pas attendre la fin de la tempête ?
-...

Andüin quitta la tente et se dirigea vers la forge où travaillaient les artisans de la maille, non pas par intérêt mais attirée par la chaleur dégagée du fer en fusion. En effet, un froid strident s'était abattu sur la jungle.



Les heures étaient passées et déjà la nuit menaçait de tomber à chaque instant. Le soleil avait disparut à l'horizon et les gros nuages qui s'étaient éloignés dans la journée prirent une teinte rose-rougeâtre d'une beauté exceptionnelle. Agile et rapide, fondant l'air et les buissons, Andüin courait sans relâche à travers l'hostile jungle de Strangleronce. Elle bondissait sur les arbres, s'accrochant parfois aux basses branches, l'oeil aux aguets de tous dangers. Parfois, elle croisait des tigres et des panthères, mais à aucun moment ne fut inquiétée.

Avant de partir de Grom'gol, l'orc lui avait également confié d'éviter de trop s'égarer vers l'est, la forteresse hakkari de Zul'gurub infestée de trolls hostiles. Ainsi, la jeune elfe craignait en premier lieu les trolls. Enfin, elle finit par faire une pause à l'ombre d'une sorte d'effigie trolle géante en marbre, posée contre les ruines d'un mur. Ce devait être un vestige de l'ancien empire gurubashi -songea Andüin.

Elle avait également eut le bon gout de s'arrêter dans la journée près d'un jeune panthère pour le tuer et relever un morceau de viande saignante qu'elle cuit alors. Le feu crépitait sous la cime des arbres légèrement ondulant selon le bon vouloir de la brise maritime. La vie dans la forêt, voilà quelque chose à expérimenter.

-J'ai eut du mal à te suivre... Tu es vraiment rapide, même pour une elfe !

Andüin sursauta et brandit sa lame de sa main droite, son morceau de chair cuite dans l'autre.

-Vous ! Vous êtes le reprouvé du zeppelin ! Vous m'avez suivi !

Le réprouvé avait les cheveux verdâtres longs qui tombaient sur ses épaules, des os ressortant par ses épaules et la quasi totalité des articulations du corps n'étaient plus protégées par de la chair, même pourrie. Il était habillé d'une simple veste en tissu, et d'un pantalon déchiré.

-Cela fait plusieurs jours que je te suis mon enfant... Asseyons-nous donc j'ai pas mal de choses à te dire...

Sans lui demander d'autres avis, le réprouvé s'assit près du feu, devant une elfe éberluée.

-Assieds-toi je t'en prit ! Je ne voudrais pas avoir l'impression que je te force à m'accueillir.
-Bein...

Elle finit par s'assoir, tout en gardant une jambe semi-pliée comme se préparant à bondir et une dague dans la main droite.

-Je te suis depuis plusieurs jours donc...
-C'était vous l'autre soir à Silvermoon ? Dans le buisson ? Demanda t-elle s'enrageant.
-Oui c'était moi... Mais laisses-moi t'expliquer... En fait je préfère que tu me dise ce que tu compte faire...

Elle éclata d'un rire sardonique et vicieux, ignoblement faux.

-Et vous croyez que je vais vous le dire, à vous, un inconnu qui m'espionne et pour le compte de qui ? Les Chevaliers de sang ?! Ils vous envoient pour m'assassiner ? Très bien je vous préviens....
-Assieds-toi s'il te plait !

En effet, brandissant sa dague empoisonnée, Andüin s'était relevée et se tenait en garde face au mort-vivant qui lui n'avait pas réagit d'un pouce.
Elle obéit tout en restant méfiante.

-Que comptes-tu faire donc ? J'ai cru entendre dans ce camp de la Horde, que tu projetais d'aller en Elwynn... Est-ce exact ?
-Si vous l'avez entendu je ne vois pas comment je pourrai nier.
-Donc tu vas en Elwynn. Et pourquoi faire ?
-Faire parler les curieux ?
-Tu as tort de plaisanter Andüin je te jure, nous avons beaucoup à apprendre l'un de l'autre et je veux t'aider oui je le veux !
-Genre... Vous voulez m'aider, gratuitement et... que.... Attendez une minute ! Je ne me souviens pas avoir donner mon nom !
-J'ai écouté certaines conversations... ces derniers jours.

Le réprouvé semblait prit de court. Il hésitait.

-Ah nan nan nan ! Cela fait plusieurs jours que je prend soin de ne plus donner mon nom à toute personne que je croise, j'ai eut trop peur... Depuis que j'ai dû prendre en otage la cruche qui a vendu Syld... Wouho ! Vous me faites parler ! Mais ça ne marchera pas ! Où avez-vous entendu mon nom ?! Parlez !
-Je crois que j'ai trop fait durer le suspense à présent. Dis-moi ce que tu comptes faire à Elwynn et je te dirai comment je connais ton nom. Ca marche ?
-Vous avez fouiné dans les archives... et euh... D'ailleurs je n'y suis même pas depuis... Oh bordel !D'accord ! Je vais en Elwynn pour recueillir des plantes dont j'ai besoin pour fabriquer une poudre de délabrement améliorée, qui me perfectionnera dans mon art du camouflage ! Ca vous va ?
-Moi oui mais toi je ne crains que ça t'aille pas n'est ce pas ?
-Quoi ? Demanda t-elle, dubitative.
-Cette plante se trouve à Goldshire je présume ?
-Oui... près de... d'un lac !
-Comment se nomme ce lac ?
-Mais j'en sais rien moi ! S'emporta Andüin, elle est là-bas c'est tout.
-Au final tu te rend près d'un lac dont tu ne connais ni le nom ni l'endroit pour trouver une plante dont tu ne connais même pas le nom j'en suis sur !
-Palerêtte !
-Bon d'accord tu marques un point... Assez joué à ce petit jeu Andüin que dirais ta mère si elle te voyait ?

Ce fut la phrase de trop, Andüin bouillonnante de rage serra un peu plus sa dague, prête à la lancer au visage du réprouvé.

-Si il arrive quelque chose à Zaphira vous...
-Je ne te parle pas de ta mère adoptive De Grapeshire, je te parle de Jaline de Starfury, ta “vraie” mère.

Andüin se figea. Comment savait-il cela ? IL avait frappé au point faible, Andüin ne put pas rétorquer, encore sous le choc qu'une telle information puisse arriver chez un inconnu. Un inconnu mort-vivant de surcroit et si, si ce réprouvé avait connu la famille de son vivant ? Andüin se mordit la lèvre, c'était surement cela.

-Très bien... Vous savez des choses, reprit t-elle, connaissiez-vous notre famille ?
-Ohoh ! Non seulement je connaissais les De Starfury, mais j'en était proche...
-Proche ? Vous m'avez connu gamine ?
-Oh oui...
-Assez de suspense ! Qui êtes-vous ?
-Regardes-moi bien mon enfant.... Regardes-moi bien...

Andüin se pencha, fronçant les sourcils, se concentrant sur les traits tirés et moisis du réprouvé. Ses cheveux verdâtres, ses yeux illuminés d'une lueur nécromantique, ses articulations à l'air libre. Après une analyse aux résultats vains, le réprouvé sourit et l'air sur ce visage même meurtri foudroya ses pensées. Son corps fut parcouru d'étranges picotements, notamment dans la poitrine, des picotements douloureux. Elle revoyait un visage, un beau visage élancé, aux cheveux blonds, aux yeux bleus scintillants, aux traits naturels fins et agréables à la vue... Se transformer en cette chose qui se trouvait devant elle.

-Non...... n... impo.... balbutia t-elle.
-Andüin... Je suis ton père !*



-ANDÜIN !!!!!!!!!

Kronor avait hurlé de toute sa voix dans les bas-quartiers de Silvermoon. Il devenait exaspéré que sa jeune recrue ne se montre pas, surtout qu'il allait finir par être repéré. De mauvaises pensées lui venait à l'esprit alors que la jeune elfe accomplissait, ou était sensée accomplir une mission d'espionnage très importante et très dangereuse pour Orgrimmar.

Cependant, et malgré son inquiétude, il était profondément heureux. Le Sergent Uzlag Thunderfist venait de rentrer en ville après plus de deux mois de disparition, et son retour lui avait mit du baume au coeur. Les Fils de Quel'Thalas retrouvaient un élément indispensable, tant sur le plan militaire que sentimental. Il était affaibli évidemment, mais bien en vie. Ils fêteraient ça prochainement mais pour le moment la priorité était de sauver Andüin de Grapeshire.

En effet, la petite espionne était trop exposée, dans sa hâte de sauver des vies, notamment celle de plusieurs membres des Fils de Quel'Thalas, elle avait finit par attirer le doute sur elle et Kronor ne connaissait que trop bien la corruption des hauts membres de l'ordre des paladins. Elle devait la sortir de ce bourbier et vite. Kronor tenait dans sa main l'ordre d'abandon de sa mission, signé par le Haut Seigneur Saurfang lui-même.

-Bordel mais elle est où ?! Bon sang j'espère qu'il n'est pas trop tard...

-Sergent chef Kronor des Fils de Quel'Thalas ?

Kronor se retourna, un troll se tenait devant lui, apparemment il avait couru longtemps.

-Sergent chef des Forces Spéciales, chez les Fils je ne suis rien de cela...
-A vos ordres ! Sergent-chef ! Nous avons reçu un message à Fossoyeuse qui affirme qu'une elfe a prit la route du nord à partir de Grom'gol !
-Et alors ?
-Cette elfe, selon le témoin qui nous a rapporté l'information a, je cite “affirme que cette elfe rousse fait partie des forces spéciales d'Orgrimmar, j'y étais aussi mais elle ne semble pas s'être souvenue de moi. Elle demandait des informations sur Elwynn et a insisté sur Goldshire. Demande confirmation d'une possible mission de reconnaissance dans le secteur assurée par l'elfe. Témoignage recueilli par Krak l'armurier compétent de Grom'gol”
-Et ?
-Et bien nous savions que vous étiez ici et... que vous étiez à charge de l'elfe rousse.
-Mais je ne vois pas ce que mon apprentie foutrait à Goldshire !
-Vous confirmez donc qu'il n'y a jamais eut d'ordre de mission pour elle là-bas ?
-Mais c'est quoi ces conneries ?

