Trouver un guide

Sentant l’aube pointer, les mouettes s’éveillèrent. Leurs cris s’élevaient, vague rumeur dans le silence de l’océan. Elles effectuaient de grands cercles autour du navire, formant un cortège pour accueillir les voyageurs de la mer sur l’île. Elles éveillèrent Calion qui se leva pour assister à la renaissance du soleil, cercle aux contours sinueux voilé par la brume. Il sortit des entrailles du navire, soulagé car le malaise provoqué par le confinement s’était envolé pour laisser place à une impression de liberté. Il supportait très mal les salles d’étude encombrées où régnait la poussière, les couloirs étroits, les plafonds bas, tout cela l’étouffait, l’oppressait. La nuit lui avait paru longue. Heureusement la présence de têtes connues comme Dayren le rassurait. Ce dernier s’affairait sur le pont, le visage frais, à dénouer des cordages emmêlés les uns avec les autres. C’est lui qui avait négocié avec son supérieur et réussi à faire accepter le Quel’Dorei sur le pont qui ne prenait pas beaucoup plus de place qu’une caisse de vivres. Calion le salua et vint se poster près de lui. Laissant dériver ses pensées, il regarda le seul spectacle qui s’offrait à ses yeux dans le désert aquatique, les grands oiseaux de mer, spectres qui se confondaient avec le brouillard, s’adonner à la pêche. Ils tournoyaient au-dessus des flots, piquaient la tête la première pour s’élever à nouveau vers les cieux. Dans le même temps, il souhaitait que l’un d’entre eux fende ce voile laiteux de ses ailes puissantes pour qu’apparaisse la terre nouvelle, fruit de ses espérances. Il tapotait le bois humide de ses doigts, à la fois nerveux et impatient, avant tout désireux d’annoncer le succès de son expédition à celle qui l’attendait, là-bas, au milieu de terres ingrates dont on ne sentait plus que la pourriture qui s’y développait.

« Quand arriverons-nous ? »

Dayren ne répondit pas. Il poursuivit son activité et attendit que Calion réitère sa demande un nombre de fois suffisant pour qu’il prenne un ton acerbe. Il rit de bon cœur et sans même lever les yeux vers son interlocuteur :

« Nous ne devrions pas tarder à entrer dans le port si ce n’est déjà fait. Va plutôt voir à l’avant. »

C’est ce qu’il fit. Et il se sentit revigoré quand il aperçut les mats d’autres bâtiments, les quais qui menaient jusqu’à la terre ferme sur laquelle reposait, imposant, le mur et sa porte – c’est ce qui le frappa le plus – jumelle des deux autres qui ornaient Quel’Thalas. Souhaitant débarquer au plus vite, il offrit son aide. Le plus long fut de porter les caisses, Calion estima ensuite avoir assez rendu service. Dayren le rattrapa pour l’accompagner. Il raconta en chemin ce qu’il savait sur l’île et ceux qui y vivaient bien qu’il ne fut pas vraiment écouté. Ils se séparèrent brièvement au pied de la muraille.
Le mage croisa les bras et se tint fier, le menton haut, sans avoir honte de ses vêtements élimés qui lui donnaient un air négligé. Il s’adressa d’une voix forte aux sentinelles :

« Je vous salue, peuple de Quel’Drassil. Calion Brokenspear vient se mettre à votre service pourvu que votre but soit bien de reconquérir nos terres et reconstruire notre Cité. Ouvrez-moi et vous aurez parmi vous un fidèle parmi les fidèles. Je suivrai vos pas pourvu que vous m'offriez votre bras.»

Quelque part sur les remparts de Quel'drassil, une ranger elfe aux yeux cernés buvait sa dose de café matinale, en grommelant sur les réveils difficiles.

Lorsqu'elle aperçut le nouvel arrivant, au pied de la ville, elle le regarda en se massant les yeux :

- Waaaf .... Toute cette agitation, de bon matin ... Qu'est qui veut ?