Le troll s'approcha plus près, prenant un ton plus assuré.

-Vous savez ce que ça veut dire n'est-ce-pas Sergent Chef ? Une elfe, espionne de la Horde, prise sur un territoire de l'Alliance, sans en plus aucune autorisation du Chef de Guerre...

[A suivre]

*: hommage à Georges Lucas

Chapitre 5

L'intervention de Kronor

Deux jours étaient passés en Azeroth. Au Sud des Royaumes de l'Est la pluie n'avait cessé d'alterner avec un temps couvert et froid. L'automne s'annonçait avec vigueur et la saison des pluies frappait avec plus de force les jungles du Sud et à l'opposée de la Grande Mer la région de Dustwallow et les côtes des Barrens. Au contraire, le soleil frappait plus fort au Nord des continents, et aux centres. La neige reculait et fondait en Khaz Modan, gonflant les fleuves des Paluns risquant d'inonder les plus grands ports de la côtes, tel Menethil. Tanaris, toujours aussi chaud et aride voyait à cause de deux orages successifs des herbes et de la végétation pousser jusqu'en haut des colossales dunes de sable, végétation qui ne tardait généralement pas à bruler sous le soleil de la journée suivante.

Dans le Duskwood, au Sud de la Vallée d'Elwynn, le ciel toujours livide semblait montrer plus de clémence entre deux averses abondantes. Cependant les bois hantés ne perdaient rien de leurs horreurs. Alors que les Veilleurs du Darkshire, exacerbés par le manque d'aide de Stormwind, patrouillaient toujours plus vigilants les routes et les fermes encore en possession de leurs propriétaires légitimes, deux êtres couraient à travers les bois avec rapidité, agilité et discrétion. Andüin de Grapeshire courait devant, équipée de sa tenue sombre Nightscape et deux dagues d'éclaireurs, contrôlait les alentours avec concentration, évitant soigneusement les nids d'araignées géantes tisse-venins, les meutes de worgs ténébreux et les regroupements de bandits Défias. Derrière elle suivait nettement moins agile et discret mais apparemment jamais essoufflé ni fatigué, un reprouvé au corps à moitié déchiqueté Andaraelion de Starfury et père d'Andüin, sorti droit des rangs du Fléau récemment. La traversée de la vallée jusqu'au fleuve dura à peine une journée, la course avait épuisé Andüin et la nuit suivante ils campèrent au bord du fleuve après l'avoir traverser. Désormais ils étaient arrivés dans une forêt plus sure. Pleine de soldats humains vivants, des ours à la chair fraiche... La rive cependant grouillait de murlocs. Ils devraient ne pas trainer.

-Nous devrions dormir un peu et profiter de la Pénombre de la nuit pour pénétrer plus avant dans la forêt, avait proposé Andaraelion.

C'est ce qu'ils firent. Ils progressèrent rapidement sous les arbres, les étoiles étaient cachées à la fois par les cimes ténébreuses et les nuages menaçants. Ils approchèrent d'une ferme peu avant l'aube. Déjà la Pénombre s'estompait et de légères plaques de brouillard fondait le sol sous leurs couvertures argentées. Il faisait froid ce matin-là. Andüin s'était approchée discrètement de la masure pour inspecter les lieux. N'apercevant personne au bout de dix minutes, Andaraelion prit l'initiative de voler un cochon dans la grange. Il l'emmena plus loin au Nord où Andüin put enfin manger quelque chose de décent. Du porc.

La nuit précédente ce vol de porc à la ferme, Andaraelion avait avoué être le père biologique de la jeune elfe rousse. Après le choc, ils n'avaient cessé que très tard de discuter. Ainsi, Andüin avait raconté comment ça s'était passé pour elle après que la famille de Starfury eut été massacrée, puis Andaraelion à son tour avait raconté comment il était mort, puis sa nouvelle “vie” après être sorti de l'influence du Roi-Liche. S'en était suivi une longue leçon d'histoire des évènements ayant troublé le monde depuis le début de l'expansion du Fléau en Azeroth jusqu'à l'ouverture de la Porte des Ténèbres et la corruption du Prince Kael'Thas. Presque tout y été passé, Andaraelion demandant, avide de savoir et de connaissances. La Troisième guerre, la bataille d'Hyjal, le pacte entre l'Alliance et la Horde, le Fléau en Azeroth, la trahison de Dar'khan, jusqu'à la réapparition des nagas, la prise de la capitale de Lordaeron par les réprouvés, Les Sin'doreis alliés à la Horde, l'arrivée des Draeneïs dans le monde, la guerre contre les Sillithides, contre les Nécropôles du fléau... Tout y passa.
La journée était déjà bien avancée quand enfin, après de longues heures de marche et de course et quelques petites pauses, les deux hordeux parvinrent à l'entrée de Goldshire. C'était un charmant petit village entre les arbres et étonnement actif. Quelques gardes évidemment patrouillaient au milieu d'un nombre impressionnant de civils et de badauds. Le schéma était simple, un grand bâtiment au centre faisant office d'auberge et d'hôtel de ville puis une forge de l'autre coté de la rue centrale puis une petite centaine de maisons coquettes autour, dans un plan cartographique très désordonné. Les arbres poussaient entre les maisons, dans les petits jardins même, des petits étangs particuliers et quelques rues pavées au travers de cette toile urbaine et forestière. Le coin était très charmant mais ici aurait lieu bientôt un désastre.

Les deux elfes se postèrent contre le mur d'une maisonnette, ayant atteint un point de vue de rigueur sur le bâtiment central.

-Bon... je répète le plan, dis Andaraelion, moi j'avance de maisons en maisons en tuant quelques civils au passage pendant que toi tu pénètre dans le bâtiment et tu égorges tout ce que tu y trouve, n'oublies pas la bannière des chevaliers de sang, tu dois la planter au centre, là où les gardes de l'Alliance pourrons la voir dès qu'ils entreront.
-En quoi le massacre de civils supplémentaires dans les maisons est nécessaire ? Insista Andüin.
-Je... Ca augmentera le niveau d'horreurs... Et puis comme ça ton plan fonctionnera.

Andüin semblait soudainement hésiter.

-Ecoutes papa... J'ai grandement réfléchi sur la route.. mais là... je ne suis plus sur de vouloir le faire.
-Quoi ?
-Je ne crois plus que.... pour me sauver la face et donc la vie auprès des chevaliers il faille tuer des gens innocents et pire, risquer de provoquer une nouvelle guerre sanglante entre l'Alliance et la Horde.
-Ca ne risque rien bon sang ! Andüin ! Les forces de Stormwind connaissent l'emblème des chevaliers de sang, ils s'attaqueront à Silvermoon et là tu pourras mettre à exécution ton plan...
-Et Silvermoon attaquée sans savoir pourquoi appellera à l'aide Orgrimmar et par un jeu des alliances précipitera le monde dans une nouvelle guerre, une de plus, un front de plus et des milliers de morts... en plus tout ça pour ma p'tite gueule.
-Je ne peux te laisser douter ainsi si près du but ma fille ! Que serais-tu capable de faire pour ton père ? Moi j'ai besoin que tu t'en sorte ! Tu dois t'en sortir Andüin... Tu le dois, pour le sacrifice de ta mère, et même le mien. Tu ne peux pas abandonner après que nous t'ayons protéger contre le Fléau quand tu étais petite !
-je ne crois pas que vous m'ayez sauvé pour que je sois la cause d'un conflit mondial.
-Non, mais je t'assure que ça ne risque rien ! Andüin ! On part maintenant ! On massacre et ensuite on s'en va. Stormwind ne verra là qu'un acte de provocation de ces anciens alliés qu'ils n'auraient pas dû trahir...
-Je t'ai dis que ça ne s'est pas tout à fait passer comme ça concernant notre ralliement à la Ho....
-On s'en fout ! Tu veux la mort de Rommath et ses chiens ? Tu veux sauver ta peau ? Alors part devant et massacres-les tous.... Pour Quel'Thalas tu le dois...
-Bon...
-Je suis ton père et je te le demande Andüin.
-Très bien alors vite.... Ne trainons pas.

Andüin se plaqua contre le sol, prête à bondir tandis qu'Andaraelion sortit de sa poche à moitié déchirée une dague tordue et un globe luminescent.

-A trois ! Dit le mage réprouvé.
-Un... Deux...

Andüin ferma les yeux. Cette fois elle le savait, son bon sens était revenu. Elle n'allait pas le faire, il fallait qu'elle empêche son père de commettre un horrible crime. Elle repensa rapidement à sa famille adoptive dans tous les sens du terme à Silvermoon. Les visages souriants de Zaphira et de Kaltezar, Severnaya, Syldur... Syldur qui lui avait fait confiance alors. Trahirait-elle cette foi et cette confiance que tant de gens avait posé en elle ? Non, le réprouvé qui attendait auprès d'elle pour aller commettre un massacre n'était pas son père, il ne l'aurait jamais permit et même, c'était tout simplement contraire à sa propre éducation. Son père était mort depuis longtemps et il devait le rester pour elle, et pour le bien du monde. C'était finit, elle assumerait ses actes comme elle l'avait promit, elle n'avait plus peur désormais, elle préférait mourir que de massacrer par intérêt ou par plaisir.

-TROIS !

Andüin bondit non pas pour se précipiter vers le bâtiment de Goldshire mais vers son père qui lui aussi avait bondit. Alors que tous deux se précipitaient, une force incroyable précipita la jeune elfe en arrière. Son dos subit un choc violent en retombant contre la terre meuble. Elle sentit son père réprouvé subir la même chose et s'effondra tremblant de surprise près d'elle. Se relevant, elle vit le dos d'une créature à la carrure imposante mais horriblement reconnaissable. Elle déglutit, sentant qu'elle allait se prendre une sérieuse dégelée.

-On dirait que j'arrive juste à temps ! Dit-il de sa voix rauque et menaçante qu'Andüin ne lui connaissait pas.

L'orc se retourna laissant voir son visage grossier atypique des orcs mais tiraillé par la colère. Il était enfermé dans une armure en plaque de couleurs variées, portant le tabard des Fils de Quel'Thalas, le soleil couchant sur fond rouge.

-Kronor je... je n'allais pas le faire.... j'étais... balbutia t-elle tremblante.
-TU TE RENDs COMPTE DE CE QUE TU AS FAILLI FAIRE ??????
-Mais...
-Viens par là ! Rugit Kronor en emportant Andüin par le col de sa tunique plus loin dans la forêt.

Andaraelion les suivit en crachant diverses insultes au visage de l'orc, en lui ordonnant de relâcher sa fille. C'est quand le réprouvé insulta Kronor de chien à la solde des Démons que celui-ci réagit. Il envoya son imposant poing à la tête du réprouvé, qui s'envola de quelques centimètres avant de retomber sur le dos, complètement sonné par ce crochet d'orc.

-Bon alors maintenant tu vas m'expliquer ! Qu'est ce que tu fous là avec ce réprouvé ?!
-Je... J'étais venue pour...

Andüin savait qu'il était inutile de mentir à son mentor, encore moins quand celui-ci les avait vu préparer un assaut éclair sur Goldshire.

-J'avais peur, je voulais arrêter ou provoquer une attaque sur SilverMoon pour récupérer des gardes tués et faire croire que c'était des traitres...
-Pour prouver que tu étais encore digne de confiance c'est ça ?

Elle acquiesça silencieusement.

-Bon alors premièrement ça c'est pour toi ! Je tenais à te la remettre en main propre.

Kronor tendit un parchemin enroulé à l'elfe qui le saisit et déroula avant de lire. Cet ordre confirmait bien qu'Andüin pouvait cesser ces activités d'espionnage auprès du Magistère Rommath et des chevaliers de sang.

-Bon maintenant es-tu rassurée ? Demanda Kronor sur une voix faussement calme.

Elle acquiesça encore avant que la rage de Kronor n'explose.

-TU TE RENDS COMPTE QUE TU A FAILLI PROVOQUER UNE QUATRIEME GUERRE ??!!
JE SUIS TRES DECU ANDUIN JE T'IMAGINAIS PLUS INTELLIGENTE QUE CA !!!!
-J'ai paniqué c'est tout... ils m'ont frappés, ils m'ont menacés...
-Il y'avait d'autres moyens ! Tu aurais pu demander aux Fils de Quel'Thalas qu'ils te cachent à Quel'Drassil, tu aurais pu ME demander qu'on reparte à Orgrimmar ! Tu aurais pu faire celà tout en démissionnant de la mission que nous t'avions donner !
-Elle était trop dangereuse pour moi...
-Je te rappelle pour mémoire petite elfe ! Que nous t'avions longuement brieffé sur la menace de cette mission, nous t'avions clairement dit que tu pouvais abanonnder sitôt que tu te sentais menacée , en danger de mort...
-J'ai abandonné la mission sitôt que j'ai découvert que je pouvais aider le peuple de Quel'Thalas par ma position de fausse espionne de Rommath... Je n'ai plus agit pour le compte d'Orgrimmar alors ! Mais pour les Fils de Quel'Thalas, et les innocents elfes de sang !
-Mais tu ne comprend pas Andüin ? cela faisait partie de ta mission, les dérivées de ce genre de missions sont courantes, à l'origine tu devais informer Orgrimmar des agissements de Rommath mais nous savons tous les deux ce qu'il en est et la Horde a des centaines et des milliers de soldats sur Draenor, et les espions très nombreux nous en avons vus beaucoup le mois dernier ! La horde sait pour le Prince Kael'Thas, nous le savons et nous ne souhaitions pas que tu lui fasse découvrir cette réalité ! Aider les innocents à s'en sortir, protéger les Fils de Quel'Thalas du mieux que tu puisse, mal informer nos ennemis chevaliers de sang ! Voilà un objectif de ta mission qui n'était pas explicitement cité dans le contrat mais que le bon sens exigeait ! Et tu as réussi ta mission ! Tu as fait ce que très peu d'autres personnes auraient ne serais-ce tenter et tu as été utile à la fois à la Horde et à Silvermoon, la vraie. Tu as failli tout foutre en l'air en attaquant Goldshire !
-J'ai essayé de l'en empêcher Kronor...
-Sergent-chef !
-Sergent-chef... j'ai essayé de l'en empêcher... je ne voulais plus le faire je vous jure... J'ai pu réfléchir en voyageant et j'ai ouvert les yeux sur mes fautes... Mais lui -elle désigna le réprouvé encore assommé- m'a forcé à venir jusqu'ici...
-Qui est-il d'ailleurs ?
-Mon père, répondit-elle dans un sanglot.
-Un de Grapeshire réprouvé ???
-Non... Mon vrai père, celui qui est mort lors de la chute du Puit de Soleil.
-Je vois...

Kronor et Andüin se tenait l'un face à l'autre, l'elfe à deux doigts d'éclater en sanglots, Kronor se calmant petit à petit mais conservant un air de haute autorité sur la petite.

-Tu vas rejoindre les Fils de Quel'Thalas ! Tu vas leur demander de te cacher à Quel'drassil pendant un petit moment ou de te mettre sous leur protection, et je ne veux plus que tu prenne de risques inconsidérés ! J'espère que cette expérience t'aura faite murir. Tu as failli mourir et tuer beaucoup de monde... Tu n'es pas une assassine criminelle, tu dois tuer quand on te l'ordonne, pour la Horde et uniquement pour la Horde !
-Moui... * sanglote *
-Ta mère Zaphira veut aussi te parler, une fois rentrée tu devras aller la voir !

Elle répondit oui d'un signe de tête.

-J'irai moi-même expliquer à Syldur la situation, Ta situation si tu retourne à SilverMoon tu seras surement la plus recherchée pendant un certain temps... On avisera !
-Je ne peux pas y retourner maintenant alors... je ne peux...
-Tu retourne à Quel'Thalas et...

L'orc se figea, il contempla un point derrière Andüin, son regard soudainement emplie de crainte. Puis, sans aucun avertissement il plongea sur l'elfe pour la faire tomber en arrière. Elle pu voir une boule de feu et sa traînée passer à quelques centimètres de la nuque de l'orc.

-Plus jamais... tu ne touches ma fille espèce de sale porc vert !
-Papa ! NON !!!!!!

Kronor se releva complètement enragé puis chargea le réprouvé qui se préparait à lancer un sort. Kronor était rapide mais moins malin que l'ancien magistère. Un geste de la main du réprouvé, comme pour chasser une mouche dérangeante et un “Crac” soudain fit cesser la course de Kronor. Une énorme branche d'arbres s'effondra sur l'orc surprit, l'écrasant.

-KRONOR ! NOOONN !!!!! S'écriait Andüin, témoin de la terrible scène.
-Je ne le laisserai corrompre ton esprit Andüin de Starfury !!!!! Tu es une de Starfury et tu ne retournera pas chez ces chiens d'elfes de sang ! Pas maintenant en tout cas ! J'ai besoin de toi !
-Papa ! Que fais-tu ?! Arrêtes-tout de suite ! S'écriait Andüin, sanglotante et paniquée.

Kronor ne pouvait se relever, car au moment où il commençait à se dégager, une deuxième, puis une troisième branche, toutes aussi énormes, vinrent écraser un peu plus la masse de muscles enragée. Andaraelion observait sa victime avec délectation, un regard appuyé et une allure de vainqueur, presque avide de sang, complètement fou.

-Maintenant je vais me faire le plaisir de te livrer aux autorités... Tu diras que tu as tué tous ces malheureux innocents dans la partie est de Goldshire, tu agit pour le compte de la Horde... Tu as agit sur les ordres de l'esclave qui vous sert de Chef de Guerre !
-P'pa...
-GGRRROOOOAAAAARRR !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Le hurlement de rage et de détresse de Kronor se répercuta loin, très loin à travers la Vallée d'Elwynn. Un hurlement d'orc ne signifiant qu'une chose : la chasse allait commencer.

-Tu crois que des humains vont voler à ton secours ? Tu rêves orc pitoyable ! Rugit le mage.
-Non... M... Mais tu auras du mal maintenant.... à aller... tuer... des humains.... innocents...
Kronor cracha au visage d'Andaraelion qui esquiva le projectile.
-Tu es moins que rien pitoyable orc. Pire que ça... Tu ne vaut pas les vermines kobolds...

Andaraelion brandit ses mains et incanta un sort en fixant Kronor d'un air complètement paranoïaque, le visage vidé de toute expression de pitié.

-Andüin sauves-toi !!!!!! SAUVES-TOI !!!!! Les humaines vont arriver !!!!!!
-Non.... P'pa arrêtes cette folie !!! Ils peuvent me protéger ! Ils vont me protéger tu dois....
-Fille abrutie ! Coupa le magicien ce qui refroidit très nettement la nuque de l'elfe. Tu crois peut-être que je suis ici par pure pitié ? Je n'ai qu'un seul plan sale gamine et tu vas m'aider à l'accomplir !
-D'accord ! D'accord ! Mais ne tues pas Kronor ! Et pas les civils non pl...
-Cesses de pleurnicher Andüin ! J'ai besoin de pierre d'âmes ! Et pour ça je vais tuer des civils ! Que le veuille ou non ! Et je vais commencer par cet orc puant !
-Alors c'est ça depuis le début ?! Tu ne souhaite pas me protéger mais assouvir tes plans machiavéliques ? TU N'ES PAS MON PERE !!!!! CHACAL !
-Fermes-là enfant pourrie !