Calion attendit patiemment que ce ne soit plus le vent qui lui réponde mais bien une voix. Il s'impatienta, lissa son bouc, changea de position toutes les trente secondes et lorsqu'il vit une tête qui se penchait dans sa direction, il cria :

« D'accord, j'ai compris, je vous la fais moins poétique. Vous allez m'ouvrir cette pu... satané porte et m'emmener voir le fondateur ! »

- AAAAaaaaah ... Ma troncheuh ...

Severnaya se passa la main sur le front en fermant les yeux.

- Qu'est-ce qu'ils ont tous à s'exciter de bon matin ... Bon, faites descendre quelqu'un pour voir ce qu'il veut.

une haut-elfe aprocha de la ranger d'un air contrariée. elle posa ses yeux sur le visiteur puis revint sur la ranger.

"il est bien bruyant le malpoli... il veux quoi?"

- Aucune idée, Atia. Il est juste venu ici, il à gueulé, et hop. Apparement il veut voir le chef.

La ranger finit sa tasse de café et la posa sur les remparts. Armant son fusil, elle dit aux autres soldats en faction :

- Bon allez, hop, la totale, surveillez-le, j'y vais, toussa ...

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Quelques minutes plus tard, Severnaya était au sol, accompagnée d'un vélociraptor rouge, et attendait la réaction du nouvel arrivant.

Atia resta sur le rempart lorgnant la tasse de café vide avec envi puis arma son propre fusil au cas ou.

Soulagé de voir que les sentinellles s'agitaient enfin, Calion croisa à nouveau les bras, releva le menton et fronça les sourcils. Il eut du mal à s'adresser en souriant à celle qui se tenait devant lui, pressé d'être au chaud dans une pièce et ce malgré le reptile à l'air peu avenant.

« Bonjour. J'aimerais bien rentrer, avec ou sans escorte peu m'importe, pour voir celui qui est censé diriger cette île et les projets de reconquête de Quel'Thalas, histoire de voir si je peux vous donner un coup de main. »

- Vous voyez, que vous pouvez aller droit au but, quand vous le voulez. Et croyez-moi, escorte ou pas, ce n'est pas spécialement à vous de choisir.

Lorsque la ranger porta ses doigts à sa bouche pour siffler, le raptor se mit en mouvement et se placa derrière le nouvel arrivant, avec une légère marge tout de même. Le regardant avec un sourire plus qu'ironique, Severnaya s'inclina en direction de Quel'drassil.

- Si vous vouliez bien me suivre ...

Atia voyant que tout etait sous controle parti chercher son café tant attendu disparaissant.

Il évita de prononcer des paroles offensantes, pensant à la force de la mâchoire du raptor et à l'effet que cela pourrait produire si jamais son estomac le guidait et surtout s'il écoutait sa maîtresse vexée. Il suivit la ranger sans broncher et lança un unique :

« J'espère que votre animal est bien nourri. »

- Vous inquiétez pas pour ça, il est bien dressé. Par contre, je vous déconseille de faire des mouvements brusques ou de crier.

En sifflotant, la ranger passa les portes de Quel'drassil et se dirigea vers la Citadelle, espérant y trouver quelqu'un qui pourrait s'occuper du nouveau venu.

Il attendait, appuyé contre un pilier, que sa guide trouve ec qu'elle cherchait. A force d'observer l'architecture de la Citadelle, il lui semblait qu'il commençait à la connaître mieux encore que le fond de sa sacoche.

« Si vous voulez je peux aller me loger à l'auberge, en admettant qu'il y en ait une. Je ferai parvenir une lettre, ça prendra moins de temps à votre meneur de la lire et de répondre par deux ou trois mots. Si vous me faites confiance, bien sûr... »

- Pas de problème. Demandez à un garde, ils pourront vous guider. Je vous ferais parvenir le courrier quand je mettrais le grappin sur mon chef.

« Bien. Alors je vous laisse. Bonne journée, bon vent et merci quand même pour la visite. »

Calion s'inclina brièvement pour saluer la ranger et fit une grimace au raptor. Sa sacoche sur l'épaule, il commença à partir en suivant un chemin. Il avait après tout la journée pour trouver l'auberge, négocier les prix, s'installer, écrire une lettre et visiter une partie de l'île. Un programme plutôt chargé mais dont il sentait qu'il pouvait venir à bout.

« On verra bien où ça mène. »