Il énonça cette phrase en lançant sa main vers l'avant. Des cordes magiques se matérialisèrent dans les airs et fondirent sur l'elfe, qui put esquiver en se cachant dans les ombres.

-Andüin ! Dans ma poche ! Hurla Kronor.
-Qu'est ce qu'il y'a dans ta poche Orc ?

Mais la petite elfe rousse fut plus rapide. Elle plongea la main dans la poche de tisse-néant du guerrier prisonnier et y trouva une seule petite pierre circulaire. Elle était verte, aux lignes d'or et d'argent. Une pierre de foyer anormale.

-Quoi ? Espèce de chienne ! Cracha Andaraelion.

Mais Andüin qui était réapparu à la vue de tous la pierre à la main activa l'objet magique. Elle plongea sur Kronor et attrapa fermement son bras. L'elfe put entendre le cri d'effroi et de rage de son père “Nooooonnnn !” avant de subir une pression corporelle connue des pierres de téléportation. Un voile blanc s'abattit quelques secondes avant que l'orc emprisonné dans des branches et l'elfe atterrisse sur un sol dur, différent de celui de la Forêt d'Elwynn.

-Andüin... *keuf keuf *, toussait Kronor. Bienvenue.... à Quel'Drassil.

[A suivre]

L'assemblée des magiciens

Le soleil étendait sa main mise radieuse sur les arbres verts chatoyants de la vaste forêt de chênes et d'eucalyptus. Dans les rivières frétillaient une faune abondante de poissons et d'amphibiens de toutes sortes et de toutes les couleurs, et de cascades en cascades le cycle incessant de la vie parcourait avec vigueur et vitalité l'éternelle Quel'Thalas. Au beau milieu de cette forêt chantante et grouillante d'animaux en tous genres, au sud de la rivière d'Elrendar, le sanctum de la Lune, un antre de perdition pour les magistères et les prêtres, élevait sa magnifique coupole d'or et ses satellites argentés orbitant autour du dôme grâce à d'étranges énergies.

La magie ici crépitait même aux murs de la bâtisse, diverses expériences étaient menées et d'ailleurs les hauts-elfes présents tenaient à tenir ça secret. Telle une caste ils avaient leur propre conseil. L'un d'eux avait les cheveux blonds, tombant sur ses larges épaules et au visage naturellement charmant. L'autre, son frère était brun et les même cheveux tombants. Tous d'eux avec une dizaine d'autres magiciens aimaient à commenter les histoires politiciennes de l'Alliance, les mouvements militaires ennemis tout en mettant en avant certaines théories magiques farfelues plus ou moins.

Ils n'étaient que sept ce jour-là. Un petit contingent de magiciens réguliers étaient partis alors pour Lordaeron, un autre devait se rendre à Dalaran. Les frères De Starfury animaient grandement cette nouvelle conversation.

-Je ne pense que les amanis soient encore un danger ! Allons nous les avons vaincus depuis des siècles et puis.... Enfin leurs tribus ne sont plus un danger pour notre bien-aimée SilverMoon ! Rétorquait Malkorn de Starfury à une remarque impertinente d'un apprentie magicien affirmant un danger pouvant provenir de Zul Aman.
-Les trolls ne sont plus une préoccupation pour nous, pour nos charmants politiciens, continua Andaraelion. Ce qui m'inquiète moi c'est ce pourquoi nos frères sont partis.

Plusieurs mages tournèrent la tête vers Andaraelion, visiblement satisfait de produire un tel effet d'intérêt.

-Vous avez été mis au courant ?
-En effet, j'ai des contacts je vous rappelle, répliqua le magistère blond. Les orques se sont agités au sud. Il semble qu'à Alterac, leurs troupes se renforcent.
-C'est ridicule, comment pouvez-vous craindre ces brutes ? Certes ils sont un peu agités depuis leurs grandes évasions des camps, mais est-il indispensable de rappeler qu'ils n'ont plus assez de forces pour ne serait-ce menacer les plus grandes villes, répliquait un autre magicien.
-Peut-être, mais les plus petites villes sont menacées et il m'a été confirmé par nos autorités que la ville de Strahnbrad avait été attaquée par des orcs sanguinaires, et des prisonniers exécutés.

Toute l'assemblée regarda avec effroi Andaraelion.

-Le but de la puissance militaire de l'Alliance est, bien évidemment de protéger nos frontières contre toutes sortes d'horreurs venant de l'extérieur, mais surtout protéger les sujets contre les bêtes sauvages notamment de la Horde, la protection du peuple reste la priorité ce me semble non ?
-Ah oui !
-Tout à fait !
-J'approuve !
-Pas mieux !
-Vous serez donc bien apaisé d'apprendre que le très prometteur Prince de Lordaeron, Arthas a pu détruire la horde des orcs responsables avec ses troupes et les paladins notamment, dit Andaraelion sur un ton neutre.
-Bravo !
-Fameux !
-Le problème de la succession du Roi Terenas Menethil II ne se pose pas...
-Il n'en a jamais été question... dit de Starfury.
-Et qu'en est-il de sa relation avec cette petite du Kirin Tor ? Demanda Malkorn.
-Trop de bavardages pour rien ! Quand on pense qu'un peuple entier s'est éprit de cette relation... Ce n'est pas ici que ça intéresserait du monde n'est-ce-pas ?

L'assemblée éclata de rire, un rire orgueilleux, de supériorité.

-J'aimerai parler seul à seul avec mon frère si c'est possible, demanda brusquement Malkorn. L'assemblée arrêta de rire et les deux haut-elfes se levèrent pour sortir et se balader sous les arbres verdoyants et illuminés par un intense soleil.

-Je ne pense pas que leur parler des évènements de Lordaeron soit très judicieux And...
-Pourquoi cela mon frère ? Nous avons souvent parlé de ça, des orcs, des tensions politiques humaines. Pourquoi cela te dérange t-il aussi maintenant ?
-Je... j'ai un ami, avec lequel j'ai sympathisé à Dalaran. Un mage humain prometteur. Il m'a parlé de recherches qu'il menait, et de contacts qu'il a eut.
-Ah ? Tu as l'air tendu mon frère... Qui est-il ?
-Tu le connais surement, Alexeï Barov. Lui et sa famille ont un manoir et même une petite ville à Caer Darrow. Il possède un nombre important de terrains dans tout le sud de Lordaeron et ce type est très influent aujourd'hui auprès de la cour du Roi.
-En quoi cela t'inquiète t-il ?
-Tu connais mon avis là-dessus, je veux parler du Culte des Damnés And.

Andaraelion soupira et se détourna, exaspéré. Malkorn le saisit par l'épaule, le suppliant de l'écouter avec un regard bleuté intense.

-S'il te plaît écoutes-moi !
-Tu as déjà évoquer le nom de ce culte inexistant Malk, tu n'es pas assez crédible.
-Alexeï m'a fournit de nouvelles informations... ce culte mènerait des recherches très intéressantes ! Ils... ils seraient prêts à ... à... découvrir l'immortalité !

Le regard de Malkorn changea. Il semblait maintenant avide d'en dire plus, impatient de voir le visage de son frère Andaraelion céder à la même avidité. Il n'en fut rien.

-Malkon, tu sais bien qu'il y'a des choses qu'on ne peut caresser même par envie d'immortalité et de pouvoir. La mort fait partie de l'ordre naturelle des choses, même pour nous haut-elfes. Vouloir la vaincre, l'empêcher ou même la comprendre relève de la folie. J'espère que tu n'as pas atteint un tel degré frère.
-Viens avec moi à Caer Darrow ! Viens avec moi rencontrer cet homme. Attends de voir avant de juger trop hativement ! Je te connais And, tu sauterai sur n'importe quelle occasion pour faire une découverte magique stupéfiante. Ce Culte des Damnés ne serait-il pas une alternative possible ?
-Rien qu'un nom déjà... Les “Damnés”... Je ne compte pas vaincre la mort en échange de la damnation éternelle Malkorn, je ne suis pas fou à ce point.
-La mort est quelque chose que tu crains autant que moi mon frère... je le sais.
-Pour ma femme et ma fille, ce qui est légitime pour tout père qui se respecte.
-Ne souhaites-tu pas découvrir un moyen d'empêcher la mort de Janine et d'Andüin ?
-Je ne vois pas ce qui pourrait les tuer maintenant !
-Mais ça peut arriver. Un accident est si vite arriver... une guerre se déclenche si vite... Un accident magique. N'oublies pas que dans six mois Andüin entre à l'académie, elle va devenir magistrice. Tu connais les dangers d'une telle formation, les arcanes peuvent être instables parfois...
-La ferme mon frère ! Tu parles avec une langue de vipère que je ne te reconnais point ! Que veux-tu de moi ?!
-Juste que tu m'accompagne à Caer Darrow rencontrer cet Alexeï Barov.



[de nos jours]

La masse informe de bois brisé et de feuillages écrasés reposait toujours près de l'arbre à moitié déchiqueté. Les marques d'un rapide combat se lisait dans l'herbe aplatie et des dizaines de personnes étaient même venues ici, constater. Sous la tombée de la nuit humide de la forêt d'Elwynn, une frêle silhouette agenouillée posait ses mains au sol, comme pour lire l'inclinaison des herbes tel un livre passionnant. Fronçant les sourcils, Andüin de Grapeshire leva la tête et regarda partout autour d'elle. Elle n'était qu'à quelques encablures de Goldshire, l'ennemi était présent partout.

Quelques jours auparavant, Andüin avait vu ici le combat entre Kronor son mentor et Andaraelion son père, un combat rapide qui avait tourné en faveur du réprouvé. Kronor et Andüin étaient rentrés à Quel'drassil grâce à une pierre de foyer bien venue, évitant ainsi la probable mort de l'orc. Ce n'était que de retour à SilverMoon qu'Andüin avait su ce que Kaltezar avait pu faire pour elle. Il avait brulé les rares ordres de recherches d'Andüin et envoyé quelques chevaliers en renfort à Raz-du-Néant, comme par hasard les seuls employeurs de la petite elfe. Sauvée, elle résolut de partir à la recherche d'Andaraelion, cette affaire l'intriguait.

-Heureusement, les réprouvés ça laisse des traces... se dit-elle.

Andüin semblait pouvoir déceler dans l'herbe des empreintes profondes et parfois de l'herbe flétrie, significatif du passage d'un être qui n'aurait pas dû être là, dans cette forêt. Malgré l'aisance de l'elfe à percevoir ces marques, elle avait une grande difficulté à ne pas les perdre, elle n'était pas une ranger et elle dû s'arrêter à plusieurs reprises.

-Où te caches-tu ?

Bondissant de buissons en buissons, fixant le sol mais vérifiant de temps à autre qu'il n'y ait pas d'ennemis alentours, Andüin progressait rapidement à travers la forêt.

[A suivre]

La mort de Lucien

Première partie

L'imposante porte en bois noir paraissait peser des tonnes. Le lugubre manoir, vestige d'un passé glorieux haut-elfe n'était plus que l'ombre de lui-même, à présent habité par toute une famille et leurs serviteurs humains. La ville quant à elle n'avait plus rien d'aussi vivant qu'auparavant. Les badauds et les commerçants aimaient à crier les mérites de leurs articles, dans une foule venue de tous les villages autour du lac Darrowmere, c'était fini. L'ancienne cité elfique brisée par la Horde lors de la Seconde Guerre et reconstruite par les humains avait eut son charme mais c'était fini. Fini ; c'est que pensa Andaraelion en traversant la ville meurtrie et appauvrie.

A présent, seuls les enfants semblaient trouver du gout à la vie. Les hommes restaient assis sur le seuil de leurs portes, les femmes lavant leurs linges au puit rempli d'une eau étrangement nauséabonde. En entrant par la grande porte, deux gardes de la milice Barov en armure rapiécée et totalement déconfis avaient accueillis les deux haut-elfes à l'allure magnifique comparé à l'ambiance des lieux. Seule la forge résonnait encore des coups de marteaux frappés sur une armure ou arme en fabrication, témoin d'une activité devenue rare. Mais l'horreur dans la ville basse n'était rien comparé aux groupes de réfugiés venus se poster près des murs de l'imposant manoir. Des hommes à peine vêtus d'un linge troué et tombant, ne cachant même pas parfois leurs parties personnelles. Ils étaient épouvantablement maigres et un nuage de mouches survolait les petits groupes. La puanteur qu'il en émanait surprit les deux elfes qui pénétrèrent dans le bastion de Caer Darrow après s'être faufilés à travers les mendiants.

-Nous sommes venus ici pour trouver refuge ! Nous sommes ici pour vivre et regardez ce qu'ils font de nous ! Regardez ! S'était plaint un homme à l'aspect miteux, dépravé et barbu après s'être jeté aux pieds de Malkorn, ce dernier le repoussant d'un coup de pied haineux.

-La mort elle-même nous encercle... ma femme, mes enfants ! Ils ne doivent pas voir ça ! Ils ne doivent pas voir ça ! Avait crié un autre, une jambe en moins appuyé contre le mur, dans l'ombre d'un arbre en train de mourir.

Une fois entrés, les deux haut-elfes furent escortés par deux canonniers à travers de vastes halls resplendissants. Des lustres en cristaux, des murs peints en couleur rouge et or, des meubles en bois massif. Tels étaient les souvenirs de Malkorn. A présent, le long des murs pendaient des étranges toges et drapeaux verts et noirs. Des symboles de têtes de mort peints grossièrement sur les meubles de la salle du reliquaire, fréquentés par d'étranges personnages sombres regardant passer les deux Quel'doreis.

-Ce n'était pas comme ça la dernière fois que je suis venu, s'enquit Malkorn en regardant l'air plaintif et désolé l'impressionnante couche de poussière qui s'accumulait dans les recoins et parfois même sur les livres arcaniques pourtant si reluisants.
-Où vas t-on mon brave ? Demanda Andaraelion au garde de la milice Barov alors qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs du manoir, aux salles devenant de plus en plus lugubre. C'est dans la grande bibliothèque que trois hommes discutaient. Le garde emmena les deux haut-elfes auprès d'eux avant de s'éclipser furtivement. Andaraelion fit le premier signe.

-Salutations braves gens... Je me nomme Andaraelion de Starfury et voici mon frère Mal...
-Malkorn de Starfury on sait ! Répliqua sèchement l'homme à la mine la plus dépareillée.

Quand les trois hommes montrèrent leurs visages à la lumière dansante d'une bougie verdâtre, Andaraelion eut un moment de recul. Ils étaient bien vivants mais portaient des marques d'un passé apparemment douloureux.

-Et bien... reprit Malkorn souriant. And je te présente Maître Gandling ! Un ami d'Alexeï et puissant magicien n'est-ce-pas ?

L'homme le plus proche des deux elfes, à la mine blafarde et à la cicatrice transperçant son visage de long en large, aux cheveux noirs épais et sales s'inclina brièvement pour acquiescer.

-Les deux autres par contre.....
-Mon nom est Kirtonos sir ! Je suis moi-même un ami de notre très apprécié Sir Barov ! Dit le suivant en tendant la main à Malkorn qui la serra avec amitié et convivialité.

Le dernier était de loin le plus inquiétant. Il avait un œil mécanique roulant dans son orbite de manière complètement folle, un petit jet de fumée verte jaillissant de l'étonnant système près de son oreille droite. Ses lèvres s'ouvraient du côté gauche d'horrible manière, comme si elles avaient été pourries et une cicatrice partait de ses lèvres lépreuses pour aller transpercer un œil encore intact d'apparence. Les dents apparaissant étaient d'un jaune d'œuf repoussant. Son œil exorbité trahissait une folie certaine.

-Theolen... Theolen Krastinov, répondit-il tout en fixant Andaraelion de son unique œil fixe, qui lui rendit son regard. Je travaille pour Barov.
-Ah très bien très bien ! Répondit rapidement Malkorn remarquant la gène évidente de son frère en fixant Theolen.
-Alors comme ça, vous venez parler affaire avec notre.... “ami” Barov ? Demanda Gandling.
-En effet ! Nous savons qu'il entreprend certaines recherches qui peuvent nous intéresser...
-Che vois... répondit Krastinov, un œil toujours fixant l'elfe blond et l'autre roulant follement dans son orbite mécanique. Alors vous aussi vous êtes entrés en contact avec notre maitre ?
-Qui ? Barov ? Demanda naïvement Andaraelion.
-Ne fais pas l'abruti sale elfe ! Je veux parler de Kel'Thuzad ! Dommage il était ici encore il y'a deux jours, vous auriez pu le rencontrer...

Andaraelion recula.

-Kel'Thuzad ? Le haut-magistère du conseil de Dalaran ? Enfin l'ancien... qui a été....
-Je vois que vous êtes surprit ! Répondit sèchement Gandling. Si vous n'êtes pas venus sous les ordres de Kel'Thuzad ou si vous n'êtes pas... il s'arrêta de parler fixant leurs yeux bleus étincelants.
-Ils ne le sont pas c'est certain, répondit avidement Kirtonos en regardant Andaraelion comme si il n'était qu'un tas de viande cuite et épicée prêt à être dévorer.
-Nous ne sommes pas quoi ? Demanda Malkorn, à présent plus mal à l'aise.
-MORT ! MORT ! Vous n'êtes pas MORT !!!!!! Hurla Krastinov complètement dément. Il s'approcha d'Andaraelion en tirant la langue.
-Recules chien !
-Non nous ne sommes pas morts pour... pourquoi ? Demanda Malkorn tremblant.
-Etes-vous intéressés ou pas ? Demanda Gandling en prenant un ton menaçant et pressant.

Les deux elfes intimidés répondirent alors “oui” d'un signe de tête.

-Très bien, dit Gandling. Alors Krastinov montres-leur le chemin.
-On va s'amuser ! Oh oui s'amuser !
-Attendez ! Nous venions juste voir Alexeï Barov ! Rétorqua Andaraelion.
-BAROV n'ai plus maitre ici !!!! S'écria Gandling. Désormais c'est moi qui commande !!!!! Vous voulez venir ou pas ?????
-O... Oui...
-Nous arrivons.

En s'éloignant vers un escalier plongeant encore plus profondément dans le cœur du manoir, Andaraelion se pencha près de son frère pour lui murmurer.

-Tu me paiera ça...

Il déglutit.

Quelques acolytes trainaient dans les couloirs et les salles, se penchant sur des livres, des fioles et tout un tas de babioles selon la salle qu'ils traversaient. Tous s'inclinaient au passage du groupe composé du Docteur Theolen Krastinov, de Sombre Maître Gandling, de Kirtonos le croque-mort de Stratholme, d'Andaraelion magistère de Quel'Thalas ainsi que Malkorn son frère, également mage.

-On a coincé un de ses fils de chien volant dans l'assiette d'un de nos fidèles... dit Gandling.
-Qu'allez-vous faire de ce voleur ? Demanda l'elfe brun.
-Regardez, dit Kirtonos en pointant du doigt un être armé posté devant l'entrée d'une autre salle.

Andaraelion ne comprit pas tout de suite. Il avait la carrure d'un homme, avec des épaulettes en plaques et tenant fermement une longue épée, mais il ne fallut pas longtemps pour comprendre que cet être était différent. Il réussit à peine à réprimer un cri de stupeur et d'effroi. La créature n'avait pas d'yeux, à la place de profondes orbites vides animées d'une légère lueur verdâtre. Pas de peau, juste les os parfois émaillés de long filaments de peau pourri à peine à niveau des articulations. Pourtant la créature paraissait vivante. Aucun doute, cet être fut un homme mais le squelette n'avait plus rien d'humain. L'horreur réincarnée, un mort-vivant.

-Et encore vous n'avez rien vu... Si c'est l'immortalité que vous cherchez vous avez frappé à la bonne porte.
-La bonne porte ? Oui enfin... bredouilla Andaraelion.
-L'immortalité dans la mort ! Hurla Gandling fier et avide.

Andaraelion comprit alors comme si un éclair l'avait frappé, il se dit que Malkorn lui aussi mesurait l'énormissime erreur à ce moment. Ces gens là ne menaient aucun recherche arcanique pouvant vaincre la mort, ils la domestiquaient.

-Des nécromanciens... murmura Andaraelion de manière à ce que seul Malkorn puisse l'entendre. Ce dernier déglutit avec une grande difficulté, son visage devenant d'un pâle impressionnant même pour un haut-elfe.

-Nous arrivons, fit remarquer Sombre Maître Gandling. Ils entrèrent dans une pièce rectangulaire plutôt vaste et allongée. Les murs étaient recouverts d'étoffes déchirées vertes couvertes de sang. Des bougies planaient même sur d'imposants lustres et chandeliers en or diffusant une inquiétante lueur verdâtre. Au fond de la salle reposait une table légèrement surélevée vers l'arrière, et sur celle-ci était accroché un homme plutôt maigre et au crâne rasé. Les lourdes chaines rouillées enlaçaient ses poignets, et évidemment des piques sur ses chaines transperçaient sa chair en ces poings articulés. La terreur lisible sur son visage plongeait dans un profond mal à l'aise Andaraelion. Malkorn à l'inverse prit un air très sérieux, presque scientifique.

-Lucien Sarkhoff ! Un esclave de Barov a eut la très bonne idée d'espionner nos conversations, et voler dans la nourriture de nos acolytes... dit sombrement Gandling. Kirtonos lui regardait avec une avidité perverse le malheureux prisonnier qui devenait de plus en plus agité malgré les piques qui s'enfonçaient un peu plus dans sa chair à chaque mouvement trop brusque.

-Alors Lucien ? Bien dormi cette nuit ? Demanda sur le ton de la nonchalance Krastinov.

Il fit un bref non de la tête ne quittant pas des yeux le Docteur Theolen. Celui-ci se tourna alors vers les quatre autres.

-Admirez le spectacle ! Amusons-nous un peu ! Offrons à nos hôtes un petit réconfortant après un si long voyage depuis Quel.... * il planta un long couteau ondulé dans le ventre de Lucien qui hurla à s'en briser les cordes vocales* ... 'Thalas.

Kirtonos rigolait d'un rire profondément sadique. Il se frottait les mains en observant Krastinov retirer lentement la lame des entrailles du malheureux en prenant soin de faire un tas de mouvements circulaires afin d'emporter un peu de boyaux supplémentaires. Ils se délectaient des cris d'horreurs du prisonnier. Pendant ce temps, Theolen avait prit soin de fixer les deux haut-elfes, sans même regarder sa victime.

-On peut aussi les dépecer vivants ! Annonça t-il à la manière d'un crieur de fête. Il se tourna alors réellement vers Lucien, les yeux brillants d'excitation. Brandissant sa lame, foudroyant du regard le terrifié Lucien, il exécuta une danse frénétique en portant des coups terriblement précis sur le corps du malheureux. Des giclées de sang envahissaient la table et le sol, alors que Lucien hurlait sans cesse. Krastinov effleurait à peine la peau en longues tiraillades sanglantes, sur le torse, les jambes, et même le visage. Andaraelion fronça les sourcils, qu'allait-il faire ?

En réponse, épouvantable et surprenant, Krastinov planta un ongle profondément au niveau du torse et en retira d'un coup sec la peau. Celle-ci suivit les lignes sanglantes marquées auparavant, et à chaque coup le docteur sadique tirait de nombreux morceaux de peaux prenant des formes variées. Lucien ne semblait même plus pouvoir hurler, il éructait de souffrance. Des couches de peaux dépecées étaient jetées négligemment au sol alors que la chair apparaissait maintenant à l'air libre souillé du sous-sol de Caer Darrow. Kirtonos éclata de rire, Gandling se lécha les babines comme si il voyait une bonne cuisse de poulet à peine sortie du four. Andaraelion était stupéfié et horrifié, Malkorn avait beaucoup de mal à conserver son stoïcisme. Le magicien blond sentait bien que son frère craquait, il avait fait une erreur et il comprenait sa portée.

C'était pourtant loin d'être fini. Lucien Sarkhoff était étendu, couvert de sang et de peaux détachées et de nombreuses parties de son corps laissaient apparaître de la chair rougeoyante. Krastinov enchaina avec une furie extraordinairement sanguinaire. Il plongea ses mains dans le ventre, explosant les muscles dans une gerbe de sang et remuant les doigts et ses poignets dans les intestins qui semblaient vouloir s'échapper de cette présence indésirable. Lucien était toujours inexorablement vivant, et, encore plus terrible, toujours conscient ce que ne manqua pas de remarquer Andaraelion.

-Co... Comment se fait-il, qu'il tienne aussi longtemps ? Demanda t-il dans un sursaut d'horreur.
-Facile, tous les coups portés ne sont pas mortels, sauf en cas d'infection ce qui arrivera évidemment, en attendant on lui a donné pas mal de potions de Force, afin qu'il ne s'endorme pas.
-Intelligent hein ? Fit remarquer Kirtonos à la réponse de Gandling.
-Intéressant... Très intéressant, dit Krastinov, les mains plongées dans les entrailles de Sarkhoff et ayant un air d'intérêt scientifique. Il les retira d'un coup sec prenant soin d'emporter avec lui quelques intestins tortueux. Le visage de Lucien était blanc, il bavait abondamment et ses yeux révulsés observait avec désespoir ses propres entrailles sortir avec une douleur aussi lancinante et indescriptible. Theolen finit par jeter par terre avec rage les tripes avant de frapper d'un crochet droit le visage de Lucien, faisant craquer son nez au passage.

-Bon assez rigolé ! S'exclama Gandling qui observait le visage horrifié d'Andaraelion. Passons aux choses sérieuses à présent !

Krastinov sourit et Kirtonos sortit en se serrant les mains. Lucien Sarkhoff ne tiendrait plus longtemps.


[suite du chapitre plus tard]

Andüin de Grapeshire avait du mal à se concentrer désormais. Alors qu'elle bondissait de branches en branches, d'arbres en arbres, de buissons en buissons au cœur de la vaste forêt d'Elwynn, elle pensait à celui qu'elle recherchait avec tant d'entrain.

“Tu as été si bon avec moi... Tu a été un père digne et exemplaire... Je me souviens encore de ce sourire, ton sourire ne fondait jamais, quand il s'agissait de me faire vivre un rêve, le rêve d'une vie réussie et qui en vaut la peine, juste pour les personnes qu'on aime. Toi et maman, vous m'avez offert cette vie, je n'avais rien demandé, j'étais votre fille et ça suffisait. La plus belle famille dont on puisse rêver..... Alors pourquoi ? Pourquoi t'être sacrifié ce jour-là, pour me plonger dans la douleur et le doute ? Pourquoi tout cela ? Ne mérite t-on pas de vivre ensemble une nouvelle histoire familiale aussi belle que celle que tu m'a donné, que tu as toujours voulu pour moi ? Alors Zaphira, Kaltezar, ceux qui m'ont redonné cet espoir qui n'était même pas permit pour une fille comme moi, une petite voleuse des sous-quartiers, ma nouvelle famille... J'ai comprit maintenant pourquoi tant d'efforts. Qu'ai-je rater ? Je me suis posée la question, en fait je n'ai rien raté, j'ai essayé de m'en sortir, et d'honorer la dette que je te devais, inconsciemment je l'ai toujours su. Tu dois revenir, j'aurai une mère, un père, une famille à nouveau et nous vivrions heureux, ensemble, je deviendrai finalement l'elfe la plus chanceuse au monde. Reviens....... reviens....”

Elle n'observait plus les alentours avec la même méfiance qu'au départ, des larmes coulaient sur ses jolies joues, des larmes éclatantes laissant parfois de petites trainées étoilées dans son sillage.

“Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi fais-tu cela ???? Que cherches-tu papa ? Que veux-tu ?”

C'est alors qu'après plus d'une demi-journée de route, l'elfe tomba sur une tour. Une tour de haut propriétaire surement, la partie habitable formait une maison sur pied de roche. Elle était impressionnante en dépassant les arbres alentours de plusieurs mètres. Andüin aurait évité de s'en approcher si seulement elle n'avait pas vu des traces similaires à celles d'un mort-vivant se diriger vers l'entrée. Elle allait bondir quand :

-[commun] Var'ud nok ol ?
-Uh ?

*BAF*



La bouche débordant de bave et de sang, le corps constellé de trous et de chair vive, un trou béant au niveau du ventre et des bras et jambes transpercés de piques rouillés. Tel était le spectacle terrifiant auquel assistait deux Haut-elfes de Quel'Thalas. Andaraelion et Malkorn de Starfury, deux frères magiciens renommés de la Haute aristocratie elfique étaient venus rencontrés Alexeï Barov pour discussions magiques mais n'avaient trouvé sur leur chemin que des nécromanciens particulièrement sadiques. Lucien Sarkhoff était serviteur dans la maison Barov depuis des lustres.

-Bon, il a eut cinq minutes pour respirer, on va maintenant passer aux choses vraiment sérieuses !

Toute l'ironie de Krastinov effrayait Andaraelion, Lucien était toujours vivant et parfaitement conscient alors que ses boyaux pendaient misérablement de la table de torture. Trois acolytes habillés de sombres manteaux noirs couverts de runes luminescentes entrèrent dans la pièce d'un pas presque impalpable et mystérieux. Tous semblaient avoir les trais profondément altérés à force de pratiquer une magie au-delà du naturel. Ils étaient cependant nettement moins inquiétants que Gandling attendant avec l'air d'un diplomate à qui on s'apprête d'exposer un dossier quelconque et Krastinov, tapant du pied d'un air impatient à côté de sa victime. Kirtonos revint à la suite des trois membres du Culte des Damnés.

-Que je vous explique, on va passer à la phase intéressante de l'expérience, les potions ne suffirons bien évidemment plus, là le but va être de maintenir le sujet en vie et conscient pendant que nous lui administrerons quelques ... expériences notables.

Les trois acolytes se placèrent autour d'un cercle runique apparaissant au sol, des symboles brillants d'un vert intense autour de la table de torture. Ils levèrent les mains et incantèrent ensemble. Des énergies salvatrices jaillirent des mains des acolytes, une énergie d'un noir pur. Elles vinrent frapper la poitrine de Lucien qui ne put pas hurler, il semblait même s'élevait légèrement du socle de bois et lévitant au-dessus.

-Tenez-le bien en vie et conscient ! Ordonna Krastinov.

Sur ces mots, il saisit une longue épée rouillée et frappa violemment à la gorge de Lucien, transperçant sa trachée et son œsophage dans une gerbe de sang impressionnante. Il ouvrit la bouche, sans pouvoir en tirer le moindre son, son sang coulant à flot désormais sur le sol. Dans un même mouvement, Theolen vint se placer élégamment devant la table de torture, dos aux spectateurs et brandissant sa lame frappa avec force dans les parties génitales du malheureux. Un nouveau geyser de sang s'éleva avec impétuosité dans les airs de la sombre pièce. Puis, le docteur revint se placer près du ventre sans ajouter un mot et trancha net les parties de chair qui restaient à maintenir attacher la partie supérieure et la partie inférieur du corps. Les jambes tombèrent sur le sol, recroquevillées. Désormais, Lucien n'avait plus que le haut du corps encore attaché.

-Ce qu'il y a de beau dans cette magie, c'est que le sujet peut encore sentir la douleur dans son entre-jambe même si elle est détachés de son cerveau.

Malkorn retint un vomissement spontané. Le sang envahissait le sol, la table et même le corps de Krastinov. Gandling restait imperturbable et Kirtonos semblait ne jamais s'être autant amuser.
Dans un ultime acte de répugnance et de mépris, le docteur Theolen Krastinov cracha dans la gorge ouverte de Lucien en le frappant d'une main. Il était toujours vivant, et toujours conscient. Les acolytes le tenaient en vie, apparemment difficilement. Andaraelion ne pourrait plus tenir longtemps une scène aussi atroce. L'odeur même cadavérique envahit la salle, alors que le cadavre en question n'en était même pas encore un. Les jambes pourrissaient presque à vue d'œil, quelle était cette magie démoniaque ? Lucien fermait les yeux et les rouvrait, exprimant de désespérante manière toute la détresse de son corps et son âme.

-Il y'a une chose que je rêve de faire depuis quelques temps ! Voilà l'occasion idéal ! Messieurs, après cette expérience nous ne pourrons surement rien tirer de ce qu'il en restera... dit le docteur.

Andaraelion serra les poings. Le docteur Theolen, toujours de sa longue épée tenue fermement cisailla avec précaution le haut du crâne, prenant soin de ne séparer que l'os du reste. De minces filets de sang coulèrent, mais le malheureux n'en avaient surement plus beaucoup circulant dans ce qui lui restait de corps.

-L'expérience du CERVEAU ! Hurla Krastinov sous les approbations bruyantes de Kirtonos. Gandling observait Andaraelion avec toujours autant de concentration, avait-il sentit l'hostilité de l'elfe à leur égard ?

Krastinov enleva avec autant de facilité et méthode le haut du crâne comme on débouchonne une bouteille de bière naine. Le trou laissa apparaitre une substance blanchâtre quoique couverte de sang ressemblant vaguement à des intestins. C'était le cerveau même. Le docteur plongea alors ses mains brutalement dans sa tête et en retira violemment le cerveau dans un bruit de succion extrêmement désagréable. Les trois acolytes furent désarçonnés. L'énergie nécessaire pour tenir un corps en vie et conscient dans cet état semblait beaucoup trop immense, voire impossible à rassembler. Il ne restait plus beaucoup de temps. Il devait se dépêcher. Krastinov leva bien en l'air l'organe cérébrale en signe de victoire et l'envoya s'écraser par terre. Lucien était-il encore suffisamment conscient pour comprendre que sa conscience même était en train de fouler un sol froid et humide dans tous les sens du terme. Imaginer ce que ressentait Lucien à ce moment était digne d'une pure folie, surtout quand Theolen écrasé le cerveau, marchant dessus, sautant comme un frénétique alors que des lueurs magiques noires entouraient la bouillie cervicale pour la maintenir en vie. Puis, Krastinov recula et se baissa pour ramassa délicatement, presque avec amour le tas informe, mélange de matières grises et blanches et maintenant de poussière et de magie. Il s'approcha du crâne vidé de Lucien pour remit la bouillie dans le fond de son crâne avant de replacer le socle supérieur de l'os. C'était trop.

-NON !!!! Hurla Andaraelion en s'avançant un point menaçant, crépitant d'énergie arcanique.
-Je me demandais quand allais-tu craquer, répondit calmement Gandling. Il est évident que vous n'êtes pas amicaux à nos actes, et nous n'aurions même pas poussé aussi loin l'expérience aussi loin avec cet homme si vous aviez craqué plus tôt...
-MENTEUR ! Vous êtes des monstres ! Je vais vous expédier dans l'au-delà sur le champ !
-Tu sembles aimer ça hein l'elfe ? Tu as attendu si longtemps avant de réagir, je ne peux pas croire que tu n'ai pas éprouver du plaisir à voir ça.

Alors qu'ils parlaient, Les acolytes s'effondrèrent épuisés, l'un d'eux même commençait à déborder d'énergie nécromantique explosive, apparemment surmené. Les yeux de Lucien forcés à rester ouverts malgré tout cela se fermèrent lentement, sa poitrine finit par cesser un mouvement de respiration tronqué, et la mort, véritable libération d'un calvaire inhumain et indigne d'être raconté dans n'importe quel récit, frappa avec délicatesse son esprit très probablement déchiré. S'en irait-il en paix ? Quels seraient les conséquences d'une telle torture sur son âme en peine ?

-Fermes-là ! Chien d'humain ! Les yeux d'Andaraelion brillèrent sous le rassemblement des énergies arcaniques qu'il s'apprêtait à lancer.
-Euh... And... tu devrais remettre à plus tard ce que tu comptes faire... balbutia Malkorn. Il était horrifié en regardant dans le dos du magicien blond. Celui-ci se retourna et une vingtaine de morts-vivants armés, des squelettes et des goules glapissantes avançaient, les visages démunis de toute expression autre que la froideur et la glace. Gandling de son côté rassembla aussi des énergies dans son poing, des énergies sombres tandis que Krastinov se mit en garde, l'épée en avant et l'œil mécanique fixé sur les elfes. Andaraelion sourit.

-Vous n'avez apparemment jamais affronté d'elfes...
-Crevez !

Les morts-vivants bondirent en gémissant, Gandling lança un premier trais d'ombre mortel et Krastinov bondit sur le mur voisin pour rebondir vers Andaraelion, l'épée en avant tel un projectile. L'elfe incanta et Malkorn comprenant enfin bondit sur lui pour le saisir au cou. Les deux elfes se téléportèrent dans une gerbe de lumière bleutée alors que les forces du Fléau se rencontraient avec fracas là où les mages s'étaient trouvés quelques millièmes de secondes auparavant. Ils étaient sauvés.

Alors qu'Andaraelion rouvrit les yeux, une vision obscure l'envahit et, pire que tout, une douleur lancinante, perçante et implacable frappa sa poitrine. Une douleur si intense qu'il ne pouvait même plus réfléchir à la situation. Il sentit Malkorn en proie à la même douleur à ses côtés. Il put cependant comprendre. Il avait raté quelque chose dans son sort de téléportation. Il vit dans l'ombre des mouvements étonnants, des êtres planaient dans l'étendue glacée avec douceur et pragmatisme alors qu'eux sombraient dans les profondeurs, frappés par des douleurs atroces malgré le fait qu'ils avaient arrêtés de respirer : ils se noyaient.

[a suivre]

-Aber'tu nagal ko rikra nod akchi...
-Fad

Les ténèbres s'estompaient et un faible halo lumineux apparut au milieu du néant. La lumière aveuglante devint plus faible au fur et à mesure que les formes apparaissaient moins floues. Des voix se répercutaient, encore incompréhensible alors qu'Andüin revenait à elle. Un homme se tenait face à elle, un humain aux cheveux châtains, plutôt corpulent et vêtu d'une robe de magicien bleu azurée. Il fixait avec intérêt l'elfe de sang. Autour de lui s'affairaient de petits êtres trapus, presque ridicules habillés de simples vestons déchirés. Andüin n'en avait en réalité encore jamais vu malgré ses voyages récents, ces gnomes semblaient être des serviteurs soumis.

L'elfe réalisait qu'elle était attachée non pas par des liens simples mais des liens arcaniques, une énergie bleutée et dansante entourant ses mains et ses pieds et la faisant léviter à un mètre du sol et contre le mur de bois derrière elle.

-Barud os'val ? Demanda l'humain face à elle.
-Je.... comprend..... pas...
-Une Sindorei qui ne me comprend pas ? Vous devez être extrêmement jeune ! Vous avez de la chance que je parle couramment le thalassien !

Andüin referma les yeux quelques instants, se remémorant les évènements qui l'avait conduite ici. Son départ de Silvermoon avec l'autorisation de Kaltezar, son arrivée à Elwynn et les traces de son père à travers la forêt jusqu'à cette tour.

-Je demandais donc : comment vous appelez-vous ?
-En... quoi... mon nom....
-Nous sommes entre personnes civilisés elfe il me semble, le plus courtois est bien d'échanger les modalités de présentation.

Andüin faisait partie de la Shattered Hand, il n'avait jamais reçu l'ordre d'être ici et révéler son nom pourrait être dangereux pour elle et pour la Horde. Elle avait désormais l'esprit clair, et réfléchissait à toute allure. Que faire pour limiter la casse ?

-Z... Zaphira.
-Et bien Dame Zaphira je suis Theocritus, magicien ici, à Azora. Bon... très bien très bien... Disait-il en se frottant les mains, signe d'une réflexion intense. Il fixait l'elfe rousse avec un intérêt scientifique.

-Je ne vais pas m'attardez plus longtemps vous semblez remise de votre inconscience. Qu'êtes-vous venue faire ici ?

Andüin savait que mentir maintenant ne servirait à rien, surtout répondre comme elle allait presque le faire “je me baladais”.

-Je recherche quelqu'un...
-Ah ? Et peut-être saurais-je de qui il s'agit ?
-Un mort-vivant...
-Un mort-vivant ici ? A Elwynn ? Il faut passer au sud de la Vallée on en rencontre pas mal là-bas selon les Veilleurs...
-Un mort-vivant particulier, j'ai suivis ses traces...
-Nous n'avons point vu de mort-vivant ici.
-Il était pourtant là...
-Navré mais j'ai l'impression que vous me menez en bateau bon ! Je n'irai pas par quatre chemin vous êtes une sindorei donc potentiellement intelligente bien que je lis dans vos yeux toute l'arrogance de votre satané race. Je vous avoue même les Haut-elfes je ne les aiment pas... En l'occurrence je pense que vous comprenez parfaitement votre position, vous êtes notre prisonnière et libre à nous de vous remettre aux autorités de Stormwind. Cependant vous nous intriguez.

Andüin ne répondait pas, à présent elle analysait la pièce, circulaire, quatre fenêtres aux alcôves. Des murs de pierre et un plancher de bois enroulé autour d'une fosse au centre, et un escalier descendant en colimaçon. Nul doute, elle était au sommet de la Tour d'Azora. Ces liens magiques semblaient si solides.

-Nous vous avons un peu étudié et nous avons constaté que vous étiez très résistante aux arcanes. Comme si la magie n'affluait pas en vous...
-Je n'ai jamais.... eut de talent en magie... je n'ai jamais eut soif... comme le reste de mon peuple.
-ET ! C'est là que vous devenez intéressante car regardez vos yeux !
-...
-Vos yeux sont verts ! Luminescents, brillants à souhaits preuve que vous n'êtes pas si réticente à la soif arcanique. Donc ! Nous allons mener quelques expériences pour comprendre le phénomène qui vous anime avant de remettre en tant que prisonnière de guerre à Stormwind...
-Mouais.... surtout quand on est en paix.
-Cessez d'être arrogante ! Je pourrai faire pire ! Vous savez qu'il existe une organisation criminelle qui n'aime pas du tout les gens de votre race, et comme je ne vous aime pas non plus évidemment j'en connais certains... La Mortelle Onction se ferait une joie de vous accueillir !
-Qu'allez-vous me faire ? Coupa net l'elfe.
-Vous verrez bien... C'est la procédure n'est-ce-pas ? On vous interroge pour savoir si vous connaissez vos secrets et maintenant nous passons à la seconde phase.




-Ah bein ! Si un jour mon père m'avait dit qu'on pouvait pêcher de l'elfe à Darrowmere !

Un corpulent elfe blond suivit d'un autre aux cheveux longs bruns montèrent dans la petite embarcation de pêche au milieu du lac. L'homme, vêtu d'un simple veston verdâtre de pêcheur regardait les deux intrus prendre d'assaut sa barque, éberlué.

-Té ! Si mon père m'avait dit qu'on pouvait pêcher des elfes dans le lac...
-Holà humble pêcheur... Andaraelion toussa violemment avant de reprendre. Emmènes-nous dans ton village...
-Mais moi je suis d'Andhoral, je passe la journée sur le lac je me vois pas revenir sans poissons comment va t-on manger nous ?

Andaraelion soupira et invoqua de la nourriture, du pain et une tarte aux cerises. Le pêcheur observait étonné.

-C'est que j'ai toute une famille à nourrir moi ! Rétorqua t-il.
-Je prendrai d'autre une fois à terre ...

Malkorn quant à lui avait du mal à rester conscient. Sans le sort de lévitation d'Andaraelion qui sait ce qui serait advenu des deux elfes ? Noyés tout simplement et le magistère avait rêvé de fins plus glorieuses. En fait il avait lancé ce sort désespérément sans se soucier que ça marcherait mais apparemment ce fut d'une certaine efficacité. Non, ce qui souciait réellement le magicien quel'dorei était bien ce à quoi ils avaient échappés à Caer Darrow. La torture de Lucien, les morts-vivants, ce Krastinov, un monstre sans pitié, une immondice abjecte. Cette nécromancie était un formidable danger et Andaraelion savait ce qu'il devait faire, repartir pour Quel'Thalas le plus rapidement possible pour en alerter les instances supérieures. Cependant la fatigue, le choc, et la précarité de l'embarcation du pêcheur poussait le mage à attendre d'être à la terre ferme avant d'ouvrir un portail.

-Vous revenez d'où comme ça ? Demanda l'humain.
-T'occupes, rames !



-Aaaarrrghhhlll !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Andüin hurlait en s'en briser la gorge, la douleur engendrée par ses ponctions à répétition était implacable. A chaque fois qu'un humain s'approchait, ayant l'air scientifique et concentré, et posant sa main sur la poitrine de la petite elfe, Andüin sentait, à travers une hampe glaciale lui transpercer le corps, son fluide vital s'en aller. Elle retombait souvent dans l'inconscience. Elle n'aurait jamais pu le dire mais à plusieurs reprises elle était presque certaine s'être réveillée sans corps, son esprit changé en simple voluptée et elle avait observé avec effroi son propre corps attaché en face d'elle à travers les vitres d'une sorte de cristal. La folie devait surement s'emparer d'elle s'était-elle alors dit.

Combien de temps cela dura ? Deux jours ? Deux semaines ? Deux mois ? Elle ne sut le dire, le temps n'existait plus, seule comptait la douleur et l'effroyable tourment que les humains lui infligeaient. Au fur et à mesure que les expériences progressaient, Andüin se sentaient toujours un peu plus faible, vide, manquante de quelque chose d'inexplicable, qu'elle n'avait jamais ressentit. Elle voyait passer les jours et les nuits à travers les fenêtres de la tour d'Azora. Les humains défilaient comme dans un moulin, des mages de Stormwind, d'Azora, et même une fois des élèves de l'académie de magie à la capitale, des élèves venus voir et étudier la sin'doreis en proie à la quasi-agonie. Ils avaient observé avec intérêt prenant des notes de ce que leur instructeur-magistère leur racontait puis partaient.

Un jour toutefois quelque chose attira son attention plus que d'habitude, les humains de l'autre côté de la salle parlaient en thalassien, un groupe de mercenaires apparemment accompagnés de plusieurs magiciens. Elle s'était réveillée d'une nuit mouvementée, faite de cauchemars et de vomissements et commença à écouter à un moment particulier.

-Lorsque nous aurons enfin récupéré les dix artefacts nous nous donnerons rendez-vous à l'endroit prévu, j'espère ne pas à avoir à le répéter une autre fois. Alors enfin, nous pourrons les fusionner et notre puissance sera sans pareille !

Ils éclatèrent de rire.

-Quels sont ces artéfacts déjà ? Dit l'un d'eux équipé d'une armure impérieuse argentée au sigle de Stormwind qui, Andüin l''aurait juré, venait de regarder l'elfe.
_Abruti ! Tu ne comprends rien ! Je le répète une dernière fois ! Les 10 artefacts sont les suivants ! Le cristal d'Agonie, L'épée d'entourloupe, la Pierre de Roc, L'épée des Dragons Vert, la Force d'Apocryphan, le Cristal des Abysses, et les quatre éléments fondamentaux des Anciens, la Flamme Eternelle, le Globe Essentiel de l'Eau, le Tourbillon Cyclonique et le Rocher runique d'Uldum. Ces 10 artéfacts une fois rassemblés en un lieu où convergent de puissantes énergies arcaniques peuvent fusionner au cours d'un rituel long de sept jours pour donner l'Etoile Glaciale, l'artéfact ultime forgé par les Anciens eux-mêmes. Avec cet objet à nous la victoire sur la Horde ! Sur le Fléau ! Sur la Légion ! Sur tous ceux qui nous gênent en gros...

[A suivre]

Transition

-Merci... Avons-nous été brillants ?
-Je n'ai jamais vu un mensonge aussi énorme, merci à toi.

Les deux humains se serrèrent rapidement la main dans la pénombre d'un gigantesque menhir dressé vers le ciel crépusculaire.

-Maintenant libérez-là, elle n'est plus d'aucune utilité, et à espérer qu'elle ait gobé votre histoire sur l'Etoile Glaciale, dit l'un d'eux.
-Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas la première fois qu'on fait ça, impossible de résister à la tentation, elle fera ce qu'elle devra faire parcqu'on l'a décidé ainsi.

Ils éclatèrent de rire avant de s'éloigner après un échange de pièces d'or.



[voir rp sur l'Etoile Glaciale]